Tartuffe

Un Tartuffe d'enfer
De
Molière
Mise en scène
Michel Fau
Avec
Michel Bouquet, Michel Fau, Nicole Calfan, Juliette Carré, Christine Murillo, Justine Bachelet, Georges Bécot, Bruno Blairet, Dimitri Viau, Aurélien Gabrielli, Alexandre Ruby
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de la Porte Saint-Martin
18 Boulevard Saint-Martin
75010
Paris
01 42 08 00 32
Du mardi au vendredi à 20h, samedi 20h30, dimanche 16h.

Thème

La rentrée met Molière a l’honneur. Les Fourberies de Scapin avec la mise en scène de Denis Podalydès, Tartuffe avec le duo Michel Bouquet / Michel Fau, Le Roman de Monsieur Molière, Amphytrion, sans oublier L'Avare, autant d'événements dont le cumul confirme que Molière est, sans doute, l'auteur le plus important de notre histoire théâtrale.

Venons-en donc à Tartuffe, qui constitue sans doute le plus célèbre coup porté aux imposteurs religieux et à leur hypocrisie cynique, destructrice des valeurs sur lesquelles ils s’appuient. Et qui montre comment les esprits faibles et amers tombent dans les pièges de ces imposteurs et créent, in fine, autant de chaos par leur complicité aveugle que leur faux guide spirituel.

Points forts

-        La mise en scène brillante et efficace de Michel Fau renouvelle avec une force jubilatoire ce grand classique du théâtre. Il nous donne à voir et à penser la tartufferie qui traverse les siècles, jusqu’à nous et à son apogée actuelle.

-        Michel Bouquet (Orgon) donne à ce rôle de bourgeois aigri et manipulé par un faux dévot, une noirceur et une cruauté qui rendent le personnage plus inquiétant et plus complexe qu’à l’origine.

-        Le duo Bouquet / Fau fonctionne à merveille et l’ensemble des comédiens, dans des registres différents, restituent la drôlerie comme la gravité de la pièce avec un talent particulier. 

-        Les personnages féminins sont remarquablement mis en valeur. Christine Murillo, qui joue le rôle clé de la servante, lui apporte une intelligence et une présence enjouée qui créent une véritable intensité sur scène. Nicole Calfan (Elvire) dans la scène célèbre où elle piège Tartuffe, hypnotise par la puissance et la grâce qu’elle dégage.

Quelques réserves

Le point faible tient à la pièce elle-même, qui, osons le dire, s’achève sur une flatterie assez grossière du Roi. Molière lui donne le statut du sauveur, celui qui fera condamner Tartuffe pour son escroquerie et rendra à cette famille détruite son honneur.

Encore un mot...

La pièce, qui fût censurée en 1667 en raison de sa critique du pouvoir religieux, apparait aujourd’hui plus convenue et finalement moins subversive qu’Amphytrion (jouée actuellement au Théâtre de poche), écrite par Molière pour contourner la censure et aborder le sujet de la foi et du sacré. Son intérêt réside davantage dans la façon dont elle éclaire les innombrables tartufferies actuelles…religieuses, politiques, économiques, intellectuelles et culturelles.

Une phrase

Tartuffe (acte III scène 3) 

« Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme

Et, lorsqu’on vient à voir vos célestes appas,

Un cœur se laisse prendre, et ne raisonne pas.

Je sais qu’un tel discours de moi paraît étrange :

Mais, madame, après tout, je ne suis pas un ange ;

Et, si vous condamnez l’aveu que je vous fais,

Vous devez vous en prendre à vos charmants attraits. »

L'auteur

Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est baptisé à l’église Saint-Eustache le 15 janvier 1622 à Paris. Il commence par composer des farces et des comédies qu’il il joue avec  sa troupe sur des tréteaux nomades, et qui remportent les faveurs du public. Installé à Paris en 1658, il devient le comédien et l’auteur favori du jeune Louis XIV. 

Ses pièces- est-il besoin de le rappeler?- révèlent les mœurs d’une société dont il se moque à travers ses personnages. Sganarelle, George Dandin, Dom Juan, Tartuffe, Le Misanthrope, L’Avare, Le Malade imaginaire…autant de pièces et de portraits incisifs et intemporels.

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