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Et aussi
- Le premier homme – de Hugues Leforestier
Théâtre du Roi René du 5 au 26 juillet à 11h25 - relâche les 9, 16, 23 juillet
Mise en scène : Création Collective
Avec : Nathalie Mann et Hugues Leforestier
Lui est prof de philo. Maître de la pensée et du verbe, habitué à discourir sur la sagesse et la vanité des choses, content de son quotidien en somme. ELLE est cheffe d'entreprise. Elle mène de front une vie de décisions, d'action, et aussi de mère et femme « parfaite » facilitant la vie de tous, sans qu’aucun des membres de la famille n’en ait vraiment conscience. Tout est normal. Et puis… Elle est nommée ministre. Presque par accident pense-t-on, ou par jeu politique, il faut bien mettre des femmes n’est-ce pas, à l'occasion d'un remaniement qui a conduit le Président en place à puiser dans le vivier de la société civile. L'irruption inopinée de la politique dans leur quotidien va rebattre les cartes de leurs identités masculines, féminines… et politiques ! Il va devenir « Le Premier Homme » comme d’autres « la Première Dame » Bref, ça va piquer …
Une pièce bien troussée par Hugues Leforestier qui s’amuse avec les codes de la politique et qui les brocarde allègrement dans cette comédie conjugale débridée. Les deux comédiens s’en donnent à cœur joie et les répliques font mouche pour le plus grand plaisir d’un public ravi de reconnaître telle ou telle de ces personnalités qui envahissent nos écrans, nos journaux et les chaînes d’infos. Mauvaise foi et mesquinerie sont au rendez-vous de cette fable qui vous plonge dans le bonheur dès le réveil.
Recommandation : 3 cœurs
- Comment devenir dictateur – Nans Gourgousse
Théâtre de la Chapelle du Verbe incarné du 5 au 24 juillet à 13h40 - relâche les 11, 18 juillet
Mise en scène : Camille Kolski
Avec : Nans Gourgousse
Dresseur de tyrans depuis toujours, le Formateur apprend à la prochaine génération de dictateurs les recettes du pouvoir. Manipulation, mensonge, usage de la force… Tout y passe ! Une formation nécessaire pour contrôler toute population récalcitrante. Comment devenir un dictateur est un seul en scène qui s’amuse avec cynisme du pouvoir et des figures marquantes qui l'ont détenu trop longtemps.
Y a-t-il une méthode infaillible pour devenir dictateur, c’est ce que notre coach ou maitre de cérémonie du moment va tenter de nous inculquer. La liste préliminaire des dictateurs d’hier et d’aujourd’hui et terriblement longue à énumérer mais se résume à des recettes bien communes pour faire plier les peuples. L’auteur donne la parole à quelques-uns des plus emblématiques. Mieux vaut avoir le sens du second degré tant le cynisme du propos est prégnant et souligné par la mise en scène mais s’il vous fallait être éclairé sur les menaces qui pèsent sur nos démocraties fragiles alors ce spectacle est pour vous. Petits chefs s’abstenir…
Recommandation : 2 cœurs
- Richard III – de William Shakespeare
Théâtre du roi René du 5 au 26 juillet à 15h25 - relâche les 9, 16, 23 juillet
Mise en scène : Laurent Domingos
Avec : Pauline Cassan, Juliette Delhomme, Camille Demoures, Juliette Pi et Alexiane Torres
Angleterre, fin du XVème siècle. La Guerre des Deux roses est enfin achevée, les York ont vaincu les Lancastre. Edouard IV est un roi triomphant, entouré de courtisans de la dernière heure. Cependant, dans l’ombre, seul, est tapi son plus jeune frère, Richard, duc de Gloucester, "difforme, inachevé, dépêché avant terme, dans ce monde haletant à peine à moitié fait, si boiteux et si laid, que les chiens aboient quand [il] les croise en claudiquant". Lui qui a tout sacrifié sur le champ de bataille pour porter le roi au pouvoir, ne supporte pas cette nouvelle ère de paix et la vie de cour de laquelle il se sent rejeté. Mais l’heure des comptes est arrivée. Machiavel avant l’heure, Richard est bien décidé à conquérir le pouvoir par tous les moyens, en s’affranchissant de toutes les règles en vigueur, assisté par son nouvel acolyte, le duc de Buckingham. Complots, alliances, trahisons et meurtres vont alors actionner une quête effrénée et horrifique du pouvoir, qui fera trembler le royaume d’Angleterre.
C’est une formidable réussite que ce spectacle ambitieux, à l’esthétique baroque et à l’interprétation impressionnante des 5 comédiennes. Laurent Domingos fait le pari fou de tout faire interpréter par des femmes et peu nous chaut de ce cri farouche à la sororité sur un plateau, c’est efficace et puissant. L’interprétation d’Alexiane Torres est une très belle performance qui donne toute l’emphase shakespearienne à cet être hybride de douleur et de vengeance. Ses comparses par une direction de comédiennes à la limite de la farce et du bouffon, dans une ambiance psychédélique éclairent les personnages dans leurs intentions et leurs tourments. Chacune d’entre elle est au cœur de leur duplicité, de leur lâcheté ou de leur douleur. Un voyage au cœur du chaos qui vous électrise. Voici que s’ouvre pour vous « l’été de votre déplaisir »… avec enthousiasme et ferveur.
Recommandation : 4 cœurs
- La guerre de Troie n’aura pas lieu – de Jean Giraudoux
Théâtre de la Porte Saint Michel du 5 au 26 juillet à 15h25 - relâche les 9, 16, 23 juillet
Mise en scène : Édouard Dossetto
Avec : Tatiana André, Ghina Daou, Édouard Dossetto, Leslie Gruel, Adam Karoutchi et Majd Mastoura
Troie. Réunion en cellule de crise. Quelques heures avant l'arrivée du négociateur grec, Ulysse. Le débat fait rage. Faut-il se défendre face à l'agression grecque, et déclarer la guerre ? Faut-il l'éviter, et comment ? Car "la guerre s'enfante d'elle-même" malgré celles et ceux qui se battent pour l'empêcher, à cause du bellicisme d'un petit nombre et de la passivité d'une majorité silencieuse.
Ils avaient donné « Bérénice » en version bilingue, les voilà revenus à un classique poétique dans la belle langue de Giraudoux avec habileté et intelligence. Un décor épuré, une esthétique froide et glacée pour rendre plus forte encore la chaleur des combats que se mènent les personnages entre eux. L’interprétation est précise, acide et cynique, transposée dans un univers contemporain dont l’œuvre n’a pas à souffrir et c’est une réussite. L’humour trouve aussi sa place dans cette tragédie qui s’annonce. Toute la troupe rend à merveille la substance du texte dans une incarnation vibrante de personnages. Tous ces caractères qui ne cherchent qu’à servir leur intérêt propre courent après un bonheur auquel ils n’ont pas le droit sous le regard de divinités lâches et inconséquentes. Un grand classique à déguster sans modération.
Recommandation : 4 cœurs
- HAEAR – de Sarah Mck Fife
Théâtre Golovine du 5 au 25 juillet à 20h00 - relâche les 7, 14, 21 juillet
Chorégraphie : Sarah Mck Fife
Avec : Sarah Mck Fife, Océane Borcy, Naïs Arlaud, Ine Garré, Eurydice Gautier, Manon Palais et Lisa Civico
Une femme sans cheveu n’est pas une femme ?
D’une simple phrase prononcée par un vieil homme, cette pièce a vu le jour. Par son écriture chorégraphique, Sarah Mck Fife donne une importance oubliée, presque méconnue à cette crinière qui, sous sa gestuelle, se substitue littéralement au corps des danseuses. Fusion du mot ‘Haar’ (nl) Cheveu et ‘Her’ (en) Elle, HÆAR est une réflexion, un questionnement autour de la chevelure.
C’est une éblouissante symphonie chorégraphique que nous offre les 7 danseuses à la chevelure ensorcelante - thème principal de ce ballet. Dans une infinie variété de mouvements et d’ondulations, elles se font tour à tour, sirènes, sorcières, tentatrices.
Émouvante sororité sur plateau qui donne à la femme et au mythe de sa représentation millénaire, une parole corporelle émouvante, combattive, emprunte de liberté, comme un cri, parfois une plainte sensuelle et douloureuse. A travers la symbolique de la chevelure, c’est l’histoire de la lente métamorphose à travers le temps, la religion, les mythes de cette représentation de la femme qui nous atteint, nous éblouit et nous donne à réfléchir.
Laissez-vous envoûter.
Recommandation : 4 cœurs
- Toutes les choses géniales – Duncan Macmillan
Théâtre Condition des soies du 4 au 26 juillet à 10h10 - relâche les 9, 16, 23 juillet
Mise en scène : Stéphane Daurat
Avec : Catherine Hauseux et Stéphane Daurat (en alternance)
C’est l’histoire d’un enfant qui, pour redonner le goût de vivre à sa maman, rédige une liste de tout ce qui est génial dans le monde, tout ce qui apporte de la joie :
1- Les glaces. 2- Les batailles d’eau. 3- Rester debout après l’heure habituelle...
L’enfant grandit et la liste s’allonge… jusqu’à atteindre un million de choses géniales !
C’est le portrait d’une enfance résiliente dans une famille où l’amour est présent, mais avec une maman en souffrance. C’est une petite fille qui se construit son monde et qui, par une astuce formidable, chasse les nuages à coup de visions ensoleillées. Catherine Haiseux est une cure de bonheur à elle toute seule, elle enveloppe la salle d’une présence si généreuse et tendre qu’on ne peut lui résister. La mise en scène ingénieuse fait que le public est pris à partie pour jouer les autres protagonistes du spectacle avec plaisir. Le spectacle devient collectif et les applaudissements nourris recueillis à la fin sont autant pour la salle que pour l’artiste. C’est un spectacle qui fait du bien. Si le thème central est grave (je vous laisse le découvrir), il est transcendé par une écriture merveilleusement pudique. Une caresse pour l’âme et pour le cœur. Peut-être se trouve ici la recette du bonheur…
Recommandation : 5 cœurs
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