La disparition de Josef Mengele

L’impénitent nazi en cavale
De
Olivier Guez
Adaptation de Mikael Chirinian
Durée : 1h15
Mise en scène
Benoit Giros
Avec
Mikael Chirinian
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

La Pépinière Théâtre
7, Rue Louis le Grand
75002
Paris
01 42 61 44 16
Jusqu’au 27 avril 2025.Vendredis et samedis 19h - Dimanches 15h

Thème

  • Adaptation de l'œuvre d'Olivier Guez, La disparition de Josef Mengele, récompensée par le prix Renaudot 2017, la pièce s’attache au récit de ses trente années de cavales dans l’Amérique latine d’après-guerre, de 1949 à 1979. 

  • Médecin du camp d’Auschwitz, celui qui a envoyé à la mort des centaines de milliers de juifs et procédé sur des déportés triés par ses soins à de monstrueuses expérimentations, s’enfuit sous un faux nom et passe entre les mailles du filet pendant de trois décennies, menant une vie faite d’intranquillité et de stupéfiante impunité grâce à des complicités multiples et internationales. 

  • Contrairement à Eichmann, enlevé par les services secrets israéliens pour son procès à Jérusalem, il n’a jamais été arrêté, ni jugé pour crimes contre l’humanité.

Points forts

  • Un seul en scène virtuose, quasi statique, rythmé par le motif sonore grinçant qui évoque une machine agricole rouillée, hommage aux machines de l’artiste suisse Jean Tinguely et clin d’œil à l’entreprise familiale d’outillage agricole Mengele, pourvoyeuse de fonds, offre un récit haletant d’événements étroitement imbriqués qui déroulent des trajectoires hors normes, dans une forêt de connivences nazies.

  • Loin de se complaire dans la description de l’horreur, pourtant palpable, l’adaptation s’attache à restituer une forme de logique aux différentes époques de la cavale, tout en éclairant les ressorts d’un engagement forcené en faveur du nazisme jamais renié par toute une communauté de réfugiés fanatiques du IIIe Reich, qui se transforme en réseau d’entraide (faux papiers, points de chute et caches, dollars).

  • La mise en scène, composée de deux valises et d’un mur de photographies, permet à la narration de se déployer en trouvant le juste ton pour capter l’attention sans relâche et maintenir une colère intacte parsemée de pointes d’ironie.

  • Le résultat est puissant, puisque le spectateur est à la fois dans la tête de Mengele et avec lui, dans son proche entourage et dans ses velléités de mener une existence ordinaire. Mieux qu’une leçon d’histoire, le théâtre donne ici à comprendre, puisqu’il permet d’imaginer les conditions d’une vie entièrement vouée au crime que la justice des hommes échoue à stopper.  

Quelques réserves

  • Aucune.

Encore un mot...

  • Le parcours de Josef Mengele, tel qu’il apparaît dans le portrait théâtral qui en est fait, place le monstrueux dans une perspective paradoxale : pour se défendre, le bourreau se fait victime. Aux explications demandées par son fils Rolf Mengele, le père n’offre que des lieux communs, invoquant l’obéissance aux lois du Führer, l’exaltation du travail bien fait, ses ambitions matrimoniales, l’imperturbable ordre du monde nazi et son éternité, comme si sa chute ne valait pas disparition et que ses ennemis étaient toujours les seules catégories de la pensée d’une nazi society toujours solidement constituée sous les cieux péronistes. 

Une phrase

  • « Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s’étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager le mal. Méfiance, l’homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes. »

L'auteur

  • Né à Strasbourg en 1974, Olivier Guez est journaliste et écrivain.
    Après des études à Sciences-Po Strasbourg (1992-1996) puis à la London School of Economics (1996-1997) et au Collège d'Europe de Bruges (1997-1998), il travaille comme journaliste indépendant pour plusieurs grands médias internationaux, notamment le New York Times, Le Monde, le Frankfurter Allgemeine Zeitung, Le Figaro Magazine, L'Express, Le Point, et il effectue des reportages en Amérique latine, en Europe et au Moyen-Orient.

  • Parmi ses publications, sont remarquées : L'Impossible Retour, une histoire des juifs en Allemagne depuis 1945 (2007), mais aussi un premier roman intitulé Les Révolutions de Jacques Koskas (2014), ainsi qu'un très stimulant Éloge de l'esquive (2014).

  • En 2016, le prix allemand du meilleur scénario lui est attribué pour Fritz Bauer, un héros allemand, film réalisé par Lars Kraume en 2015. Olivier Guez reçoit le prix Renaudot 2017 pour son roman biographique, La Disparition de Josef Mengele.

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