La Machine de Turing

On ne lui doit pas que la pomme d'Apple !
De
Benoit Solès
Mise en scène
Tristan Petitgirard
Avec
Benoit Solès & Amaury de Crayencour
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre Michel
38 rue des Mathurins
75008
Paris
01.42.65.35.02

Thème

Alan Turing, professeur d’université et chercheur en mathématiques, dépose plainte pour cambriolage auprès de l’inspecteur Ross. Décision funeste, car la police va rapidement établir que l’effraction est liée à la relation que Turing entretient avec un certain Arnold Murray, garçon de café de son état. En 1952, l’homosexualité est un délit au Royaume-Uni ; elle est punie, selon les cas, d’emprisonnement ou de castration chimique. Ross s’interroge sur la personnalité pour le moins étrange de son interlocuteur : à quel travail de recherche le mathématicien se livre-t-il ? quelle a été son activité pendant la guerre ? pourquoi reste-t-il si discret sur ce point ? et pourquoi les services secrets de sa Majesté semblent-ils surveiller le déroulement de l’enquête ?

La réponse est stupéfiante : Turing est l’inventeur des principes de base de ce que nous appelons aujourd’hui l’ordinateur. Génie absolu en matière de logique et de cryptologie, il a cassé le système de codage allemand Enigma pendant la Seconde Guerre mondiale. La Royal Navy, qui était en train de perdre la bataille de l’Atlantique contre les sous-marins nazis, et donc la guerre tout court, put ainsi redresser la situation en ayant connaissance des messages les plus secrets de son adversaire.

Mais en 1952, pour cause de Guerre froide, le silence sur l’affaire Enigma est absolu (il ne sera levé qu’en 1974). Turing ne peut rien dire, ceux pour qui il a travaillé se taisent. Lui qui a – littéralement – sauvé son pays, se retrouve seul, abandonné à des juges qui n’y voient qu’une banale affaire de déviance sexuelle. La descente aux enfers commence…

Points forts

Il y en a beaucoup:

- D’abord le jeu épatant de Benoit Solès : il “est” Turing, génial et bègue, flamboyant et complexé, dégingandé, toujours hors du monde commun… On le sent possédé par sa Machine, le calculateur casseur de codes qu’il assimile à Christopher, son amour de jeunesse, et qui est, dit-il, l’embryon du “cerveau artificiel” par lequel on comprendra un jour la nature de toute chose. Amaury de Crayencour lui donne remarquablement la réplique, tour à tour Ross, le flic, Murray, l’amant de rencontre, ou Alexander, le champion d’échecs et cryptologue. 

- Ensuite, il y a la mise en scène nerveuse de Tristan Petitgirard : il enchaine les effets de scène pour marquer les péripéties de l’enquête, les retours sur la guerre, les adresses de Turing aux spectateurs, bien servi par les jeux de lumière de Denis Schlepp. 

- Enfin, il y a la vidéo de Mathias Delfau, un mur d’images projetées en fond de scène, tour à tour décor banal de bibliothèque, défilé des chiffres du code Enigma ou rouages électromécaniques de la Machine de Turing en action… C’est – vraiment – bien fait.

Quelques réserves

Je n'en vois aucun. Les cinéphiles diront que l’excellent film The Imitation Game, sorti en 2014, avec Benedict Cumberbatch et la sublime Keira Knightley, raconte l’histoire de Turing avec bien plus de moyens. Dont acte… Mais il y a décidément plus de magie dans le théâtre qu’au cinéma !

Encore un mot...

Il y a dans l’histoire une anecdote étonnante (mais non prouvée) qu’on ne peut s’empêcher de vous livrer. Alan Turing était fasciné par les substances toxiques naturelles et par leur utilisation comme poisons. Une scène du film de Disney, Blanche-Neige et les Sept Nains (1937) l’avait frappé jusqu’à l’obsession : celle où la sorcière prépare la pomme empoisonnée qui doit être fatale à la jeune héroïne. Il semble avoir utilisé contre lui-même une pomme contenant du cyanure qu’on retrouva croquée dans son appartement. Il avait 41 ans et subissait le traitement chimique administré aux homosexuels condamnés. C’est pour lui rendre hommage qu’un géant de l’informatique – dont on vous laisse deviner le nom – aurait choisi comme logo la fameuse pomme entamée…

Une phrase

Alan Turing : « Bref, je suis une espèce de héros, mais qui, depuis bientôt dix ans, n’a le droit d’en parler à personne ».

L'auteur

Outre qu’il tient le rôle d’Alan Turing, Benoit Solès est aussi l’auteur de la pièce. Il y montre un beau talent d’écriture (il avait auparavant livré un Appelez-moi Tennessee remarqué, en 2011, dans une mise en scène de Gilbert Pascal). Avant de monter à Paris, au Théâtre Michel, sa Machine de Turing a remporté un gros succès, cet été, au festival off d’Avignon. En 2017, il avait joué dans Rupture à domicile, écrit et mis en scène par son complice Tristan Petitgirard.

Acteur complet (théâtre, cinéma, séries télé…), Solès livre aussi des chroniques occasionnelles sur le théâtre dans le magazine Transfuge. 

Commentaires

Lisbeth
dim 07/07/2019 - 12:23

J'ai été envoûtée par tout de qui rend une puce extraordinaire, jeu des acteurs, l'écrit et l'histoire, la mise en scène, un pur bonheur

Lambert Jacque…
jeu 10/10/2019 - 10:45

Nous avons vu cette superbe pièce, hier, à Charleville-Mézières, à la fin de laquelle les spectateurs ont applaudi à tout rompre, pendant plusieurs minutes. Il y a longtemps que nous n'avions pas autant aimé aller au théâtre !
Ne la ratez surtout pas.

Jean Michel DEMOL
ven 25/10/2019 - 13:59

Vu à Wolubilis en Belgique.
Ce n'est pas une pièce sur Turing mais bien un pladoyer pour l'homosexualité. Le sujet s'y est perdu.
Le jeu de "Turing" fait penser à du Pierre Aucaigne (Momo) en plus tragique.
La mise en scène relève d'une pièce de fin d'année de terminale.
Comme un bon quart des spectateurs, ma compagne et moi, avons du lutter pour ne pas nous endormir. A la fin du spectacle, beaucoup on gardé les mains sur les genoux, le reste de la salle composée pour beaucoup d'amis (au dires d'un des comédiens) a fait assez de bruit pour faire croire à de l'enthousiasme.
Bref très déçu pour une pièce que j'avais personnellement sélectionnée sur base de sa présentation dans les médias et très étonné des succès et honneurs qui lui a été réservée en France.
C'est bien fait pour ma "pomme" de croire que l'aval de Paris me garantira une bonne soiré au théâtre.
Pas grave, on y retourne

Armelle
dim 10/11/2019 - 06:11

Vraiment déçue. Je me suis endormie
Turing et l’homophobie voilà le thème de la pièce
J’ai trouvé la mise en scène austère et triste
La pièce est nombrilisme écrite pour le plaisir de l’auteur et des acteurs mais qui a oublié les spectateurs.
Je ne comprends pas l’engouement de la critique

Louis MOUGINS
jeu 28/11/2019 - 10:35

Vu la pièce hier à Scène 55.
Les commentaires ci-dessus, totalement contradictoires, m'avaient intrigué.
Aujourd'hui, j'adhère entièrement à ceux de Lisbeth, Jacques et Elisabeth et me félicite d'avoir assisté à une pièce justement récompensée par ses Molière.

Françoise REMION
jeu 19/12/2019 - 17:52

Formidable spectacle ! J’ai adoré ! TOUT ! D’abord le jeu des acteurs, époustouflant !!! Nous avons eu la chance de voir la pièce jouée par l’auteur, Benoit SOLES qui a récolté 4 Molières cette année. Nous avons pu mesurer combien c’était mérité !!! Benoit SOLES incarne Turing avec un talent incroyable. Le personnage est bègue, rempli de tocs, complètement fantasque, il vit dans son monde, le savant un peu fou quoi…mais combien attachant ! L’émotion passe à 100% ! Amaury DE CRAYENCOUR qui joue trois personnages est lui aussi très talentueux. C’est un spectacle prenant, très intelligent et bouleversant. La mise en scène est extrêmement bien faite, sobre et efficace. L’utilisation de la vidéo dans le décor est très judicieuse. J’avais vu le film auparavant. La pièce de théâtre n’est absolument pas redondante par rapport au film. Au contraire, avoir vu le film permet de mieux entrer dans la pièce.
C’est du grand et beau théâtre comme on aimerait en voir plus souvent.

Patricia Touteau
dim 02/02/2020 - 22:10

Jeu d 'acteurs REMARQUABLE !
De l humour et de l émotion, avec une mise en contexte originale et vivante !
Petit rappel historique sur la guerre, mais aussi sur la façon dont les homosexuels étaient traites dans les années 1960 !
Je recommande !

Josiane
lun 03/02/2020 - 00:29

Vu la pièce ce soir à Luçon. Excellente ! Toute la salle s'est levée pour longuement applaudir la remarquable performance d'acteur de Benoît Soles et les non moins excellentes écriture et mise en scène. De plus, ce fut aussi particulièrement instructif à plusieurs égards sur un épisode d'histoire dont nous n'avions qu'une connaissance assez imprécise. Un pur régal qui donne envie d'aller au théâtre.

Philippe Jousserand
dim 27/09/2020 - 20:43

Septembre 2020 : la pièce est toujours à l'affiche du Théâtre Michel à Paris. Covid oblige, les spectateurs sont masqués et séparés de leurs voisins par une place vide. L'intérêt historique, le caractère romanesque de Turing - personnage pourtant bien réel, le charme de l'écriture et la vitalité de l'interprétation, tout concourt à une très belle soirée de théâtre, instructive et émouvante. Que d'atouts ! À ne pas manquer.

Danielle Aucouturier
ven 09/10/2020 - 22:09

Quelle magnifique performance d’acteurs et quelle histoire poignante. Merci...

Enfin une personne qui partage mon avis ! Je rejoins tout à fait votre analyse. Moi non plus je ne comprends pas l'engouement du public et des critiques en général.
Merci d'avoir osé faire dissidence !

Anne Anna
jeu 18/11/2021 - 23:07

Bien sûr l’histoire de ce mathématicien est passionnante mais le texte est assez pauvre, le jeu est surfait (en une tentative de rendre compte d’un autisme ou d’un génie mais qui aboutit à un résultat non cohérent pour le rôle), des jeux de mots pas drôles, bref je me suis ennuyée et cette pièce ne vaut vraiment pas ce nombre impressionnant de Molière. La critique est vraiment très complaisante.

Roxane et Alex
lun 09/05/2022 - 11:40

Le théâtre c'est la vie! Une histoire qui nous interpelle, une mise en scène qui donne le juste rythme à la pièce, des dialogues et les jeux de mots nous emportent, et dans cette échange nous vibrons ..ET LA RIEN !!
absolument rien une MACHINE DE TURING qui se bloque dès le début, une trascription de la vie d' Alan Turing caricaturale. Son neveu Dermot Turing, à expliqué que son oncle, certe un peu fantasque, n'était pas associal, savait expliquer ses théories , et l'invention de la machine deTuring pour passer de la théorie au résultat final " la Bombe" capable de déjouer Enigma, à été le fruit d'un collectif, A. Turing appelé à la rescousse un autre mathématicien qui l'a améliorée et mise en marche!
Benoit Soles à interprète ce rôle avec un visage grimaçant et clownesque, des expressions faciales surjouées, truffées de tocs autistiques, (dont il y a aucune certitude) rendant aucune émotion ni tourment intérieur.
Le texte est inexistant, perdant le sujet! car morcelé, breduillant des mots saccadés, tous cela avec un bégaiement et des phrases tournant en boucle pour n'arriver nullepart!
A la place d'une pièce nous plongeant dans le compliqué périple de Alan Turing pour parvenir , étape après étape à décrypter le mystère d'Enigma, B. Soles s'est servi de ce personnage comme étendard de la cause homosexuelle, de la lutte contre l'homophobie ! avec des scènes avec son partenaire traitées de façon approximative, très lourdes, sonnant faux, et ceci avec un texte bâclé, mal interprète ne laissant transparaitre aucune passion ni émotion ! Une pièce militante mal jouée ! Benoît Soles est en politique , si en 2014 il était conseillé du 3eme arrondissement, en 2015 il s'est présenté sur la liste de Valerie Pecresse et élu conseiller régional
Ile de France et en 2021 il a été réélu pour terminer en 2022 comme coach de Valérie Pecresse pour son meeting!!! A courir plusieurs lièvres à la fois on ne fait que du travail bâclé !! A ceux qui ce demandent pourquoi autant de Molières? Avec tous les soutiens politiques, sans oublier le soutiens de Palmarès, Robin, S.Bern etc.etc, et la cause LGBT qu' il est de bon ton de soutenir quoi qu'il en coûte, au depis de vrais talents pas recommandés, on a tout compris..

Charles Dubuc
lun 05/09/2022 - 18:11

Histoire astucieusement scénarisee mais pourquoi les comédiens ont ils besoin de hurler sous prétexte d intensité dramatique comme dans la plupart des pièces actuelles ?

Perrier
ven 21/10/2022 - 21:43

Une pièce intelligente, sensible et émouvante.
J'ai beaucoup aimé et je suis très reconnaissant pour ce moment au théâtre du Palais Royal

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