Le Monde extérieur

Les choses de la vie portées par la musique des mots

Marguerite Duras

Durée :1h

Mise en scène

Anne-Marie Lazarini

Avec

Michel Ouimet

Notre recommandation

4/5

Infos & réservation

Artistic Athévains

45, rue Richard Lenoir

75011

Paris

01 43 56 38 32

Jusqu’au 10 décembre 2025.. Le mardi / 20h ; mercredi / 17h ; jeudi / 20h45 ; vendredi / 19h; samedi / 15h ; dimanche / 17h

D’un pas tranquille, il monte sur la scène et enlève son manteau. On dirait un spectateur perdu ou distrait, peut-être s'est il trompé de lieu, mais non, tiens, il nous adresse un petit geste de la main, puis se dirige vers une table déjà bien encombrée: une soupière, une bouteille de vin, une botte de poireaux. Et un livre. Ça tombe bien, alors il commence à lire un texte dédié à la mère de Marguerite Duras.
Une mère protectrice mais peu aimante, un bloc de granit, monstre de volonté, un personnage littéraire en somme. Maintenant Michel Ouimet, le comédien nous regarde dans les yeux, porté par la musique des mots, il glisse vers d’autres textes, tendres, ironiques ou cruels, comme la vie des petites gens, des pauvres. Ainsi cette mère de famille désespérée - un employé zélé vient de lui couper l’eau- qui se résigne à son sort, et entraîne ses enfants dans la mort.
Des faits divers qui disent la violence de la société, la solitude des êtres, les silences et les failles dans les familles. C’est Duras d’ avant la gloire de L’Amant, la Duras du début des années 1980. Celle qui écrit dans les journaux (Libération, France Observateur, L’Autre Journal) pour faire bouillir la marmite, avec déjà ce style singulier, fait de ruptures de rythme, de répétitions, de leitmotivs , une observatrice extraordinaire qui suggère plus qu’elle ne raconte… « Sublime, forcément sublime. »

Un comédien sensible, tout en retenue, qui fait résonner la voix, la langue durassienne au plus près de la vérité du texte.
Un décor sobre : douze chaises en cercle avec les titres des douze extraits, pour symboliser la présence- absence de l’ auteure et des personnages.
La musique qui ouvre et referme le spectacle : celle du film Indian Song de Duras avec Delphine Seyrig et Michael Lonsdale.

Très personnel : retour à mes années d’apprentissage du journalisme dans les années 1980, quand l’envoûtement a commencé avec la lecture des articles de Duras. Parfois loin des faits, mais quelle poésie et quel style !

« Quand le bonheur de mai 68 s’est effacé, qu’il est devenu douloureux, comme l’ espoir politique même. »

Marguerite Duras naît en 1914 en Indochine. Son père meurt jeune, laissant sa mère avec trois enfants. Cette dernière va acheter une concession au Cambodge, mais cette terre ne sera pas cultivable (ce sera le thème en 1950 d’Un Barrage Contre Le Pacifique).
De retour à Paris, Marguerite fait de la résistance, fréquente les milieux intellectuels et publie Le Marin de Gibraltar, Des Journées Entières dans les Arbres. Avec Moderato Cantabile et Hiroshima mon Amour porté à l’écran par Alain Resnais, elle devient une figure majeure de la littérature.
Dans L’Amant, prix Goncourt en 1984 et tiré à plus d’un million d’ exemplaires, l’autrice revient sur sa jeunesse en Indochine. Elle meurt en 1996.