Les cantiques du corbeau

Aux origines de l’humanité
Scénographie, conception et mise en scène : Bartabas
Musiciens de Pantcha Indra : Thomas Garcia, Audran Le Guillou, Philippe Martins, François Marillier, Théo Mérigeau, Christophe Moure, Laetitia Schneider, Hsiao-Yun Tseng
Musicien invité : Sunarso
Artistes : Bartabas, Henri Carballido, Lara Castiglioni, Jean-Luc Debattice, Lola Eliakim, Alice James, Manolo Marty, Perrine Mechekour, Sarah Mordy, Julie Moulier, Florent Mousset, Paco Portero, Kadek Puspasari, Alice Seghier, Nessim Vidal
Chevaux : Corto, Guerre, Misère, Maestro, Tsar, Bruant, Chouca, Hypolaïs et Ibis
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

THEATRE EQUESTRE ZINGARO
176 avenue Jean Jaurès
93300
Aubervilliers
01 48 39 54 17
Jusqu’au au dim. 31 déc. 2025. Du jeudi au samedi à 19h30, le dimanche à 17h30

Thème

  • Des récitants, hommes et femmes, tout de noir vêtus, se succèdent à une extrémité de la piste pour dire une genèse imaginaire, celle que le grand-père contait le soir au coucher. Dans ces contes terrifiants qu’il lisait en agitant ses sourcils en forme de corbeaux, hommes et animaux sont mêlés, hybridés, cousins autant qu’ils sont adversaires, proies et prédateurs. 

  • Sauf que les animaux n’ont pas de mots et qu’il faut toujours un humain pour leur prêter sa voix et pour, ce faisant, s’inventer une origine et une histoire : celle de la place des humains parmi les vivants et de la rupture qu’il leur a fallu consommer pour devenir les maîtres du monde. 

Points forts

  • D’abord le lieu, qui reste magique, même si les chevaux ont déserté les boxes au-dessus desquels passent les spectateurs. Mais demeure le clair-obscur du chapiteau aux lueurs vacillantes, la piste inondée et miroitante, qui reflète les lueurs des bougies allumées sur les gradins, et la silhouette du grand cheval bai qui nous accueille de son pas rythmé et élégant. 

  • Cette fois les virtuosités de l’art équestre sont presque bannies du spectacle. Restent les mots auxquels Bartabas nous a peu habitués, ceux de sa prose poétique, ainsi qu’une esquisse de danse, beaucoup de musique indonésienne, des tableaux colorés, un homme-bélier (ou – bouc) et une petite femme, quelques chevaux vifs aperçus, parfois surmontés de squelettes, en de brèves et lumineuses visions.

  • Bartabas nous embarque dans son univers halluciné, son récit fantasmatique dessinant un bestiaire littéraire plein d’évocations cruelles et sanguinaires, parcouru par la mort, mais qui nous parle ainsi sans le dire explicitement, de la manière dont l’homme s’est rendu « maître et possesseur de la nature. » Reste, comme à chaque fois, une expérience sensorielle du chaos.

Quelques réserves

  • Les amoureux du “théâtre équestre“ (voir plus bas, § l’auteur) de Bartabas pourront être surpris voire déçus, même si l’artiste n’a rien caché de la nouveauté radicale de son projet, dans une lettre publiée sur le site du théâtre, et ce dès juin 2025. 

  • Un brin sentencieux parfois, un soupçon emphatique, un zeste obsédé par les rituels premiers qui consistent à dévorer le cœur de son ennemi ou de son ami pour s’en approprier les qualités, les textes peuvent décourager l’écoute. 

Encore un mot...

  • Après les voyages au Mexique, en Chine, en Transylvanie, chez les communautés juives d’Europe de l’Est, en Irlande, en Afghanistan, il s’agit cette fois pour Bartabas de voyager dans le temps, de remonter aux origines fantasmées de l’humanité pour révéler les tours et les détours qui lui ont permis de se rendre maîtresse de la terre et des vivants qui l’habitent. 

  • Un monde rêvé bien sûr, celui d’avant, dans lequel le grand partage entre nature et culture n’existait pas, mais dont il subsiste aujourd’hui encore quelques lambeaux ici et là à la surface du globe.

Une phrase

  • 7e chant : « Sommets. Arrivé sur un promontoire, j’incline la tête vers le ciel, puis vers le très bas de la vallée et me vois très haut dans l’échelle des vivants. »

  • 22e chant : « Dernier voyage. J’ai vécu sans répit, trop occupé à revendiquer la face humaine qui tyrannisait mon existence. Avide de victoires pour ignorer la honte et la vieillesse stérile, je n’ai pas su écouter le monde qui, dans sa miséricorde, m’invitait à me quitter moi-même. » 

L'auteur

  • Cavalier hors pair, chorégraphe, metteur en scène, scénographe et réalisateur, Bartabas a inventé une forme nouvelle de spectacle vivant : le “théâtre équestre“, mêlant art équestre, danse, musique et comédie. 

  • En 1984, il fonde sa compagnie, le Théâtre équestre Zingaro, qui s’installe au fort d’Aubervilliers en 1989. Ses créations sont à chaque fois des événements qui triomphent partout dans le monde. Il a réalisé quatre films et publié son autobiographie, D'un cheval l'autre en 2020. 

  • Depuis 2021, la compagnie a créé, chaque hiver au fort d’Aubervilliers, un nouveau volet des Cabarets de l’exil. Avec Les Cantiques du corbeau, publié chez Gallimard en 2022 c’est une nouvelle expérience, d’abord littéraire et poétique, puis spectaculaire que propose le maestro.

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