A voir également au cinéma cette semaine

• Différente de Lola Doillon - Avec Jehnny Beth, Thibaut Evrard , Mireille Perrier, Philippe Le Gall…

Katia (Jehnny Beth) est une brillante documentaliste. Mais ses relations, tant professionnelles que amoureuses ou amicales, se révèlent toutes plus ou moins chaotiques. Ne rentrant pas dans les cases, la jeune femme a une particularité depuis toujours. À la suite d’un reportage sur l’autisme, elle parvient enfin à mettre un diagnostic sur ce trouble avec lequel elle vit…

Après la romance adolescente (Et toi, t’es sur qui ?), le drame (Contre toi) ou encore le film historique (Le Voyage de Fanny), Lola Doillon revient avec un long-métrage aussi intriguant que bouleversant. Différente permet de poser un nouveau regard sur l’autisme au féminin, sujet assez rarement abordé au cinéma. Ne jugeant jamais ses personnages, quel que soit le point de vue adopté, le film ne tombe jamais dans les clichés et offre à l’incroyable Jehnny Beth son plus beau rôle à ce jour.

Recommandation : 4 coeurs

Antoine Le Fur

• Life of Chuck de Mike Flanagan -  Avec Tom Hiddleston, Mark Hamill, Kaen Gillan, Jacob Tremblay…

C’est l’histoire d’un homme, appelé Charles (« Chuck ») Krantz. Une histoire retracée ici à l’envers et à travers seulement trois séquences, de la fin de sa vie (qui dure 39 ans) à son enfance. Une histoire simple et pourtant singulière, marquée par la découverte de la joie vivifiante que lui apporta la danse, mais qui va se dérouler dans un monde dont le chaos, de plus en plus grandissant, va amenuiser, puis  effacer chez lui (et ses congénères) tout espoir de survie.

On  savait Stephen King maître de l’épouvante. A l’occasion de l’adaptation pour le grand écran de sa nouvelle Life of Chuck, on le redécouvre aussi « maître des horloges », capable de raconter, à rebours, en trois « chapitres », et avec une imparable maestria, comment  la déglingue du monde et de l’univers sape, chez l’homme, son espérance de vie. C’est Mike Flanagan qui signe ici l’adaptation et la mise en scène de ce récit. Porté par un Tom Hiddleston prodigieux, visuellement magnifique,  son film est tourné dans une sobriété émouvante, ce qui rend tangible, comme rarement au cinéma, la fragilité de l’homme. Déroutant, poétique et mélancolique.

Recommandation : 4 coeurs.

Dominique Poncet

• Le rendez-vous de l’été de Valentine Cadic - Avec Blandine Madec, India Hair, Lou Deleuze, Arcadi Radeff…

Paris, au moment des Jeux Olympiques 2024. Blandine (Blandine Madec) est venue de Normandie pour assister aux épreuves de natation et retrouver sa demi-sœur, perdue de vue depuis de nombreuses années. Mais son séjour dans la capitale française ne va pas être de tout repos. Habituée au calme et à la solitude, la jeune femme découvre une ville dont elle n’a pas les codes et qui va lui réserver un certain nombre de surprises…

Premier long-métrage de la comédienne Valentine Cadic, Le Rendez-vous de l’été est une belle surprise où le rire rencontre l’émotion. Difficile de ne pas s’attacher à Blandine, sorte de Bécassine des temps modernes, brillamment interprétée par Blandine Madec. Malgré une mise en scène un peu trop simple, le film cultive un charme qui rappelle le cinéma d’Eric Rohmer. Un bien joli rendez-vous cinématographique à l’approche de l’été !

Recommandation : 3 coeurs

Antoine Le Fur

• Vacances forcées de Stephan Archinard et François Prévôt-Leygonie - Avec Clovis Cornillac, Aure Atika, Laurent Stocker (de la Comédie Française), Bertrand Usclat…

A la suite d’une arnaque à la location, deux familles que tout oppose, ainsi qu’un éditeur snob comme peu et la jeune influenceuse qu’il souhaite publier, se retrouvent  contraints de partager une sublime maison de vacances. Évidemment, le choc des cultures est immédiat. Tensions, quiproquos, pataquès : tout est prétexte à disputes. Petit à petit, pourtant, l’humanité des personnages reprenant le dessus, les clivages  s’estompent. Finalement, ces vacances « forcées » vont se révéler  pleines de (bonnes) surprises…

Quelle belle idée François Prévôt-Leygonie et Stephan Archinard ont eu de réaliser le remake du film italien Odio l’estate (2020) ! Le duo, notamment de l’inénarrable  et émouvant Monsieur-je-sais-tout, nous livre ici une des plus jolies comédies françaises de l’année. Une des plus jubilatoires  et revigorantes aussi. Le mérite en revient à un scénario habilement construit, des dialogues subtils et épatants, une réalisation dynamique et « ensoleillée » et aussi à un casting parfait (Clovis Cornillac et Laurent Stocker, au sommet de leur talent et de leur drôlerie !). On ressort  de ces Vacances forcées  avec l’envie de chanter et de créer du lien. Une vraie réussite.

Recommandation : 4 coeurs

Dominique Poncet

• Dans la peau de Pascal Tessaud - Avec Wilfried Blé et Almaz Papatakis…

Après cinq ans de prison pour braquage, Kaleem (Wilfried Blé, dit « Wolf ») revient vivre à Marseille dans les quartiers Nord à la Cité de la Savine. Il travaille sur les chantiers en rêvant de vivre de la danse qui le passionne, le Krump. Le hasard va lui faire croiser Marie (Almaz Papatakis), une jeune architecte grecque férue de cultures urbaines. La rencontre inattendue  entre ces deux êtres au milieu social très différent va déboucher sur une histoire d’amour tumultueuse…

Dix ans après Brooklyn, qui retraçait l’itinéraire d’une jeune rappeuse suisse, Pascal Tessaud revient avec ce nouveau long métrage centré également sur les pratiques culturelles urbaines, avec ce « plus » que son scénario s’appuie sur les difficultés de la cohabitation entre les milieux sociaux. On passera sur l’écriture brouillonne de ce dernier pour ne retenir de Dans la peau que son « meilleur » : son énergie, ses époustouflantes séquences de Krump en gros plans, et sa radiographie sans concession des « quartiers » de Marseille. Epatant.

Recommandation : 3 coeurs

Dominique Poncet