L’odyssée de l’Endurance

De
Ernest Shackleton
Préface de Paul-Emile Victor
Traduit de l'Anglais (Irlande) par Marie-Louise Landel
Photographies de Frank Hurley
Libretto
Mars 2022
345 pages
10,70 €

Notre recommandation
4/5

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Thème

Le 9 mars 2022, la découverte - par 3000 mètres de fond dans les eaux froides de la mer de Weddell en antarctique - de l’épave de "l’Endurance", la goélette de Sir Ernest Shackleton bloquée par les glaces en 1915 et littéralement broyée par les mouvements de la banquise avant de sombrer sous sa surface, redonne au texte par lequel le chef de cette expédition a raconté son incroyable aventure, une actualité émouvante. 

Il s’agit de la lutte pour la survie pendant deux ans d’un équipage anglais parti pour faire la première traversée du continent antarctique en 1914 après la découverte du pôle sud par Amundsen.

Il faut se pincer plusieurs fois pendant la lecture pour ne pas oublier que cette histoire est vraie. D’ailleurs les photos inouïes, prises sur le vif par le photographe de l’expédition, qui accompagnent le texte, sont là pour nous y aider.

On prend vite conscience que tout cela n’a été possible que grâce au sens impressionnant de l’organisation et du commandement des hommes d’Ernest Shackleton, conjugué à une absence totale d’affect qu’illustre sa narration purement objective ; le but initial s’étant transformé en une tension mobilisatrice vers le but suprême devenu, exclusivement, la survie de tout l’équipage.

Points forts

C’est au demeurant par un style efficace et précis, très bien traduit de l’anglais, que Sir Ernest Shackleton a raconté, par le menu mais sans le moindre ennui, les deux ans pendant lesquels lui et son équipage de trente membres, matelots et scientifiques, avec chiens de traineau et tout le matériel pour faire la première traversée du continent, ont, par des moyens d’une dureté inimaginable, servi un seul but, survivre, alors qu’ils étaient bloqués par les glaces précoces de l’hiver avant même d’avoir pu débarquer sur la terre ferme.

Survivre pendant l’hiver austral sans l’appui du bateau disparu, et partir au printemps, c’est-à-dire lorsque le froid est encore plus dur à supporter du fait de l’humidité et attendre encore le dégel incertain pour embarquer sur trois chaloupes, sauvées du naufrage de l’Endurance, dès qu’une étroite voie d’eau libre apparait, naviguer tant bien que mal, et dans des tempêtes qui se succèdent les unes aux autres, sur ces frêles embarcations, aborder sur une île glacée où seule une étroite bande de grève est accessible, repartir, pour le chef et deux autres membres de l’expédition, sur la meilleure des chaloupes pour traverser dans les tempêtes les plus folles toute la mer de Weddell en trois jours de forts vents favorables, aborder in extremis sur l’île de Géorgie du sud qu’il va falloir encore traverser à pied dans la neige et les montagnes pour trouver enfin la base des baleiniers qui vont les secourir et consacrer toute son énergie et sa puissance de conviction pour affréter un bateau susceptible de porter secours aux autres membres de l’équipage restés encore tout un hiver de plus sur la grève de la première île abordée par les chaloupes et, enfin, parvenir à eux, tous saufs, le jour même où les glaces vont se refermer pour un nouvel hiver…

On comprend que l’auteur n’a nul besoin de mettre en scène des émotions que le lecteur ressent profondément malgré la froideur apparente du style.

Quelques réserves

Aucune, parce que, précisément, la froideur du style est le juste reflet du froid extrême enduré pendant deux ans par des hommes confrontés à des conditions de survie hors du commun et sauvés grâce à l’incroyable force de la détermination d’un chef exceptionnel.

Encore un mot...

" Il ne restait plus qu’une grande entreprise à tenter dans l’Antarctique : la traversée de mer à mer du continent polaire sud. […] Nous avons échoué. L’histoire de notre tentative est le sujet de ces pages. "

Une phrase

" Tous debout en une seconde, nous grimpons sur l’observatoire ou sur quelque autre éminence : à un mille et demi de là, notre pauvre bateau subissait les derniers spasmes de l’agonie. L’arrière se souleva d’abord, puis s’enfonça rapidement et la glace se referma sur lui pour toujours. C’était une sensation navrante ; même démâté et hors d’usage, il était pour nous le dernier chaînon qui nous reliait au monde civilisé. "

L'auteur

Sir Ernest Shackleton, officier de la Marine anglaise, considéré comme l’une des plus grandes figures de l’exploration en antarctique, est tout à la fois le chef, à la détermination de fer, de cette expédition ratée et des deux ans de survie réussie de tout l’équipage de " L’Endurance ", et l’auteur de cette narration.

Après d’autres expéditions antarctiques, il meurt en 1922 sur l’île de Géorgie du sud qui avait vu en 1914 le départ de " L’Endurance " …

A noter que les éditions Libretto proposent 2 autres titres de ce même auteur.

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