AMERICAN PREDATOR

Maureen Callahan  fait une entrée fracassante dans  le  monde du polar avec American Predator qui lui a valu de  recevoir le grand prix de la littérature policière en 2022 année de la parution aux USA. Reconnaissance méritée, car ce livre narre avec talent une  histoire vraie au suspense et aux rebondissements incroyables. Une fois encore, la réalité dépasse la fiction. 

Tout commence le 2  février 2012 à Anchorage, capitale de  l’Alaska. Une jeune femme, Samantha  Koenig qui tient, dans une cabane, un bar à l’entrée de la ville disparait dans la soirée.  Le lendemain, on s’aperçoit que la cabane n’a pas été rangée la veille et que  la jeune femme reste introuvable. Enlèvement ou fugue ? L’enquête débute mal,  rivalité entre la police et le FBI, les scellés tardent à  être posés. Le père de Samantha mène sa propre enquête  et va jusqu’à lever des fonds sur le net. Enfin, ce n’est qu’après plusieurs  jours que l’on exploite les images d’une caméra qui montrent que Samantha a été enlevée. Aucune piste sérieuse n’émerge alors que l’affaire prend une dimension nationale dans les médias. 

Le 15 février, on annonce que le corps de Samantha a été retrouvé… une rumeur de plus. Une demande de rançon est envoyée par e-mail. Il n’en sortira rien. Mais un événement va changer la donne. 

Un retrait d’argent est effectué avec la  carte de crédit de la jeune femme. Il est suivi par plusieurs autres retraits, en Arizona puis au Texas. 

La répétition de ces opérations, va amener le FBI à appréhender un suspect. Un certain  Israel Keyes. Un père de famille au casier judiciaire vierge, ancien militaire, artisan compétent. Mais les preuves sont là, c’est bien lui qui a enlevé et assassiné Samantha. Il avouera assez vite. Mais les enquêteurs vont comprendre que l’affaire Keyes ne fait que commencer. Pour le FBI, il y aurait  d’autres histoires qu’il leur faut découvrir. C’est alors que débute une enquête  hors norme, difficile et complexe comme le Bureau n’en n’avait jamais connue. 

En réalité, c’est Keyes qui mène les débats. Selon son humeur, il est coopératif ou non. Il choisit ses interlocuteurs. Il passe un marché. Il donnera des informations si le FBI lui  garantit qu’il sera exécuté dans l’année. Enfin, il exige que toute cette démarche reste confidentielle et que rien ne paraisse dans les médias. Les enquêteurs  déterminent son modus operandi. Il n’a pas de mobile, il part en voyage « pour faire  une affaire », trouve si possible une maison vide, dans laquelle il tuera après l’avoir violée, une femme repérée au hasard. Il se débarrasse du corps et quitte la région au plus vite. Comme il le dit, ces meurtres sont son grand plaisir. Quand ces voyages meurtriers ont-ils commencé ? Il n'est pas clair à ce propos. Il déclarera que cela faisait 14 ans qu’il se sentait double. Face à ces difficultés le FBI déploie les grands moyens. Une carte immense est élaborée, elle couvre les 14 états où le tueur s’était rendu. Elle indique à l’aide de points noirs, pour chaque date où Keyes  y était présent, les personnes disparues. 

Il avouera formellement 11 assassinats, le corps de six de ses  victimes a été retrouvé.  

Mais de l’avis des spécialistes et avec les indices recueillis, on devrait ajouter des dizaines d’autres personnes assassinées. D’ailleurs aujourd’hui encore, le dossier du FBI n’est toujours pas clos et les recherches continuent…