Amok ou le fou de Malaisie

La folie passionnelle d’un médecin colonial distillée par la voix élégante et nuancée de Michaël Lonsdale
De
Stefan Zweig
Version audio réalisée par les éditions Thélème parue en 2019
Texte lu par Michaël Lonsdale
Durée 2 h 24
12,34 €
(Edition brochée, première parution en 1922, disponible en livre de poche, 53 pages)
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

L’obsession, la culpabilité et la fuite - Amok dissèque les tréfonds de la psyché humaine lorsqu’elle est prise au piège du désir et de la honte. Dans une confession haletante, un médecin colonial tourmenté, en état de faiblesse vis-à-vis des femmes de caractère, raconte sa descente dans une folie passionnelle qui l’intime à refuser l’aide qu’une riche patiente était venue lui demander. Rongé de remords par sa conduite insensée, il perdra tout, jusqu'à lui-même.

Points forts

Zweig est un maître des développements brefs et tendus. Il excelle à créer un huis clos mental : on est happé, embarqué dans une course infernale. Le terme d’Amok, d’origine malais, désigne un accès subit de sauvagerie meurtrière qui prend fin souvent par la mise à mort de l'individu. Le style est rigoureux, nerveux, resserré. L’intrigue, bien que linéaire, est tenue par une tension constante. Zweig capte avec finesse la violence des pulsions et le poids de la solitude de son protagoniste. L’atmosphère moite et oppressante de l’Asie ajoute une dimension presque suffocante à l’histoire.

Quelques réserves

Le récit, centré sur un dialogue masculin, peut sembler daté dans sa représentation du beau sexe, qui reste un objet de concupiscence, de rejet ou de vengeance, mais rarement un sujet en tant que tel.

Encore un mot...

Cette nouvelle est une gifle littéraire, un cri de douleur, un moment de vertige, un naufrage intérieur narré avec une précision chirurgicale. J’apprécie sa densité qui prouve que le tragique n’a pas besoin d’épopée pour être bouleversant. 

Une phrase

“ Jusqu’à présent, j’ai pu encore vous faire tout comprendre… Peut-être tout bonnement parce que, jusqu’à ce moment-là, je me comprenais encore moi-même… et que, comme médecin, j’avais pu toujours établir un diagnostic de mon propre état. Mais à partir de ce moment, je fus saisi comme par la fièvre… Je perdis tout contrôle sur moi-même… ou plutôt je savais bien que tout ce que je faisais était insensé, mais je n’avais plus aucun pouvoir sur moi… Je ne me comprenais plus moi-même… Je ne faisais plus que courir droit devant moi, obsédé par mon but… D’ailleurs, attendez… peut-être, malgré tout, pourrais-je encore vous faire comprendre… Savez-vous ce que c’est que l’amok ?”

L'auteur

Stefan Zweig (1881-1942), écrivain autrichien, biographe, essayiste, est l’un des grands observateurs de l’âme du XXe siècle. Son œuvre, profondément marquée par l’exil, la guerre et la perte de repères, demeure une référence en matière de lucidité psychologique et de limpidité stylistique. Hanté par la vieillesse inéluctable qui s’approche et assistant impuissant à la destruction du monde occidental, il met fin à ses jours en plein conflit mondial.

Le lecteur :
Michaël Lonsdale a tourné avec des cinéastes exigeants ainsi que dans des productions internationales, Moonraker, Le Nom de la RoseDes hommes et des dieux. Sa carrière au théâtre comme au cinéma est impressionnante. Avec sa voix aux mille nuances de tendresse, il met en exergue l’élégance de la langue du romancier viennois.

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