La Neige Noire

Chronique publiée le 16 octobre 2015. Pour fêter ses 7 ans, Culture-Tops lance « 7 ANS DE COUPS DE CŒUR » : une sélection des meilleurs livres publiés depuis 2013, proposés pendant toute cette période de confinement. Bonne (re)lecture !
De
Paul Lynch
Notre recommandation
5/5

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Thème

Le livre s’ouvre sur un tableau étrange et sombre, la page est lourde comme la boue d’une terre de labour qui avale les bottes, la lumière étrange éclaire une image dont on a du mal à percevoir la nature exacte; pourtant, l’action immédiate et besogneuse du travail des hommes sous nos yeux saisit, non pas l’attention, mais quelque chose situé entre la gorge et le cœur. 

Dans le comté de Donnegal, terre rude située à l’extrême nord de l’Irlande, l’année 1945 voit se jouer le sort du monde mais aussi, l’infime destinée d’une famille d’irlandais venue de New York. Barnabas Kane est retourné avec femme et enfant dans une patrie qu’ils ne connaissent presque pas pour s’y établir et vivre du travail de la terre. Mais l’incendie qui ravage leur étable tue tout le bétail, asphyxié ou carbonisé sous les yeux d’un homme qui voit le fruit de son travail partir en fumée. Un paysan meurt dans la catastrophe et la communauté voit dans l’homme qui n’est pas du pays, Barnabas Kane, le seul responsable de cette sinistre affaire. Dès lors, autant qu’un combat contre l’hostilité des habitants, c’est une lutte contre les éléments d’un pays sauvage et inquiétant, pour la survie des siens, que mène un homme en proie au doute, se questionnant sur sa propre identité.

Points forts

- Une écriture juste et profonde, un style qui dissèque, révélant la brutalité où l’œil ne voit qu’une simple image.

- Un tableau saisissant du monde paysan d’avant guerre, loin d’une image bucolique et stéréotypée.

- Une Irlande rude et pourtant envoûtante, encadrant un fil narratif déroutant, porté par une traduction précise.

- Les descriptions de Lynch sur l’univers mental et les caractères de ses personnages.

Quelques réserves

Je n’en vois vraiment pas ! À part peut-être celui-ci: il est dommage qu’un aussi bon roman se soit perdu dans la masse de la rentrée littéraire !

Encore un mot...

Un bon roman, c’est, à mon sens, un livre qui remue le lecteur, qui le convoque en provoquant chez lui des sensations physiques. C’est de cette nature-là qu’est "La neige noire". 

C'est vraiment un très bon roman, surprenant et riche, parcouru de descriptions faisant rentrer le lecteur dans un secret gênant ; ce livre incommode comme une histoire de famille tue, qu’il faudrait cacher à tout prix. C’est une véritable confession de la terre, des mots arrachés au silence, des paysages crépusculaires ou glauques épaississant l’intrigue à vous en rendre mal à l’aise. 

Paul Lynch est doué, c’est certain, et son livre mérite d’être lu avec zèle en attendant le suivant qu’on espère être du même acabit.

Une phrase

“À mesure que la pente se fait plus escarpée, il perçoit dans la nature comme une dégradation. Les terres privées de leur couleur verte deviennent blêmes. La tourbière, un monde de ruines, gouverné par une nature aberrante qui s’est dépouillée de toute trace humaine, s’affranchissant des fossés des homes et des limites de leurs murs de pierre …”

L'auteur

Paul Lynch est un écrivain et journaliste irlandais. Son premier roman, "Un ciel rouge, le matin", est paru chez Albin Michel, en 2014. "La neige noire" est son deuxième roman.

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