
Le livre de Kells
Parution le 13 août 2025
380 pages
23,00 euros
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Thème
Sorj Chalandon ou l’initiation à la liberté.
Sorj Chalandon ou la fuite salvatrice d’un foyer toxique.
Sorj Chalandon ou son engagement professionnel et politique.
À partir de ces thèmes majeurs Sorj Chalandon écrit (presque) un roman. Ce jeune homme qu’il a été et qui se fait émanciper pour pouvoir vivre une vie meilleure - ayant fui un père autoritaire violent et raciste, et une mère soumise, incapable ni de se rebeller, ni de protéger son enfant - va tenter à travers le départ de son foyer familial (il se fait émanciper) de trouver sa place tant personnelle, professionnelle que politique.
On comprend très vite qu’il s’agit d’abord de survivre puis de s’inventer pour s’intégrer. Peurs, violences, idéal, tout est mis à mal. Le parcours est chaotique mais néanmoins constructif (il réussit dans les conditions les plus précaires à passer son bac). Entre son expérience personnelle et celle de ses activités politiques dans un Après-Mai 68 lui-même sinueux avec ses approches marxistes parfois floues, il sait ô combien restituer cette ambiance et cette jeunesse qui se cherche nous mettant au cœur des combats physiques pour mieux nous faire approcher le chemin paradoxal, complexe qui le conduit vers un avenir moins dur, moins fragile. Comme il le dit et l’écrit : « je me suis réconcilié avec l’humanité. »
Points forts
Sa faculté à nous faire ressentir la violence de la rue, celle de son corps avec le groupe où la tension monte crescendo comme un exutoire incontournable.
Son souci d’un idéal qui justifie sa propre violence prise sur l’enfance. Ce mélange naïf qui ne sait pas encore faire la part des choses.
Sa recherche perpétuelle d’un avenir meilleur malgré les difficultés de toutes sortes.
Sa capacité à nommer un chat, un chat, sans détour lorsqu’il s’agit de regarder le monde et les hommes en face.
Quelques réserves
Si peu. Parfois une description un peu arrangée, semble-t-il, pour être sûr de rendre crédible la difficulté de la rue, de peur de n’être pas cru peut-être.
Encore un mot...
Mais c’est aussi pour mieux nous faire comprendre, pour mieux nous faire entendre ce que nous n’avons pas l’habitude de vivre ni de côtoyer.
Sorj Chalandon creuse son sillon au fur et à mesure de son œuvre comme un enfant qui ayant désormais assez réussi peut en dire encore un peu plus, il sait qu’il sera désormais entendu. L’inverse n’est pas souvent vrai.
Une phrase
“Et je me suis senti heureusement orphelin.” p. 21
“Nos opinions étaient fantasques mais notre amitié acharnée.” P. 30
“Ces jeunes corps échoués sur le bord de la vie.” P. 64
“Le cœur d’une ville palpite. Vraiment. Il cogne d’émotions, ralentit à la nuit, tressaille à l’aube, frémit sous la pluie.” P. 90
“Acheter un accessoire inutile à la survie était une preuve de mon insertion.” P. 232
“Nous avions mis nos idées au bout de nos peaux.” P. 352
“Nous pensions devenir tellement plus grands que nous.” P. 353
L'auteur
Sorj Chalandon, né en 1952, a participé à la création du journal Libération puis devient grand reporter, critique de cinéma, romancier. Il a reçu de nombreux prix :
Prix Albert Londres 1988 pour ses reportages sur L’Irlande du Nord et le procès de Klaus Barbie; Prix Médicis 2006 pour Une promesse ; En 2008, Prix Joseph-Kessel et prix Simenon pour Mon traître ; Grand prix de roman de l’Académie française 2011 pour Retour à Killybegs; Prix Goncourt des Lycéens 2013 pour Le Quatrième mur.
De 2008 à 2024 - avec son précédent L’Enragé paru en 2024 - Sorj Chalandon connaît un succès toujours renouvelé et continue une œuvre tant émouvante que criante d’un réalisme cru. Mais n’est-ce pas un pléonasme ? Sa touche personnelle l’incarne en tout cas.
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