Profession du père

Un roman très personnel qui n'atteint pas son but
De
Sorj Chalandon
Editions Grasset
Notre recommandation
2/5

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Thème

Dans les années 60, Emile, 12 ans, raconte son enfance livrée à la mythomanie de son père, qui s’empare des événements contemporains pour s’inventer les premiers rôles : après avoir été Compagnon de la chanson, footballeur de génie, parachutiste pendant la guerre, pasteur et même conseiller du général de Gaulle, il se retourne contre son grand homme, qui l’a trahi, et il demande à son fils de l’aider à le tuer ! Celui-ci est donc soumis non seulement aux délires de son père, mais surtout à sa violence ; roué de coups, accablé de punitions en tout genre, il tâche de survivre en se réfugiant dans ses dessins, sans être secouru par une mère incapable de réagir.

Points forts

• La folie manipulatrice de ce père tyrannique fonctionne si bien que son fils va exercer la même sur un camarade de classe, qu’il trahira lâchement.

• Quelques passages évoquent la résilience, qui se met en place chez le narrateur, grâce à sa femme heureuse et à son fils, dont le prénom suscite une belle formule de la part d’un psychiatre : « Clément, c’est un joli mot pour tout recommencer. »

• Ce livre permet de mieux comprendre les thèmes qui traversent l’œuvre de Sorj Chalandon : l’enfance, la place du père, la guerre, la trahison, la lâcheté …

Quelques réserves

Un récit glaçant, constitué d’une succession de scènes d’une violence inouïe.

Encore un mot...

Un livre déconcertant : le lecteur n’en revient pas de l’histoire insupportable de cette enfance emmurée dans un huis clos infernal à trois ; il est frappé par la solitude d’Emile, face à la brutalité méprisante d’un père fou et à l’inertie d’une mère perdue. Gravement marqué sans doute par ce désert de l’amour, Sorj Chalandon a éprouvé le besoin de raconter  à sa manière ce passé tragique, mais ce «roman » très personnel n’atteint pas son but. L’émotion ne passe pas. Quelque chose d’indéfinissable empêche le lecteur d’entrer dans son projet.

Une phrase

« Mon père, ma mère et moi. Juste nous trois. Une secte minuscule avec son chef et ses disciples … ses lois brutales, ses punitions. Un royaume de trois pièces aux volets clos, poussiéreux, aigre et fermé. Un enfer. » Pages 289-290

L'auteur

Le journaliste Sorj Chalandon a obtenu, en tant que reporter, le Prix Albert Londres 1988. Il a publié plusieurs romans, dont Une promesse, Prix Medicis 2006, Retour à Killybegs, Grand Prix du roman de l’Académie française 2011 et Le quatrième mur, Goncourt des Lycéens 2013.

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