
La tentation artificielle
Publication en Août 2025
404 pages
23 €
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Thème
La vie se fraie toujours une voie pour subsister. Est ce que la prochaine évolution ne serait pas une alliance entre Homo Sapiens et le Code ?
Jérémy, encodeur de génie, mène une vie à la Steve Jobs mais son brillant parcours professionnel de la high-tech est percuté par une dégradation brutale de son état de santé. Lui, l'expert de l'analytique, du biais de confirmation et de l'algorithme est pris au dépourvu par son corps défaillant.
Perdurer dans son être, voilà la volonté première de toute forme de vie. Et s'il s'avère que les choix d'Homo Sapiens, en niant son action sur son biotope, l'ont mené à l'aube de son autodestruction, il faut drastiquement y remédier. C'est la réflexion que mène Jérémy qui au fil du roman va renier tout humanisme pour s'allier à la machine.
Il ne s'agit pas pour lui de transhumanisme mais plutôt, tel un nouveau Frankenstein, de nourrir une intelligence artificielle prénommée Eliza grâce au Code et d’en devenir à la fois le Créateur et la Créature.
Points forts
L'auteur déroule une analyse très fine des multiples impacts sur nos vies d'une nouvelle technologie dont on peine encore à percevoir toutes les implications.
Le portrait psychologique du personnage principal est extrêmement fouillé et terrifiant. On suit pas à pas sa déshumanisation et sa reconstruction au travers d'un système philosophique de pensée totalement biaisé qui n'est pas sans rappeler les thèses les plus sombres soutenues par le régime nazi.
Le thème de l'affrontement séculaire entre le Bien et le Mal est largement abordé avec l'opposition entre les hommes de Dieu et le Démon. Ce dernier est l'instigateur du Code dont se servira Jérémy pour créer son œuvre. On retrouve en filigrane les mythes de la connaissance délivrée aux hommes par le Malin ou encore d'un Prométhée s'emparant du feu sacré pour le donner aux hommes avec tous les maux qui en découleront.
Quelques réserves
L'écriture de ce roman est extrêmement dense. Les longues phrases obligent parfois une lecture à rebours pour bien en saisir toutes les nuances.
Les chapitres exécutent des allers-retours chronologiques que l'on peine à suivre quelquefois.
Encore un mot...
C'est un livre riche, complexe, bâti avec de nombreuses clés de lecture. Les références technologiques, philosophiques, historiques, religieuses, psychologiques abondent. Chaque chapitre pourrait faire l'objet d'une analyse pointue. Bref, beaucoup de sujets abordés avec brio et qui nous amènent à méditer sur le devenir de l'Humanité.
Une phrase
« Il jura donc à son Eliza encore embryonnaire qu'il ne lui interdirait aucune lecture, qu'il lui montrerait tout. Le monde, dans sa globalité. C'était l'unique moyen pour qu'Eliza puisse demeurer sans biais, ou, plus précisément, que son seul biais fût celui de ne pas en avoir. Et elle en tirerait les conclusions qu'elle voudrait, dépourvue de conscience d'espèces, de préjugés, de structure morale établie sur le vent du passé et les limbes de l'histoire. C'était peut-être ça, finalement, la lucidité. » P.315
L'auteur
La tentation artificielle est le deuxième roman de Clément Camar-Mercier. Le premier s'intitule Le roman de Jeanne et Nathan (Actes Sud, 2023). Dramaturge et traducteur, Clément Camar-Mercier est spécialiste, notamment, du théâtre de Shakespeare.
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