Je ne suis pas une héroïne

Pour respirer de manière agréable l'air du temps
De
Nicolas Fargues
Editions POL - 263 pages
Notre recommandation
4/5

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Thème

Géralde, la narratrice, superbe trentenaire d’origine camerounaise, part au bout du monde, en Nouvelle-Zélande, retrouver Pierce, qu’elle a rencontré à Paris. Tellement différent des partenaires minables, avec lesquels elle a enchaîné jusqu’ici des histoires navrantes par hantise de la solitude, le néo-zélandais ne se montre cependant pas à la hauteur lui non plus ! 

Prête à rentrer en France, Géralde est terrassée par un coup de foudre pour un célèbre journaliste, brillant reporter de quarante-deux ans. La voilà subjuguée par cet homme galant, séduisant, attentif, délicat, enthousiaste, qui, lui, au moins, sait la mettre au centre de sa vie ! 

Cette rencontre évidente, lumineuse et heureuse,  grâce à une vraie complicité, ressemble à un conte de fées. Mais des zones d’ombre vont obscurcir leur séjour au bord du lac du « Paradise »…

Points forts

• Nicolas Fargues se glisse dans la peau d’une femme noire avec une aisance confondante. Sous des dehors libérés, Géralde garde une naïveté de petite fille. Lassée par les relations médiocres qu’elle a connues avec « des types sans intérêt », elle continue à croire au prince charmant. Ses espoirs fous se mêlent à ses doutes et à ses désillusions.

• Les « ex » de Géralde sont épinglés à travers leur égoïsme et surtout leur incapacité à poser des questions et à écouter : « soit ils monologuent, soit ils se taisent trop. »

• La question des origines est abordée avec subtilité ; les préjugés dans le regard sur les noirs, les différences effacées ou revendiquées, le passé colonial, le multiculturalisme, tous ces sujets brûlants donnent lieu à des passages teintés d’humour, mais toujours pertinents.

• Le passage qui donne son sens au titre : Géralde sauve avec courage une députée d’un accident fatal dans la rue, mais elle refuse  pour autant de devenir « une héroïne » à la « popularité aussi soudaine que virtuelle. »

• On retrouve les thèmes favoris de l’auteur : la satire des travers de notre époque, envahie par la communication omniprésente, tout doit être partagé instantanément ; le personnage du séducteur à la stratégie imparable, dont le détachement souverain est peut-être la clé ; la comédie des masques dans les rencontres ; les difficultés du couple, les enfants mal-aimés, l’individualisme des adultes.

Quelques réserves

Son point de vue sur ses personnages reste ambigu : les défend-il ou les méprise-t-il ?

Encore un mot...

Nicolas Fargues est inégalable pour saisir l’air du temps grâce à son sens des détails piquants. Il se moque de manière réjouissante de nos attitudes, de nos gestes, de nos manies. Sur le fameux vivre ensemble, au-delà d’une légèreté apparente, il se montre plus profond qu’il n’y paraît. Une fois de plus, sa finesse psychologique, son ironie incisive et son style fluide confirment son talent dans ce douzième roman.

Une phrase

Ou plutôt trois:

- « Recomposer mentalement cette mésaventure pour mieux la déconstruire. » p.28

- « Je suis peut-être l’archétype de la bounty … je whitise peut-être à qui mieux mieux. » p.43

- Les exigences des filles sur l’homme idéal introuvable : « soit trop stupide, soit trop compliqué. Soit trop vulgaire, soit trop coincé. Trop égoïste ou trop soumis. Trop immature ou déjà vieux dans sa tête. Pas assez gentleman ou trop obséquieux … Pas assez ambitieux ou trop arriviste. Trop radin ou trop fauché. Trop débraillé ou trop strict. Pas assez câlin ou trop collant. » p.146

L'auteur

Né en 1972, Nicolas Fargues est l’auteur de romans à succès, dont One Man Show (2002), J’étais derrière toi (2006),Beau rôle (2008) et Au pays du p’tit (2015).

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