La Grâce

Semaine spéciale "Prix littéraires" - Prix de Flore 2020 : quand l’impossible n’existe pas, l’Homme se fait Dieu. Un livre auquel on prend goût comme si l’auteur était entré par surprise dans nos vies, nous révélant la sienne
De
Thibault de Montaigu
Plon -
310 pages -
20 €
Notre recommandation
4/5

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Lu
par

Thème

Comment et pourquoi passe-t-on de l’athéisme le plus total à une vie où règnent la grâce et la foi ? C’est la question que se pose Thibault de Montaigu qui voit l’un de ses oncles passer d’une vie dissolue mais brillante à celle d’un frère franciscain ayant choisi le dénuement, le silence et la prière pour vivre au milieu des déshérités. Un pari bien hasardeux : celui où Dieu mène le bal et choisit les siens.

Points forts

Un récit dont la vérité claque comme un drapeau que des vents contraires voudraient abattre. A chaque page, le doute guette le lecteur comme il malmène l’auteur qui s’interroge : « si j’ai appris quelque chose depuis que j’ai entrepris ce chemin spirituel, c’est qu’il existe des vérités au-delà de la raison. Des vérités que l’on ne peut saisir qu’avec le cœur – ou l’intuition si l’on préfère. »

Tout d’un coup, l’étincelle embrase les pages, le rythme change, la plume de Thibault de Montaigu prend une résonance que l’on n’est pas prêt d’oublier. Nous voilà revenus en arrière au beau milieu des années 58/68. L’Eglise s’effondre, engloutissant les derniers lambeaux d’une foi éteinte. Les familles se divisent tandis que le monde se rue sur une liberté enfin conquise : celle du sexe à tout va et de l’anéantissement de pans entiers d’une France qui glapit et réclame son dû de perversités, de folies et d’extravagances. La fougue, l’insolence et l’injure règnent en maîtres ne faisant qu’une bouchée des usages et des faux semblants.

Quelques réserves

Un début qui semble laborieux comme si le décor n’en finissait pas de se mettre en place et de changer d’angle. L’auteur nous dit son âge : 37 ans, sa situation familiale, ses angoisses, ses dépressions, son mariage. Surgit Dupont de Ligonnès, champion du meurtre familial et as incontesté d’une disparition bien menée. Se serait-on trompé de voie ? Un polar ? Pas du tout. Ouf ! Après la page 68, le navire de Thibault de Montaigu atteint la haute mer et la Grâce dégage l’horizon.

Encore un mot...

Un livre auquel on prend goût comme si l’auteur était entré par surprise dans nos vies, nous révélant la sienne, tantôt chaotique tantôt sûre d’elle-même. Nous voilà embarqués sur un radeau dont le maître d’équipage nous laisse le gouvernail. Saurons-nous quoi en faire et viendrons-nous, comme lui, à douter de l’orientation de nos vies ? S’il faut l’en croire,il y a plus de sagesse à accepter le monde dans toute sa beauté et sa souffrance plutôt que de s’insurger en vain contre lui. Voilà la vérité. C’est un cataclysme intérieur ”. Arrivés aux dernières pages, le pari de la foi joue une dernière fois à qui perd gagne.

Une phrase

« Dieu précisément commence là où s’arrêtent les mots. Il est la dernière parole que l’homme puisse prononcer, celle au-delà de laquelle la conscience ne peut plus s’aventurer. Il est cette syllabe par laquelle le monde commence et se referme. »

« Il faut parfois faire le deuil du bonheur pour être heureux. Il faut parfois abandonner l’idée de jouer un rôle à tout prix pour trouver enfin le sien. Il faut parfois ne rien réclamer à l’existence pour que tout nous soit offert par surcroît. »

L'auteur

Thibault de Montaigu, 41 ans est connu à la fois par ses romans et par sa carrière de journaliste qui a démarré en 2003 à Libération, puis au Point, à Paris-Match, l’Officiel, L’Officiel Homme. Depuis 2018, il est rédacteur en chef de L’Officiel Voyage. La Grâce (Plon, 2020) est son cinquième roman, après Les anges brûlent (Fayard, 2003), Un jeune homme triste (Fayard, 2007), Les grands gestes la nuit (Fayard, 2010), Zanzibar (Fayard, 2013) et un essai Voyage autour de mon sexe (Grasset, 2015).

Le clin d'œil d'un libraire

Librairie L’Or des Etoiles sur l'antique chemin des pèlerins  à Vézelay

Vézelay, c’est une  montée qui mène  jusqu’à cette basilique qui donne  à la colline son image d’éternité. Au siècle dernier, écrivains, artistes, firent de Vézelay un  haut lieu  de l’intelligentsia.  Sur la rue principale, qui est le chemin qu’empruntèrent durant des siècles des millions de pèlerins, on découvre L’Or des Etoiles.  C’est Lorant Hecqet, qui,  il y a juste trente ans, ressentit le besoin de créer une librairie qui reflète l’esprit du lieu.  La devanture de la librairie peut paraitre modeste, mais il suffit de pousser la porte pour être saisi par une atmosphère particulière  faite de curiosité et d’intérêt tant les collections et ouvrages présentés sont étonnamment   variés. Les romans  et essais venant de paraitre, mais aussi la spiritualité, les sciences humaines et bien sûr tous les livres anciens ou contemporains qui parlent de Vézelay.

Le confinement avec  la fermeture du point de vente, a  laissé la place à d’autres moyens de communication. Le « clic and collect »   qui permet de récupérer une partie de l’activité, passe par  le téléphone, le site internet et surtout par la plateforme librairie.fr  qui regroupe au plan national un réseau de librairies indépendantes ayant le même positionnement que L’Or des Etoiles.

Que recommande Lorant Hecquet à  ses  lecteurs  actuellement ? Tout d’abord, deux essais qui sont autant de réflexions   à propos de ce qu’est réellement la pandémie qui bouleverse notre vie :  Quand la psychose fait  dérailler  le monde  de Renaud Girard et  Jean-Loup Bonnamy ;   la culture de masse contre les peuples : Divertir pour Dominer  (vol.2)  de Cédric Bagani et Valérie Arraut. Et aussi le numéro 3 de la revue Sphères :   Pas à Pas entièrement dédié au pèlerinage dans toutes ses dimensions.

L'or des Etoiles, 29 rue Saint Etienne 89450 Vézelay  03.86.33.30.06 www.ordesetoiles.fr

​Texte et interview par Rodolphe de Saint-Hilaire pour la rédaction de Culture Tops.

Commentaires

Lemaire
mer 30/12/2020 - 17:03

Ce livre m a tout de suite entraîné dans une lecture passionnante. L auteur reste honnête avec lui-même et donc avec le lecteur. Pas de tricherie ou de mièvrerie. Un courage d être capable, a 40 ans, car entouré d amis plus ou moins intello et bobos, j imagine, de parler de la Grâce. Et d en parler clairement, posément, sans essayer de convaincre. Le propos n est pas de parler des catholiques ou de convaincre qui que ce soit. Contrairement a un avis minable que j ai pu lire concernant ce majestueux ouvrage. Les gens aigris qui n ont pas compris que quelque soit la religion en elle même, il ne s'agit pas de ca, n ont eux, par contre, malheureusement pas reçu la Grâce. Merci beaucoup beaucoup a cet auteur, merci a Thibault de Montegu. Merveilleux livre, très bien écrit, je suis bouleversée. Er pardon pour ces amis. Merci pour ce réalisme poignant.

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