Voyage, voyage
Date de publication du livre : 21 août 2025
192 pages
20 euros
Infos & réservation
Thème
Orso et Marie plaquent leur appartement parisien, direction le musée du poids à Mécringes dans la Marne au volant d’une Nevada asthmatique et le manuel des Castors juniors en guise de boussole. Alors voisins de palier, ils se sont rencontrés cinq ans plus tôt. C’est un couple amoureux et uni dans la douleur. Celle du deuil de l’enfant qui ne viendra pas. Orso rédige des notices d’appareils ménagers alors que Marie se morfond dans le marketing. Mécringes est la première étape d’un road trip singulier, hors des chemins battus. Suivent Hayange et ses hauts-fourneaux à l’abandon, la mine de fer de Neufchef en Lorraine, le musée de la gendarmerie et du cinéma à Saint-Tropez et celui de la cire de Lourdes qui recycle les vieux nanars du musée Grévin.
Le périple s’achève à Bray-Dunes chez Catherine et Gérard, des éleveurs de colombes de compétition mondialement connus. Dans cette errance, surgissent des personnages pittoresques et attachants, comme ce sosie de Dick Rivers qui les guide dans la mine lorraine ou la volubile Yvelise à la tête de l’hôtel de la Licorne à Hayange. De quoi oublier la grossièreté des médecins qui n’ont pas trouvé les gestes et les mots pour Marie ou la petite cheffe d’un hôtel hors de prix mais plus minable qu’un Ibis.
Points forts
Voyage, voyage est le récit teinté d’humour de la pérégrination amoureuse et tendre d’un couple en deuil. En empruntant ces chemins de traverse au hasard, Orso et Marie fuient aussi l’ennui du quotidien. Orso est touchant de sollicitude pour sa compagne si fragile. Il voit juste lorsqu’il lui propose un tour au musée du costume et de l’amiante sur la route de Lourdes, ou lorsqu’il confie leurs vœux à Martin, un pigeon chevronné sur le point de s’envoler de la plage de Malo-Bray-Dunes.
A petits traits, l’auteur dresse aussi une galerie de portraits attachants et dénonce gentiment la bêtise ou la méchanceté ordinaires. Le monde de ce petit livre est peuplé de braves gens souvent bienveillants, loin de la vision d’une société fragmentée et pessimiste du moment. Pouchet étale aussi une nature complice et bienfaisante même lorsqu’elle porte la trace de l’homme. Et l’on a envie de croire que ce voyage aura guéri ce couple attachant !
Quelques réserves
Nous serions éventuellement réservés sur l’intérêt de la visite de tel ou tel musée cité dans le livre - quoique, Orso et Marie ont souvent aimé !
Encore un mot...
Compostelle ou les chemins noirs. Partir pour communier, se ressourcer, oublier, renouer. On savait les vertus de l’échappée. Et pour le choix du chemin, faites comme Orso, laissez-vous guider par le couteau de Rahan !
Une phrase
« Le paysage s’augmentait d’odeurs, d’humus et petrichor, champs de blé ou de colza, goudron des routes et rôtisseries des marchés. Il s’amplifiait aussi d’une bande-son en stéréo, chants d'oiseaux, cloches de villages, monocylindres, crissements sur gravillons, voix de bêtes ou d’enfants. Pas besoin d’allumer la radio ni de discuter. Le monde extérieur s’immisçait de toutes parts et réclamait leur attention. » (Page 141)
L'auteur
Voyage voyage est le second roman de Victor Pouchet après Pourquoi les oiseaux meurent (Éditions Finitudes, 2017). Il est également l’auteur de deux romans poèmes, La grande aventure (Grasset, 2021) et L’option légère (Gallimard, 2024).
Ils viennent de sortir
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