Le Bismarck, Les Grandes Batailles Navales

« La mort d’un géant ! »
De
de Jean-Yves Delitte
Ed. Glénat, 2019
48 p. + dossier historique
14,95 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Janvier 1991, dans les eaux chaudes du golfe Persique, les obus des canons de 406 mm et les missiles Tomahawk de l’USS Missouri pleuvent sur les troupes irakiennes ayant récemment envahi le Koweït. Le « Big Mo », cuirassé lancé le 11 juin 1944, engagé en appui de l’opération Desert Storm, est en cette fin du XX° siècle un dinosaure maritime, l’un des derniers géants des mers dont le deuxième conflit mondial fut le chant du cygne. 

Mai 1941, dans les eaux froides de l’Atlantique Nord. Le 19, le Bismarck, cuirassé ultra-moderne, fleuron de la marine du III° Reich, appareille pour sa première croisière. Sa mission ? Perturber autant que possible le trafic maritime entre le Royaume-Uni et l’Amérique du Nord. Le 24, dès son premier engagement, il envoie par le fond le Hood, légende de la Royal Navy. L’orgueilleuse marine britannique mobilise alors toutes ses forces pour répondre à un unique mot d’ordre : « Sink the Bismarck! » (Coulez le Bismarck !). Le 27 au matin, l’HMS Rodney et le HMS King George V arrivent à distance de tir du Bismarck, navire à la dérive condamné à tourner en rond.

Points forts

Comme toujours, le scenario de Delitte est d’une extrême robustesse et d’une solidité documentaire sans failles. Le Bismarck y ajoute la mise en scène de l’inéluctable. Par la grâce de son talent, l’auteur arrive à réintroduire un réel suspens dans une histoire dont l’issue est connue. S’y ajoute le plaisir de s’adonner au jeu de l’uchronie : et si l’amiral Lütjens n’avait pas divisé son escadre, et si Le Bismarck n’avait pas demandé une couverture aérienne trahissant ainsi sa position, et si la torpille qui rendit le cuirassé ingouvernable avait raté sa cible, et si la fin de l’histoire était, malgré tout, différente ?

Le dessin de Delitte est comme toujours au rendez-vous pour magnifier le scenario et donner une nouvelle vie à ces navires de légende. Comme les avions d’un Romain Hugault, les bateaux de Jean-Yves Delitte jaillissent du papier pour nous embarquer à leur bord. On les sent, on les voit vibrer, rouler, tanguer, fendre les vagues. On entend la mer battre leurs coques et le vent souffler dans leurs superstructures. 

Enfin, Jean-Yves Delitte continue à exceller dans la reconstitution du moindre détail historique qui a fait sa réputation, qu’il s’agisse d’architecture navale ou d’un bouton d’uniforme. Y aurait-il une filiation invisible reliant à ce sujet Jean-Yves Delitte, Romain Hugault et Hugo Pratt ?

Quelques réserves

Peut-on seulement parler de point faible ? Jean-Yves Delitte reconduit une « astuce » scénaristique sur lequel il a appuyé nombre de ses albums, notamment la série Belem ; à savoir nous faire découvrir la grande Histoire « à hauteur d’homme » au travers du regard d’un duo de protagonistes anonymes. 

Associant souvent une figure de « sage » capable de prendre du recul sur les événements et un personnage en prise plus directe avec la tranche d’histoire qu’il ne sait pas être en train de vivre, ces duos témoignent souvent d’une belle humanité cachée derrière une antinomie de façade. Si ce parti pris peut donner un goût de déjà vu aux lecteurs habitués, on ne peut que saluer l’efficacité de cette signature scénaristique de Delitte.  

Encore un mot...

Pour le plaisir de (re)découvrir le travail de Jean-Yves Delitte, peintre officiel de la Marine. Pour le talent incomparable avec lequel il nous fait partager sa passion de la mer et dess bateaux. Pour le savoir-faire unique avec lequel il nous fait entrer dans l’Histoire par des chemins détournés. 

Pour la découverte de l’histoire d’un navire auquel se rattachent plusieurs symboles : la fierté et la puissance retrouvées d’une Allemagne humiliée par le traité de Versailles ; la faillibilité militaire d’un III° Reich aux ambitions démesurées, avant même les premiers échecs de la bataille d’Angleterre et de Stalingrad ; un destin tragique annonciateur de la fin de l’ère de ces navires de bataille qui pendant plusieurs siècles auront été un vecteur clé de la puissance des nations ; la longue recherche d’une épave devenue presque aussi mythique que celle du Titanic.

Pour la superbe série Les Grandes Batailles Navales dirigée par Jean-Yves Delitte aux éditions Glénat en partenariat avec le Musée de la Marine. En associant dans chaque album bande dessinée et dossier historique, elle nous rappelle le rôle prépondérant que la puissance maritime a joué dans l’Histoire des nations et des civilisations. Et met en lumière les moments d’inflexion majeurs de cette même Histoire qu’ont constitué des batailles navales désormais entrées dans la légende telles que Lépante, le Jutland, Trafalgar, Actium, Chesapeake, Midway, Trafalgar…

Une illustration

L'auteur

Peintre officiel de la Marine, membre titulaire de l'Académie des Arts et Sciences de la Mer et Président des Peintres de Marine Belges, Jean-Yves Delitte est architecte-designer de formation. Il entre en BD en 1984 en rejoignant le journal Tintin. En 1989, il démarre sa première série, Donnington, détective privé excentrique des années 1950, en association avec Philippe Richelle, éd. Le Lombard, 1989-1995. La suite ? Une abondante production marquée de nombreux succès dans tous les genres. Thriller politique dans les coulisses de l’Union Européenne avec Les Coulisses du Pouvoir, toujours avec Richelle, éd. Casterman, 1999-2995 ; science-fiction maritime avec les séries Le Neptune, éd. Glénat, 2003-2005 et U-Boot, éd. 12-Bis, 2011-2015 ; thriller géopolitique avec Les Nouveaux Tsars, éd. Glénat, 2004-2007 ; aventure historique avec la série Tanâtos, éd. Glénat, 2007-2011 ; tétralogie maritime sur le fameux et prestigieux trois-mâts barque le Belem, éd. Glénat/Le Chasse-Marée, 2006-2011 ; aventure maritime avec Black Crow, éd. Glénat, 2009-2015 ; Mer et vieux gréements avec les one shot L’Hermione, La Bounty, La Boussole et L’Astrolabe…

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