« La 3ème Kamera »

Une révélation sombre et vraie
De
Scénario Cédric Apikian, dessin Denis Rodier, couleurs Elise Follin
Ed. Glénat
octobre 2024
150 p.
23€
Notre recommandation
4/5

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Thème

En avril 1945, Walter Frentz est l’un des derniers photographes officiels du IIIème Reich à filmer le Führer en train d’encourager les ultimes défenseurs de Berlin. Exfiltré par Goebbels, le maitre de la propagande, il évite la mort sous les décombres. 

Mais alors, pourquoi revient-il dans Berlin occupée ? Il est de ceux qui ont porté la « 3ème Kamera », cet appareil photo dont l'usage, à la différence des deux autres, échappait à la censure de la propagande. Cherche-t-il à récupérer ces pellicules "compromettantes", témoins matériels qu’américains et russes recherchent pour identifier crimes et criminels de guerre en vue du futur procès de Nuremberg ? Cherche-t-il à retrouver sa fille, prisonnière d'un jeu dangereux avec les derniers fanatiques du Reich résistant encore dans les ruines de la capitale ? 

Avec une mise en scène que le grand format de la BD rend spectaculaire, sous les lumières blafardes d'une ville décomposée, la quête de Frentz va nous mener à la rencontre de tous ces acteurs de justice et de vengeance, déterminés à imposer leur loi au peuple allemand déchu.

Points forts

La 3ème Kamera raconte une histoire vraie. Si celle de William Frentz est romancée, celle des photographes officiels du IIIème Reich est parfaitement authentique et parfaitement documentée. Ce que contenaient les pellicules de certains d'entre eux constituait une source d'information très précieuse, souvent atroce et morbide, des crimes que la propagande nazie voulait cacher. Ce "matériel" allait s'avérer un enjeu de taille pour confondre les dignitaires nazis lors du procès qui leur fut intenté à Nuremberg, de novembre 1945 à octobre 1946.

Bien sûr cette aventure, très fortement teintée des couleurs de la vérité, propose des trajectoires connexes, dont celles du travail réalisé par le CIC (Counter Intelligence Corps) américain à la recherche de ces preuves, de ces fanatiques résistants clandestins, des trafics de l'armée rouge… pour n'en citer que quelques-unes. Leur description, bien réalisée, constitue une trame du récit.

Il faut signaler encore le travail graphique de Denis Rodier et de la coloriste Elise Follin qui donnent une dimension épique et sombre, parfois violente et lugubre, à toutes les scènes de cette "aventure". Son grand format et une scénarisation inspirée vous invitent, parfois avec effroi, à parcourir les détails des images, un peu comme si vous étiez sur place.
Le dossier historique de fin, composé par Nicolas Ferard, est riche, très documenté et didactique.  Il replace l'histoire dans le contexte plus large de la propagande de l'Allemagne nazie et de ses acteurs, dont Walter Frentz, qui a réellement existé !

Quelques réserves

Pas de réserve pour cette histoire spectaculaire et vraie dans son esprit. Il faut cependant mentionner de nombreuses images macabres, certes des dessins, mais qui "témoignent " des atrocités commises par les SS notamment, dans l'extermination des juifs, des prisonniers de guerre ou des populations considérées comme inférieures.

Encore un mot...

La 3ème Kamera est une BD choc permettant de découvrir un fait d'histoire méconnu, cette somme d'images prises par des photographes officiels, conservée par intérêt ou par calcul, devenue un enjeu essentiel dans la confirmation des crimes de l'Allemagne Nazie. 

Scénario excellent, dessins spectaculaires voire bouleversants, cette grande bande dessinée ne peut laisser indifférent au travers des questions qu'elle aborde sans manichéisme. Elle est à réserver à un public de grands adolescents et d'adultes avertis.

Une illustration

L'auteur

Au scénario, Cédric Apikian. Auteur/réalisateur de cinéma depuis une vingtaine d'années, passionné de BD depuis l’enfance, il est très remarqué en 2019 comme scénariste de La ballade du soldat Odawaa. Amateur de cinéma, il tint quelques années les manettes de l’émission pifPAFpoum, dédiée à la bande dessinée. 

Au dessin, Denis Rodier, illustrateur et auteur de BD est québécois. Il collabore très tôt aux séries les plus populaires d’éditeurs américains comme Marvel et DC Comics. C’est son travail sur la série Superman qui est le plus remarqué, en particulier l’arc Death of Superman, lauréat de plusieurs prix. En Europe, on le connait surtout pour sa série L'Ordre de Dragons avec Jean-Luc Istin, et sa suite, L’Apogée des Dragons avec Corbeyran aux éditions Soleil. Il est aussi le dessinateur de la célèbre BD La Bombe qui retrace l'histoire de la bombe atomique lancée sur Hiroshima en aout 1945. Publié en 2020 et fort de 472 pages, ce roman graphique a remporté de nombreux prix et a été traduit en quatre langues. Denis Rodier est aussi musicien et peintre. 

Elise Follin est graphiste et illustratrice. Elle travaille autant la méthode traditionnelle que le motion design. Elle intervient beaucoup pour des dessins animés et les "livres jeunesse".

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Scénario : Thibault Vermot, Dessins : Alex W. Inker