Rivage de la colère

Un roman intéressant sur un épisode méconnu de la décolonisation dans l’océan indien. Mais le style est un brin décevant
De
Caroline Laurent
Les Escales
415 p.
Notre recommandation
3/5

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Thème

A Diego Garcia, en 1967, Marie Ladouceur, à la beauté farouche et sensuelle, séduit Gabriel, un jeune bourgeois débarqué de l'île Maurice pour être secrétaire du gouverneur, malgré le fossé qui sépare une Chagossienne noire d’un Mauricien blanc. De cette union improbable naît quelques mois plus tard un garçon, Joséphin, qui ne ressemble pas du tout à son père. La fin de la colonisation britannique, après cent-cinquante-sept ans, va bousculer leur destin. L’île Maurice vote, en effet, son indépendance en août 1967, tout en laissant la jouissance de l’archipel des Chagos aux anglais ; ceux-ci s’empressent de louer pour cinquante ans  ce territoire aux Américains afin qu’ils y installent une base navale stratégique. En 1971, les habitants seront donc expulsés sans ménagement de Diego Garcia pour se retrouver démunis de tout dans les bidonvilles de Port Louis. A l’incompréhension succéderont la colère et la rébellion de ces êtres fiers et courageux. Ils tenteront par tous les moyens de se faire entendre des autorités.

Points forts

• La voix accusatrice de Joséphin rythme le récit : il mène le combat de sa vie pendant cinquante ans jusqu’au Tribunal International de La Haye. Par sa ténacité, il rend ainsi hommage à la lutte acharnée de sa mère.

• La personnalité de Marie domine cette histoire familiale. Au début, elle vit pieds nus au plus près de la nature et elle charme, par son insouciance et sa spontanéité, Gabriel, élégant et tourmenté. Les souffrances terribles, imposées par ses années de révolte, vont la révéler à elle-même. Guidée par sa foi inébranlable, elle franchira tous les obstacles jusqu’à entamer une grève de la faim épuisante. 

• Le bonheur simple de ce paradis perdu hante ces Chagossiens, dont l’exil est perçu comme un arrachement. Plongés dans l’enfer des bidonvilles sordides et misérables, ils regrettent leur vie communautaire harmonieuse.

Quelques réserves

• Une intrigue sentimentale trop prévisible à travers les séparations et les retrouvailles ou les trahisons et les moments de vérité.

• Le style plat manque de richesse et de couleur et ne semble pas à la hauteur de ce drame historique.

Encore un mot...

Caroline Laurent romance avec une certaine force cet épisode méconnu d’un exil forcé aux conséquences dramatiques. Le combat de Joséphin donne son élan à « la colère » de ces descendants d’esclaves, abandonnés à leur triste sort par les Britanniques et les Mauriciens.

Une phrase

La religion comptait beaucoup. On faisait nos prières et souvent, avec ma sœur et les petits, on allait fleurir la tombe de nos ancêtres, surtout celle de ma mère. Quand on a été forcés de partir, on a perdu tout ça. On a perdu nos biens matériels et immatériels ; on a perdu nos emplois, notre tranquillité d’esprit, notre bonheur, notre dignité, et on a perdu notre culture et notre identité. (p.186 )

L'auteur

Née en 1988, Caroline Laurent est éditrice et directrice de collections aux éditions Les Escales et chez Stock. Elle a été nommée en 2019 à la commission Vie Littéraire du CNL. Le livre qu’elle a coécrit avec Evelyne Pisier en 2017 Et soudain, la liberté a obtenu un vrai succès.

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