Trio

Sous le voile du secret, chacun dissimule sa vraie vie
De
William Boyd
Seuil, paru le 6 mai 2021 -
420 pages - 20,97 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

Nous voilà plongés en 1968 à Brighton, dans les coulisses du tournage d’un film au titre ridicule L'Épatante Échelle pour la Lune d’Emily Bracegirdle, à travers un trio de personnages très différents. Le producteur sexagénaire doit affronter les démêlés propres au cinéma : scénario remanié à la dernière minute, actrice principale prête à fuir, disparition de pellicules, associé malhonnête … La femme du réalisateur infidèle, romancière célèbre dix ans avant, se noie dans l’alcool pour tourner autour du premier paragraphe du livre, qu’elle tente vainement d’écrire sur la dernière journée de Virginia Woolf.

Et la jeune star américaine superbe se débat entre son ex-mari terroriste, poursuivi  par la CIA, qui lui réclame de l’argent, un amant français philosophe de gauche et son partenaire tellement séduisant et rassurant. Le lecteur suit avec intérêt ces trois êtres tiraillés entre leurs aspirations profondes et la réalité ; conscients de leurs faiblesses et de leurs erreurs, ils préfèrent se cacher derrière des apparences trompeuses pour mieux dissimuler leurs secrets, en mentant aux autres et surtout à eux-mêmes. Lancés dans l’aventure de ce film, pleine de rebondissements spectaculaires, ils poursuivent sans doute une quête impossible, plus intérieure, celle du sens de leur existence.

Points forts

• Les ficelles de l’intrigue sont tissées avec ingéniosité dans ce récit enlevé, rythmé par des péripéties nombreuses et animé par des dialogues piquants qui dévoilent les ambiguïtés des personnages.

• Un savoureux mélange de scènes drôles, de coups bas, de descriptions pittoresques et de passages plus méditatifs sur l’argent, la célébrité ou le monde du spectacle. L’acuité du regard de l’auteur se manifeste à travers son sens du détail.

• On retrouve la distance ironique du romancier grâce à la légèreté avec laquelle sont abordés des sujets graves. Le ton parfois cruel est contrebalancé par une certaine tendresse.

• Ce livre au style fluide se dévore littéralement.

Quelques réserves

• L’époque choisie n’apparaît pas vraiment.

Encore un mot...

Ce Trio d’êtres très bien incarnés, empêtrés dans leur double vie, nous montre à quel point chacun garde son mystère. Le cinéma, en créant l’illusion par le jeu, où le faux exprime le vrai, révèle mieux que tout autre univers la complexité de nos comportements et les arcanes de nos secrets. Décidément les films des années 1960 ou 1970 inspirent d’excellents livres aux romanciers anglais, comme Billy Wilder et moi de Jonathan Coe.

Une phrase

«  - Vous avez toujours bien caché votre jeu, Talbot. – Nous cachons tous notre jeu, non ? Nous sommes des mystères. » p.94

« Talbot Kydd, toujours en costume sombre et cravate, toujours impeccable. Voilà, c’était le bon mot, impeccable. Impeccable au point d’en être impénétrable. » p.221

L'auteur

Né au Ghana en 1952, William Boyd a écrit des romans, des pièces de théâtre, des nouvelles et des essais. Il est aussi scénariste et réalisateur. Il a connu le succès dès 1984 grâce à Un anglais sous les tropiques (Seuil) . On peut citer À livre ouvert (Seuil, 2002), La Vie aux aguets (Points, 2007), Orages ordinaires (Points, 2010), L’Attente de l’aube (Seuil, 2012), L’amour est aveugle (Points, 2019).

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