Maud Sambuis: « Mademoiselle C. »

Chapeau !
Graphisme, illustration et animation: Pascal Cataye-Daghosprod Scénographie: Hugues klingelsschmitt Création costumes: Edwige Galli Création musicale: Mauricio Lozano Chorégraphie: Emmanuelle Pépin Décors: Bénédicte Letrurcq Accessoires: isabelle Paya et Maud Pinet Voix off: Candice Gatticchi, Henri Legendre et Maud Sambuis Photographie: Maxime Menant, Stella Frachea-Morreale, Alain Gontier et Pierre Gentiet
Mise en scène
Marcel Hettak
Recommandation

Mieux que quiconque, sans doute, jusqu'à présent, Maud Sambuis a su "dessiner avec les mots" Camille Claudel. On est sous le choc en la regardant et en l'écoutant. Une grande performance.

Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre Essaion Métro: Hôtel de Ville Tarifs:
6 rue Pierre-au-Lard
75004
paris
01 42 78 46 42
Jusqu'au 15 juin, les jeudis, vendredis et samedis à 21h30 Durée: 1 heure
Tarifs
15 à 25 euros
Lu / Vu par

Thème

AVERTISSEMENT: Voici un spectacle que nous avions beaucoup apprécié, il y a un an.. Nous avons voulu voir s’il y avait eu des changements depuis le printemps dernier. En réalité très peu, mais on voit de nouvelles choses quand on assiste à plusieurs représentations, à un an de distance,  au moins quand il s’agit d’un texte aussi riche. On peut en dire autant d’un tableau ou d’un roman...
C’est le récit de la vie de Camille Claudel, depuis ses débuts de sculpteur en province dans une famille bourgeoise, soutenue par son père et entourée affectueusement par son frère, Paul. Elle vient à Paris avec sa famille et s’installe dans son atelier. Comme les femmes ne sont pas admises aux Beaux-Arts, elle entre dans une école d’art privée. Elle rencontre ensuite Alfred Boucher et Auguste Rodin, qui la fascine. Elle est d’abord son élève et le vénère, puis sa maîtresse, mais leurs relations sont houleuses. Elle veut affirmer son talent et son indépendance, à une époque où les femmes sont soumises à beaucoup d’interdits. Rodin tantôt l’accepte et tantôt la rejette. Alors son équilibre se rompt peu à peu, et elle imagine que Rodin veut lui voler ses oeuvres. Son père meurt, sa mère et son frère Paul s’allient  pour la faire enfermer et elle passe ainsi misérablement les trente dernières années de sa vie dans un hôpital psychiatrique.

Points forts

1) Le texte est remarquable: il montre l’évolution progressive de Camille, de ses débuts pleins d’espoir à l’éclosion de son talent et sa rencontre avec Rodin, l’amour qui devient destructeur, la lente glissade vers une sorte de folie jusqu’à l’horrible fin dans l’asile psychiatrique, auquel la livrent sa mère et son frère.
2) L’actrice Maude Sambuis, interprète ce rôle écrit par elle et pour elle, avec une incroyable sensibilité, sans jamais provoquer l’ennui, alors qu’elle est seule en scène pendant une heure. Elle traduit l’esprit d’une femme artiste, indépendante, qui connaît des hauts et des bas, à une époque où le monde de l’art laissait peu de place aux femmes. Le spectateur, cultivé ou non, espère et souffre avec elle.
3) Le ton, avec ses variations, les vêtements qu’elle porte, la manière de se tenir, accompagnent son évolution en tenant le spectateur en haleine.
4) La mise en scène est réussie: simpliste sur le devant de la scène, avec une table, une colonne, un morceau de terre, des chaises et un rideau blanc pour figurer l’atelier, et en arrière-plan des photos qui illustrent parfois une oeuvre, souvent un mur de pierres, et, à la fin l’asile qui l’enferme.
5) Les voix off apportent une facette complémentaire: c’est tantôt Rodin, tantôt le narrateur qui parle, en alternance avec des phrases qui s’affichent sur l’écran.

Quelques réserves

Je vois bien peu de points faibles dans cette création magistralement interprétée, et il n’y en a pas davantage en revoyant la pièce une seconde fois. Si on compare cette pièce au film interprété par Isabelle Adjani et Gérard Depardieu, on peut remarquer que la folie est beaucoup moins présente dans la pièce; elle est au moins plus discrète, et elle m’a semblé encore plus discrète dans cette seconde vision. Mais on devine ce qui se cache derrière les obsessions du vol de ses oeuvres.

Encore un mot...

C’est un spectacle émouvant, attachant, qui montre la difficulté d’être une femme artiste à la fin du XIXème siècle et au début du XXème.. l’intérêt est aussi bien historique que sociologique et psychologique.

Une phrase

« Il y a deux moyens de supprimer une personne de la société: le premier moyen est l’assassinat. Le deuxième moyen est l’internement légal. »

L'auteur

Maude Sambuis est donc, à la fois, l’auteur et l'interprète. Elle s’est inspirée du film « Camille Claudel », de Bruno Nuytten (1988) avec Isabelle Adjani et Gérard Depardieu. Et elle a fait beaucoup de recherches sur le personnage. Elle s’est documentée grâce à des correspondances, des biographies, des romans, des poèmes…, elle a rencontré des sculpteurs, elle s’est initiée au modelage, elle a contemplé les oeuvres de Camille au musée Rodin et au musée d’Orsay, elle a visité l’hôpital psychiatrique de Montfavet…. tout cela pour « mieux la dessiner avec des mots ».

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