L’Ecole de danse

Un zeste d’Italie ?
De
Carlo Goldoni
Durée : 2h
Mise en scène
Clément Hervieu-Léger
Avec
Denis Podalydès, Eric Génovese, Florence Viala, Clothilde de Bayser, Loïc Corbery, Stephane Vaurienne, Noam Morgenstern, Claire de La Rue du Can
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Comédie Française
Place Colette,
75002
Paris
01 44 58 15 15
Jusqu’au 3 janvier 2026. Tous les jours à 20h30

Thème

  • Nous sommes à Florence, dans la salle de répétition de Monsieur Rigadon. Dans l’école de danse où sévit le maître de danse, le temps semble suspendu. Tandis qu’il mène (littéralement) à la baguette ses jeunes danseuses et danseurs, qui prennent un malin plaisir à tenter d’échapper à ses injonctions, Monsieur Rigadon se révèle un piètre maître qui de surcroît, empile les manigances pour sauver son établissement mal-en-point en même temps que sa propre santé financière. 

  • Ce jour-là, Monsieur Rigadon attend beaucoup de la venue d’un impresario auquel il souhaite « vendre » quelques-unes de ses recrues. Maître libidineux et intéressé, il abuse de la précarité de Rosina et de sa mère pour imposer un contrat léonin à l’aspirante danseuse, s’acoquine avec le courtier Ridolfo pour escroquer l’impresario à qui il vend, pour 50 sequins, la plus mauvaise de ses élèves, et empêche sa soeur, Madame Sciormand, de se marier pour ne pas risquer de perdre sa dot. 

  • Mais la révolte gronde chez tous ces jeunes gens qui ont faim, froid, et rêvent d’émancipation et d’amour.

Points forts

  • Nous devons l’entrée au répertoire de cette satire féroce du monde de la danse à Clément Hervieu-Léger, grand amateur de ballet. Dans sa façon de préférer l’observation subtile des individus se colletant aux affres du réel à toute intrigue substantielle, le metteur en scène met en évidence l’admiration qui était celle de Goldoni pour Molière. 

  • Du coup, il est réjouissant de voir ce spectacle dans ce décor créé pour le Misanthrope mis en scène par le nouvel administrateur de la Comédie Française. Sur ce plateau, tous les comédiens sont magnifiques, et notamment :

    • Denis Podalydès en maître de danse lubrique et médiocre est tout simplement époustouflant et, avec sa veste froissée, sa barbe de plusieurs jours, sa tenue débraillée, le comédien décoiffe dans les oripeaux de ce roublard tyrannique, qui est moins un professeur de révérence et de jetés qu’un “éleveur de petits rats“ dont il fait commerce sans scrupule ;

    • une mention toute spéciale également pour la remarquable Florence Viala dans le rôle de la sœur de Rigadon.

Quelques réserves

  • En mettant en lumière les rapports hiérarchiques à l’oeuvre, notamment la misogynie et les coulisses d’un monde de l’art où l’intrigue est souvent la règle, Goldoni, grand admirateur de Molière, aurait pu faire mouche. Pourtant sa pièce apparait un peu comme un sous-Avare, qui décrirait parfaitement la lutte entre les générations, mais sans offrir l’impeccable mécanique comique de Molière. 

  • Et d’un autre côté, on se prend à regretter que les ressorts de la Commedia d’elle Arte, même si Goldoni s’est employé activement à s’affranchir de ses caricatures vieillissantes, ne soient pas un peu plus présents dans l’écriture même de la pièce. Se pourrait-il qu’il manque à cette - par ailleurs - remarquable production… « un zeste d’Italie » ?

Encore un mot...

  • Parmi la production prolifique des comédies de Goldoni (autour de 200!), L’École de danse n’est pas la plus connue, loin s’en faut. C’est pourtant une délicieuse découverte, car on y retrouve les artifices chers à Goldoni : tromperies, mensonges, manigances et duperies en tout genre. Mais ces procédés sont ici dépoussiérées des poncifs de la commedia dell’arte, à laquelle Goldoni a tourné le dos pour mieux révolutionner le théâtre à l’italienne.

Une phrase

  • Monsieur Rigadon : « Il faut plumer la caille sans la faire crier ! Et je suis prompt à m’enflammer. Douze à table pour déjeuner ? A trop manger, on digère mal ! »

L'auteur

  • Né à Venise, Goldoni (1707-1793) sera tour à tour fonctionnaire de la justice criminelle, directeur de théâtre, consul de Venise à Gênes, et enfin avocat à Pise ! Grand amateur de théâtre, il fait ses gammes dans tous les genres, tragédie, mélodrame, intermède bouffe, jusqu'en 1745 où il trouve sa voie : la comédie. 

  • Celui qu’on surnommera « le Molière italien » devient un auteur prolifique, comptant plus de 200 pièces à son actif ! Il s’exile en France en 1762, où il prend la tête du Théâtre italien à Paris, écrivant désormais toutes ses pièces en français. Il meurt dans la capitale le 6 février 1793.

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