Walt, la folie Disney
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A l’automne 1933, Walter Elias Disney, déjà connu sous le nom de Walt Disney, se lance dans un projet totalement novateur : proposer au public un long métrage animé, en couleurs et parlant, les cartoons étant jusque là cantonnés au format de courts métrages. Nom de code de l’opération : Blanche neige.
Roy Disney, qui tient les cordons de la bourse au studio Disney et les banquiers à une distance respectable de son imprévisible frère - qu’il adore mais ne comprend pas toujours - s’arrache les cheveux : pourquoi ne pas continuer à creuser le filon des dessins animés estampillés Mickey, qui ont tant de succès ?
Son exaspération croît à mesure que les délais et les frais explosent : partis pour réaliser Blanche neige en deux ans avec un budget d’environ 200 000 €, Walt Disney et « ses gars » vont doubler les délais et quintupler les dépenses !
C’est que Walt, qui a élu domicile dans son studio, où il confond le jour et la nuit, multiplie les idées a priori baroques, et se montre perpétuellement insatisfait des propositions et des séquences déjà réalisées…
Bref, le créateur de Mickey n’est-il pas devenu… Dingo ?
Points forts
Le comédien Clément Vieu donne un coup de jeune à « l’oncle Walt »… dans un décor (un rideau de fils, un bureau transformable, un porte-manteau avec miroir) où rien n’est laissé au hasard, déploie ses qualités de comédien et de mime. Une certaine ressemblance physique avec le personnage, jusqu’au costume et à la coiffure gominée, accentue la crédibilité de la pièce.
La folie Disney nous montre bien la singularité du créateur des studios éponymes : un visionnaire, habité par son sujet, intransigeant jusqu’à la tyrannie sur l’excellence, tout en mobilisant sans relâche ses équipes (morceau de bravoure : son “adresse aux encreuses“ lors de la dernière étape dans la finalisation du dessin animé), et sans concession avec les financiers (son frère Roy, où le banquier Rosenberg, ce qui donne lieu à un autre morceau de bravoure, le résumé mimé de Blanche neige en 2 mn chrono devant ce dernier) qui hésitent à continuer d’investir dans son projet.
Mais Disney, c’est aussi, et il prend bien soin de le montrer, un self made man qui incarne le rêve américain de réussite individuelle : cancre incompris, jugé « banal et médiocre » par un père cruel envers lui, au point de le rabaisser systématiquement, il n’aura de cesse de rechercher la perfection et la réussite, refusant obstinément de « redescendre à la cave » où l’attendaient les punitions paternelles (et peut-être même d’autres sévices) durant toute son enfance.
Quelques réserves
- Aucune, car c’est Pluto une belle réussite...
Encore un mot...
On le sait, la figure à laquelle les Nord-Américains aiment s’identifier est celle du « pionnier ». De ce point de vue, Walt Disney constitue un beau specimen, à plus d’un titre. En effet, il innove dans une approche du long métrage animé assez différente des cartoons. Oncle Walt a compris qu’il fallait abandonner les simplifications psychologiques des courts métrages pour insuffler « de l’humanité » à tous les personnages, du rythme dans et des alternances entre les séquences de Blanche neige.
La folie Disney nous montre avec talent les coulisses de la création d’un chef d’œuvre du 7e art, et notamment les recettes de son succès : puiser les éléments structurant de son récit dans divers textes – pièces (il s’inspire par exemple de Macbeth pour concevoir le personnage de la reine maléfique), contes (de Grimm) et légendes (que Disney rapporte d’Europe pour les faire lire à ses équipes), dont les mythes constituent le soubassement de la culture populaire depuis des siècles.
Blanche neige est donc une semi-création, tout l’art de Disney consistant à combiner la perfection formelle (il recrute les meilleurs dessinateurs) avec la capacité, en exploitant ces récits, à toucher d’abord ce large public d’un pays-continent majoritairement peuplé par des vagues successives d’immigration, pour ensuite mieux captiver le monde entier.
- C’est à ce prix que Blanche neige, Cendrillon, La Belle aux bois dormants et tant d’autres de ses œuvres ultérieures, vont pouvoir prétendre à l’universel.
Une phrase
Walt Disney [un doigt sur la bouche, dans un clin d’œil à Gustave Flaubert] : « Blanche neige, c’est moi… chuuut ! »
- Le même [énonçant son mantra] : « Il faut créer l’enchantement. »
L'auteur
Fanny Dupin, titulaire d’une licence professionnelle en Communication et Commercialisation de Produits Culturels (tiens, tiens…) devient directrice de production, manager, programmatrice et directrice artistique dans le spectacle vivant de 2007 à 2018.
En 2021, elle publie son premier livre jeunesse, L’effet Noël, co-écrit avec Aurélie Cabrel. Elle signe ensuite sa première pièce La folie Disney, co-écrite avec l’auteur-producteur Damien Maric.
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