Colette au Music-Hall
Conception et interprétation de Geneviève de Kermabon
Durée : 1 h 15
Infos & réservation
Thème
Nous côtoyons Colette à une époque moins connue de son histoire quand, après avoir divorcé de Willy, elle se retrouve, telle la cigale, fort démunie pour assurer son quotidien.
Qu’à cela ne tienne : grâce à des amis, peu recommandables selon son milieu, elle obtient un rôle de mime au music-hall. Certes, elle n’a beaucoup d’argent, tout juste de quoi payer son terme, sa nourriture et ses vêtements. Mais surtout, elle a gagné une chose inestimable : sa liberté.
La comédienne Geneviève de Kermabon se glisse dans la peau de Colette et nous raconte sa nouvelle existence.
Points forts
Le talent incontestable de cette comédienne, qui nous présente une Colette frondeuse, résolument en avance sur son époque, ce que nous savions déjà. Imaginez : en 1902, elle s’était fait couper les cheveux jusqu’aux oreilles, à la « mode garçonne », qui allait triompher vingt ans plus tard !
Un moment jubilatoire : la comédienne danse avec un masque de Colette sur le visage et s’aide, pour une chorégraphie millimétrée, d’une fausse paire de jambes. Savoureux.
A travers l’écriture de Colette et grâce au jeu de Geneviève de Kermabon, nous croisons un écrivain plein de vitalité, refusant la bien-pensance que la société tente de lui imposer ainsi que ses carcans incompatibles avec la vie qu’elle entend mener. Elle est joyeuse, se réjouit de la moindre chose, et se débrouille très bien sans subir la férule d’un homme.
Les réflexions de Colette sur la vie en général, les aléas de ses tournées de pantomime, ses déboires, l’amour, l’arrivée de la vieillesse et de ses rides, la solitude, sont empreintes de bon sens, de réalisme et surtout de modernisme. Elle ne craint personne !
Nous apprenons ici que cette dernière avait de multiples talents, outre l’écriture :
elle savait chanter, danser et donc mimer, le tout avec une fantaisie inouïe ;
mais surtout, elle mordait dans la vie à pleines dents, quelles qu’en soient les conséquences. Et cette manière de foncer était inconcevable à l’époque. Elle riait des scandales qu’elle provoquait. Sacrée Colette !
Quelques réserves
- Rien : nous sommes sous le charme pendant une heure quinze…
Encore un mot...
Avec Colette, on est fixé dès le départ avec sa profession de foi : « Je m’appelle Sidonie Gabrielle Colette. Je veux faire ce que je veux… Je veux danser nue si le maillot me gêne et humilie ma plastique. »
Elle ne fait pas de cadeau à Willy : « Après huit années de mariage avec cette brique creuse de Willy … »
Enfin, cette belle réflexion de Jean Cocteau : « Vie de Colette. Scandale sur scandale. Puis tout bascule, et elle passe au rang d’idole. Elle achève son existence de pantomime, d’institut de beauté, de vieille lesbienne, dans une apothéose de respectabilité. »
Une fois de plus, au théâtre de Poche Montparnasse, on retrouve l’esprit de Philippe Tesson dans le choix de la programmation, sa fille Stéphanie ayant suivi les pas de son père. Les spectacles offerts par ce théâtre sont de grande qualité, et laissent une grande part aux classiques, souvent revisités avec audace et talent.
Ici, Colette est remarquablement servie par une formidable comédienne, Geneviève de Kermabon. Celle-ci nous propose une personnalité virevoltante, farceuse, pleine d’humour, se moquant du “qu’en dira-t-on“ et résolument optimiste. A ne pas manquer !
L'auteur
Sidonie-Gabrielle Colette (1873 – Yonne / 1954 – Paris) va profiter de son enfance sereine pour découvrir les grands classiques de la littérature. Elle épouse Willy en 1893. Celui-ci va usurper le nom de Colette et apposer le sien sur les ouvrages écrits par cette dernière, notamment sur la série des Claudine. Ses romans ont tous un aspect biographique.
Après son divorce, elle publie La vagabonde, L’envers du music-hall et En tournée. Suite à sa liaison avec son beau-fils, elle écrit Le blé en herbe. Son autre roman Chéri est adapté au théâtre.
En 1945, elle est élue à l’Académie Goncourt. Souffrant de polyarthrite, Colette décède à Paris en 1954 et est inhumée au Père-Lachaise.
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