Bellini, influences croisées
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Thème
Giovanni Bellini est un peintre italien de la Renaissance, dont l'œuvre s'est développée entre 1460 et 1516, de Florence à Venise. Peintre essentiellement religieux sensible aux nombreuses influences de ses pairs en ces années de foisonnement artistique, architectural et intellectuel, une partie importante de ses œuvres est rassemblée au Musée Jacquemart-André à Paris, pour une première rétrospective présentée en France.
Dans cette exposition, il nous est proposé de voir ses débuts dans l'atelier de son père puis les emprunts à ses proches (son frère, son beau frère Andréa Mantegna, Antonello de Messine, Donatello), à qui il empruntera les attitudes, les compositions, aussi inspirées de l'art byzantin, puis les arrières plans. Ces "parallèles", largement imagées dans l'exposition par des prêts des œuvres des artistes en questions, donneront à son travail une puissance expressive particulière, entre majesté et douleur du message religieux, beauté des couleurs, apposition sur des paysages d'arrière plan d'une finesse exceptionnelle.
Cette exposition, outre celles issues de la collection du Musée Jacquemart-André, est composée d'une cinquantaine d'œuvres, venant des musées de Berlin, Madrid, Rome, Venise, Milan, du Petit Palais et du musée du Louvre ainsi que de nombreux prêts de collections privées dont certaines n'avaient encore jamais été présentées au public.
Points forts
Cette exposition se déploie dans l'espace exposition du Musée Jacquemart-André, au premier étage de cette magnifique demeure devenue musée selon la volonté de ses propriétaires, grands collectionneurs d'art italien. A lui seul, ce musée se visite comme un espace encore habité, meublé de très beau mobilier, vaisselles et tableaux de maîtres acquis du vivant des propriétaires.
La découverte de l'espace exposition offre une ambiance totalement différente, intimiste, avec un accrochage qui valorise des œuvres aux couleurs souvent éclatantes et raffinées, dans un environnement qui inspire le respect, voire le recueillement.
Elle se déroule selon les thèmes des apports successifs à l'identité de Bellini, et en particulier, l'influence - si ce n'est de ses maîtres - de ses contemporains, auxquels il empruntera et métissera leurs spécificités stylistiques. Tout cela est bien expliqué, et même introduit par un petit film présenté dans l'un des salons des collections de la Renaissance italienne, à côté de l'entrée de l'exposition.
Si la thématique religieuse (le Christ, la nativité, la crucifixion, les saints, des épisodes de l'ancien testament…) est très présente, l'exposition propose aussi quelques œuvres profanes ou symboliques, de Bellini autant que des peintres ou sculpteurs dont il s'est inspiré, offrant d'intéressants parallèles dans l'expression de ces thèmes.
Tous ces tableaux sont admirablement restaurés, souvent peints sur bois, très joliment encadrés, et protégés afin de permettre de les approcher de suffisamment près pour en apprécier les détails.
Les Vierges Marie sont belles comme la Renaissance italienne, et il faut remarquer dans le grand nombre traité par Bellini, celles dont le mouvement des mains sur l'enfant Jésus est particulièrement tendre, la seule vierge qui regarde le spectateur (et le seul enfant Jésus - mais il ne figure pas sur le même tableau) ou encore ces harmonies de couleurs magnifiques - dont une Vierge à l'enfant de Giorgione, dans les tons rarissimes de vert amande et lie de vin.
Quelques réserves
Faudrait-il apprécier l'art religieux pour apprécier cette exposition ? Cette réserve est peut-être excessive, car elle témoigne aussi d'une époque et d'un style de peinture que l'on peut découvrir sans sa dimension mystique. Si la thématique vous semble rébarbative, vous apprécierez alors le Musée lui-même. Ses salons ont conservé, selon la volonté de Nélie Jacquemart-André, tout le mobilier et des pièces remarquables du XVIème au XVIIIème siècle, dont beaucoup de tableaux de Maîtres.
Une réserve plus subjective quand même : pourquoi dans les nativités de la Renaissance, les bébés sont - ils représentés de façon si peu réaliste - souvent très grands, ou avec des têtes disproportionnées - alors que les modèles de la Vierge Marie étaient si "pleines de grâce" et "classiquement" jolies ?
Encore un mot...
L'exposition Giovanni Bellini est l'une des deux expositions temporaires organisées chaque année dans le Musée. Elle vaut clairement le détour - que vous veniez pour elle dans cette grande demeure du Boulevard Haussmann à Paris, ou que vous la découvriez au hasard de votre venue dans ce "petit palais" qui fut confié à l'architecte Henri Parent (l'architecte débouté de la construction du Palais de l'Opéra). Il fut considéré, en 1876 lors de son inauguration, comme une réalisation somptueuse - dont son escalier à double révolution tout à fait étonnant !
Une illustration
L'auteur
Giovanni Bellini (1435-1516) est un peintre italien, décrit comme le fondateur de l'école vénitienne à laquelle il apporte une maîtrise alors inédite de la couleur et de la lumière. Son style est décrit comme amorçant la rupture avec l'art gothique, introduisant, entre autres, le paysage, et donc le profane, dans l'expression artistique de la foi. Les tableaux présents à l'exposition, qui témoignent de sa prédilection pour le thème de la Vierge à l'Enfant, ne doivent pas occulter la réalisation de grands retables, dont certains sont encore visibles à Venise, des tableaux mythologiques, et des nus féminins, rares pour l'époque.
Le Musée Jacquemart-André : Construite de 1869 à 1876, la demeure d'Édouard André (fils de banquier, député de Paris dans les années 1860) et de Nélie Jacquemart (peintre), incarne l'esprit du nouveau Paris confié au Baron Haussmann. Réalisé par l'architecte Henri Parent, il révèle le goût de la symétrie architecturale de l'époque, et quelques audaces, dont son escalier. André et Nélie n'auront pas d'enfants. Ils consacreront leur vie à enrichir leurs collections, - notamment d'art italien et modifieront l'architecture du lieu pour en valoriser les œuvres. Nélie Jacquemart-André léguera à sa mort sa demeure à l'Institut de France, pour en faire un lieu largement ouvert au public. Il ne faudra pas manquer lors de la visite, en gravissant l'escalier à double volute qui se trouve à l'opposé de l'entrée du Musée, de découvrir la très grande fresque de Tiepolo datée des années 1750, achetée près de Venise par les Jacquemart-André, et remontée au sommet des marches.
Outre ses collections, le Musée accueille dans un de ses salons, sans doute l'un des plus beaux cafés de Paris, décoré de majestueuses tapisseries. Il n'est pas nécessaire d'être visiteur du Musée pour y déjeuner et/ou prendre une collation - mais - attention, réservation impossible !
Commentaires
Belle exposition; l’impression d’avoir volé à l’Italie quelques uns de ses chefs d’œuvre. L’art religieux est souvent un peu austère mais quelle manière chez Bellini! Et aussi le plaisir sans cesse renouvelé de passer un délicieux moment au Musée Jacquemart André.
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