Des cheveux et des poils

Tout savoir sur l’art éphémère mais essentiel de la coiffure et de la pilosité, du XVe au XXIe siècle. Une belle exposition originale
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Musée des Arts Décoratifs
107 Rue de Rivoli
75001
Paris
Jusqu’au 17 septembre 2023. Le mardi, mercredi, vendredi samedi et dimanche de 11h à 18h - Nocturne le jeudi jusqu’à 21h

Thème

Cheveux et poils sont deux attributs du corps humain qui font l’objet d’attentions, de soins, de codes, d’arrangements parfois très sophistiqués, comme autant d’éléments constitutifs de l’être humain en tant qu’animal social, femmes et hommes confondus.

Il est donc bienvenu d’y consacrer une exposition retraçant l’évolution de leur apparence et du rôle de celle-ci en Europe, du XVe siècle à nos jours, en tant que parure, expression d’identité, affirmation de soi. 

Pourquoi le XVe siècle ? parce que c’est à cette période que les femmes ôtent pour la première fois le voile qui leur couvrait la tête jusque-là et que la coiffure devient une pièce maîtresse des portraits. 

Coiffure, moustache, regard sur la pilosité, deviennent l’objet de modes et connaissent de nombreuses variations pleines d’imagination et riches d’enseignement. 

Pourtant c’est un thème qui a rarement droit à une mise en avant, car évoquer cheveux et poils renvoie aussi à une part intime de soi, pouvant inspirer pudeur, voire gène, rejet jusqu’au dégoût. 

Cette rencontre ambivalente entre les cheveux et poils comme outil valorisé d’appartenance sociale et de séduction et comme objet de rebut, bouscule et enrichit encore cette belle exposition.

Points forts

  • Une exploration de l’évolution de la coiffure féminine au travers des siècles et de son importance grâce à des tableaux et des sculptures, des photographies, mais aussi par la présentation d’ustensiles de coiffage. 
  • Un regard sur la place de l’artifice capillaire, pour les deux sexes, entre perruques, postiches et coloration, au travers de nombreuses pièces et la diffusion d’un film passionnant sur le travail des perruquiers depuis le XVIIe siècle illustrant par exemple la coiffure à « l’hurluberlu » décrite par Madame de Sévigné. Saviez-vous que dès le XVIIe siècle, les perruques étaient convoitées par les voleurs à la tire ? 
  • Une réflexion sur l’ambiguïté de la place du poil, préoccupation partagée par les hommes et les femmes. Faut-il le montrer ou le cacher ? Place du regard de l’autre, du regard sur soi, rapport au corps, guident les variations selon les périodes, tout à tour dissimulation, honte, fierté, revendication.  
  • Une mise en valeur des savoir-faire et des métiers associés, depuis les outils du barbier jusqu’aux créations extrêmement sophistiquées des artistes de la haute-coiffure initiée en 1945
  • Une synthèse de la signification de la coiffure au XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, comme porte-drapeau d’une identité culturelle et politique contestataire. 
  • Enfin, le nouveau regard sur le cheveu, qui de matériau déchet à l’état brut, devient d’objet d’intérêts nouveaux dans une perspective écologique de durabilité. 
  • Une exposition pour tous les publics : les curieux, les joyeux, les imaginatifs, les fans de mode ; et pour tous les âges : ici on peut jouer à la princesse en choisissant sa coiffure préférée face au miroir, s’imaginer perruquier, rêver à la toilette soignée de sa moustache au 19e siècle, et même s’imaginer coiffeur créatif en dessinant sa propre création.

Quelques réserves

Aucune réserve pour cette belle exposition originale.

Encore un mot...

C’est un plaisir de déambuler dans cette exposition très vivante et ludique qui bénéficie d’une superbe scénographie. 
La coiffure est décidément un art décoratif qui méritait cet hommage et qui soulève des questions personnelles profondes en toute légèreté.

Une phrase

“ L'hurluberlu est la nouvelle coiffure à la mode. Elle est à faire rire. J'ai rencontré la Comtesse de Ventadour, sa tête ressemble à un chou, Quant à la Choiseul, elle donne l'impression de déplacer un printemps d'hostellerie.” Lettre de Madame de Sévigné à Madame de Grignan, 1er avril 1671

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