Jeanne Lanvin

Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Palais Galliera
10 avenue Pierre Ier de Serbie
75016
Paris
Jusqu'au 23 août: du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Lu / Vu par Culture-Tops

Thème

Si le nom de « Lanvin » évoque aujourd’hui des costumes impeccables et les robes monochromes d’Alber Elbaz, c’est avant tout celui d’une femme, Jeanne Lanvin, fondatrice, en 1889, de la plus vieille maison de couture française encore en activité. Figure discrète, souvent effacée au profit de ses créations fascinantes, elle incarne, avec Schiaparelli, les Sœurs Callot, Vionnet ou Chéruit, l’un des rares modèles d’entrepreneuriat féminin de son époque. Dans la lignée de l’exposition Alaïa, le Palais Galliera lève le voile sur la personnalité de cette créatrice inlassablement curieuse et impénétrable, membre émérite du cercle restreint de ceux qui ont défini les codes du luxe et de la mode contemporaine.

Points forts

• Prenant le parti de proposer une scénographie remarquablement sobre et dénuée de parcours progressif ou imposé, le Palais Galliera laisse au visiteur le soin d’infiltrer librement l’univers raffiné de Jeanne Lanvin. A mesure qu’il découvre les thèmes qui en ont inspiré les créations, sa personnalité se dessine au filigrane : mère avant d’être femme – sa plus grande source de créativité n’est autre que sa fille Marguerite, dont la relation fusionnelle a inspiré le logo de la maison –, elle puise son inspiration dans des domaines aussi éclectiques que les œuvres de Fra Angelico, les vitraux gothiques, l’Art Déco ou les broderies ethniques, dont la combinaison crée d’étonnantes robes du soir, aussi précieuses qu’intemporelles. Mais au-delà du vêtement, c’est en réalité l’intimité d’une créatrice mise à nue que perçoit le visiteur, lorsqu’il découvre – avec une certaine émotion – ses carnets de voyage ou son nécessaire de toilette.

• Subtilement encore, le visiteur fait l’expérience du rythme et de l’exigence auxquels sont confrontées les grandes maisons de couture à l’orée du XXème siècle : chacune des pièces allie matières et savoir-faire rares, du matelassage à la broderie sur soie – les robes s’appellent Maharanée, Impératrice ou Salambo, et sont portées par les plus grandes élégantes de Paris. Les heures glorieuses de la Haute-Couture s’incarnent dans ces créateurs-prescripteurs, qui accolent leurs noms à un style, une forme ou une couleur, le « bleu Lanvin » devenant alors un symbole universel de la maison.

• De par sa sobriété et sa modernité, l’exposition fait remarquablement honneur à certaines pièces qui, dans un cadre différent, auraient pu nous échapper, et que l’on croirait tout droit sorties d’une collection récente : parmi elles, la robe noire et blanche Sèvres et son négatif Concerto, créées en 1934 et rebrodées de clous ; le maillot de bain en velours de soie noir, entièrement cousu de sequins et porté par la vicomtesse de Noailles au bord de sa piscine en 1924; ou encore l’ensemble de croquis de sweaters réalisés pour un dépôt de modèles en 1929; tout cela contribue à raviver la contemporanéité du style Lanvin.  

• Enfin, le visiteur averti appréciera la discrétion dont fait preuve le directeur artistique de la maison, Alber Elbaz, en poste depuis 2001 : celui qui a su faire renouer la marque avec la croissance a aussi collaboré à la réalisation de cette exposition, effectuant un important travail de mise en scène et de réhabilitation du patrimoine façonné par ses prédécesseurs, n'expose aucune de ses propres créations. Si son talent n’est plus à démontrer, il s’attèle malgré tout à rendre à Lanvin ce qui est à Lanvin : le talent, l’héritage et le style d’une créatrice hors-norme avant toute autre chose.

Quelques réserves

Voulant exprimer l’éveil de certaines robes, conservées dans les archives depuis des dizaines années, le Palais Galliera a fait le choix étonnant de présenter certaines pièces, simplement posées dans des vitrines horizontales, surmontées de larges miroirs, pour – théoriquement – mieux en saisir les détails. Si la mise en scène est originale et la volonté appréciable, il semble pourtant que l’exposition n’y gagne pas grand-chose ; au contraire, les robes, plus inanimées qu’endormies, finissent par perdre leur pouvoir d’enchantement.

Encore un mot...

Un magnifique hommage à la femme Jeanne et à la maison Lanvin, qui réaffirme sa suprématie sur l’histoire et le patrimoine de la couture moderne.

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