Samuel Fosso sous toutes les coutures

L’œuvre de Samuel Fosso : l’autoportrait comme un combat
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Maison européenne de la photographie
5/7 rue de Fourcy
75004
Paris
01 44 78 75 00
Mercredi et vendredi 11h – 20h, Jeudi 11h – 22, lLe week-end 10h – 20h (Créneau réservé aux abonnés le dimanche de 10h à 11h). Fermé lundi et mardi
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La MEP propose la première rétrospective du photographe camerounais, spécialiste de l’autoportrait, Samuel Fosso, couvrant l’intégralité de son œuvre de 1970 à nos jours. 

La vie de Samuel Fosso étant indissociable de son parcours professionnel, l’exposition mêle cheminement personnel et artistique.  

Né au Cameroun, Samuel Fosso grandit au Nigéria, avant de fuir la guerre civile pour s’installer chez son oncle en Centrafrique en 1972. 

A Bangui, il ouvre son premier studio photographique, le Studio photographique national. 

Le jour, il photographie ses clients. La nuit, il se met en scène et développe son goût de la performance dans des autoportraits qui deviendront sa marque de fabrique. Ainsi débute la vie et la carrière extraordinaires de Samuel Fosso, aujourd’hui consacré comme l’un des artistes incontournables de la scène artistique contemporaine.

Conçue chronologiquement, cette rétrospective retrace plus de 50 ans de carrière, à travers 300 photos issues de séries relevant à la fois de l’intime et du politique. 

Les premières salles sont consacrées aux travaux réalisés de 1970 à 1990 : travaux de commande et premiers autoportraits, inspirés des figures afro-américaines de la pop culture. Suit la série emblématique Tati (1997), dans laquelle Samuel Fosso se met en scène avec humour dans des personnages archétypaux tels Le rockeur, Le pirate ou encore La femme américaine libérée des années 70

Les deux séries suivantes s’inscrivent dans un registre plus personnel. Avec Mémoire d’un ami (2000), il raconte l’assassinat d’un ami par une milice et rejoue en images sa dernière nuit. Le rêve de mon grand-père (2004) est un hommage à cette figure majeure de la communauté Igbo qu’était son aïeul, auquel il était voué à succéder. 

La deuxième partie de l’exposition s’ouvre sur ses œuvres plus iconiques. Pour African Spirits (2008) il incarne les grandes figures noires du 20e siècle (Martin Luther King, Malcolm X, Angela Davis…). Dans Emperor of Africa (2013), il s’approprie et reproduit l’iconographie officielle de Mao Zedong, dénonçant en creux le pouvoir de la Chine sur l’Afrique. Avec Black Pope (2017), vétu de l’apparat réservé au souverain pontife, Samuel Fosso incarne cette fois un pape noir, avec cette question sous jacente : et si le pape était Africain ? 
Le dernier espace est consacré à la série Sixsixsix (2015-2016), dans laquelle Samuel Fosso mime, à travers 666 autoportraits, les différents états émotionnels qui le traversent. Le témoignage d’une vie, avec ses traumatismes et ses joies.

Points forts

La rigueur et la précision avec laquelle Samuel Fosso exécute ses œuvres. Rien n’est laissé au hasard dans ses images, de l’usage de la lumière ou du cadrage au détail infime d’une pose qu’il reproduit, en passant par la justesse incroyable des expressions qu’il mime. 

Les vêtements, costumes et accessoires deviennent chez Samuel Fosso des outils à part entière dans la fabrication de l’image, celui-ci allant par exemple jusqu’à faire appel au tailleur du pape pour interpréter au plus près son Black Pope. 

Une scénographie qui fait la part belle à ces autoportraits dont certains sont représentés quasiment à l’échelle. 

Le mélange des genres entre intime et politique : on navigue en permanence entre souvenirs personnels et conscience collective, ce qui donne une résonance particulièrement forte à son propos. 

Un parti-pris irrévérencieux qui sort des codes habituels pour faire passer un message fort avec humour.

Quelques réserves

Pas de réserve.

Encore un mot...

Au-delà de la qualité de cette exposition, j’ai été touchée par le parcours de cet homme né avec un handicap, exclu des portraits de famille pendant l’enfance, qui, au gré de ses métamorphoses, a pris sa revanche sur l’existence.

Une illustration

Une phrase

« Quand je travaille, c’est toujours une performance que je choisis de faire. Je considère mon corps comme appartenant à d’autres sujets, à la personne que je suis en train de reproduire afin de traduire son histoire. » 

« J'étais un enfant anormal et que tout le monde rejetait. Quand je suis devenu photographe, j'ai eu envie d'être tout le temps élégant, en vogue. À partir de là, j'ai commencé à faire des autoportraits. »

L'auteur

Samuel Fosso vit entre la France et le Nigéria.

Né en 1962 au Cameroun, Samuel Fosso y passe les deux premières années de sa vie. Atteint d’une paralysie des jambes que l’on ne parvient pas à soigner, sa mère le conduit auprès de son grand-père, chef de tribu au Nigéria, qui le guérit grâce à la médecine traditionnelle. 

Il grandit au Nigéria, avant de fuir la guerre civile pour s’installer chez son oncle en Centrafrique en 1972. Il ouvre son premier studio photographique, le Studio photographique national en 1975. Il a alors 13 ans. 

Depuis ses débuts dans les années 70, Samuel Fosso, à l’instar de Malick Sidibé et Seydou Keïta, a fait de la photographie de studio son terrain de prédilection. 

Pour la première fois exposés en 1994 lors des Rencontres Africaines de la photographie de Bamako, ses autoportraits y rencontrent un franc succès. 

Depuis lors, les autoportraits de Samuel Fosso sont présents dans les collections des musées les plus prestigieux, où l’artiste est régulièrement invité à exposer son œuvre (Tate Modern, Centre Georges Pompidou, Fondation Louis Vuitton, MoMa, Guggenheim…)

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