SOPHIE CALLE, LES FANTÔMES D'ORSAY

Les fantômes de Sophie à Orsay. On aurait aimé retrouver l’humour et la patte si singulière de l’artiste
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Musée d’Orsay
Esplanade Valéry Giscard d'Estaing
75007
Paris
01 40 49 48 14
Jusqu’au 12 juin 2022, du mardi au dimanche 9h30 - 18h. Nocturne le jeudi jusqu'à 21h45. Fermé tous les lundis
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Thème

Entre 1978 et 1979, Sophie Calle a séjourné plusieurs mois dans l’hôtel abandonné qui jouxtait la gare d’Orsay, construit à l’occasion de l’exposition universelle de 1900, avant que celle-ci devienne le musée que l’on connaît. 

Elle prend ses quartiers dans la chambre 501, la dernière du dernier étage. Elle fait des photos, rassemble des objets, des fiches clients ou des notes adressées à Oddo, un employé de l’hôtel, dont elle se prend à imaginer l’identité.  

A cette époque, Sophie Calle n'est pas encore une artiste en devenir. Elle remise alors ses trophées dans son atelier. Jusqu’à ce que le musée d’Orsay lui propose, quarante ans plus tard, d’en faire une exposition. 

Dans une première salle, le trésor de l’hôtel, composé de photos, de plaques de porte, de vieux téléphones, ou de factures d’électricité, s’expose accompagné des textes de Jean-Paul Demoule, l’archéologue invité par l’artiste. 

Chaque objet est illustré de deux commentaires : l’un, factuel, en noir, l’autre, imaginaire, en bleu, celui que pourrait écrire un archéologue qui découvrirait ces objets dans mille ans. 

De retour à Orsay pendant le confinement, Sophie Calle retrouve dans ce musée abandonné l’émotion vécue des années en arrière. 

Dans une deuxième salle, en écho à ses fantômes d’Orsay avant Orsay, l’artiste expose ainsi ses photographies des tableaux iconiques du musée déserté de ses visiteurs. Dans son objectif, Les Coquelicots de Monet, La Nuit étoilée de Van Gogh, Les Raboteurs de parquet de Caillebotte ou encore La Petite danseuse de Degas se muent à leur tour en fantômes. 

Points forts

Les photographies des tableaux dans la pénombre donnent à ces œuvres emblématiques une tonalité différente, intime, et renforcent l’impression de plonger dans la scène à l’instar d’un spectateur qui observerait, dissimulé derrière une porte. 

Les fantômes d’Orsay marquent le trait d’union entre la Sophie Calle encore inconnue, et l’artiste qu’elle est devenue. Pour paraphraser Donatien Grau, responsable des programmes contemporains à Orsay, cette exposition, "c'est Sophie Calle avant Sophie Calle, la genèse d'une méthodologie” : les objets collectés qui racontent une histoire imaginée, un récit qui mêle textes et photographie.

Quelques réserves

Au-delà de la rigueur de la scénographie, le fil narratif de l’exposition m’a semblé inabouti. Tous les ingrédients qui composent le style Sophie Calle sont réunis : les images, les objets, les textes qui racontent une histoire, et pourtant celle-ci ne m’a pas embarquée. 

La forme des commentaires en illustration des objets présentés m’a gênée. Trop longs, descriptifs et répétitifs dans le procédé, je les trouve plus adaptés au format livre qu’à une exposition. Rédigés par l’archéologue et non par Sophie Calle, ils m’ont semblé manquer du relief et du décalage que j’étais venue chercher.

Encore un mot...

Grande fan de Sophie Calle, je suis « restée sur ma faim », en me demandant où était passé ce mélange subtil de drôlerie, de sensibilité et d’auto dérision qui caractérise habituellement l’artiste et son œuvre. J’aurais aimé retrouver son humour, sa patte si singulière. Finalement, l’ensemble m’a donné l’impression d’une artiste en manque d’inspiration qui a pioché dans ses vieux souvenirs à défaut d’une idée nouvelle. 

Une phrase

- « Fin 1978, à la hauteur de l’ancienne gare d’Orsay, j’ai remarqué une toute petite porte en bois. Je l’ai poussée. Elle a cédé. Un escalier monumental, cinq étages, une salle de bal, des cuisines, de longs corridors desservant plus de 250 chambres ».
Extrait
article Le Parisien

- “Après coup, j'ai compris qu'il s'agissait peut-être de mon premier projet, débuté avant même Les Dormeurs (1979) et Suite vénitienne (1980)”, confie Sophie Calle.
Extrait article Time Out

L'auteur

Artiste plasticienne, photographe, écrivaine, romancière, Sophie Calle naît le 9 octobre 1953 à Paris, d’un père collectionneur d’art et d’une mère passionnée de littérature. Elle se fait connaître du grand public en 1979 quand elle invite des inconnus à dormir dans son lit. Une galerie d’anonymes qu’elle rassemble dans un livre : Les Dormeurs (Actes Sud, 2001).

A la même époque, elle commence à suivre des gens dans la rue et à les photographier au gré de leurs errances. Une habitude qui la conduit jusqu’à Venise, et donne lieu à Suite vénitienne en 1980. La même année, elle est invitée à la biennale de Paris où elle est repérée comme jeune révélation. Sa carrière démarre officiellement. 

Depuis lors, Sophie Calle n’a eu de cesse de mettre en scène sa vie pour faire œuvre, associant la plupart du temps image et narration, racontant tantôt sa propre vie ou celle des autres. Avec un leitmotiv : raconter des histoires. Des récits souvent drôles, décalés, émouvants. 

En 2002, elle demande ainsi aux visiteurs de la Nuit blanche de la maintenir éveillée en lui racontant une histoire (Chambre avec vue, 2002). Cinq ans plus tard, elle sollicite des femmes pour interpréter un mail de rupture qu’elle a reçu (Prenez soin de vous, Actes Sud, 2007). Et plus récemment, Sophie Calle investissait le musée de la Chasse et de la nature dans une exposition où elle interrogeait notamment son public sur le deuil avec cette question : que faites-vous de vos morts ? (Beau doublé, monsieur le marquis, 2017). 

Artiste de renommée internationale, son travail est exposé dans les plus grandes institutions mondiales.

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