Tina Modotti, l’oeil de la révolution

Une émigrée photographe, témoin engagé des bouleversement politiques du début du XXe siècle
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Musée du Jeu de Paume - Jardin des Tuileries
1 Place de la Concorde
75001
Paris
Du 13 février au 12 mai. Du mercredi au dimanche de 11h à 19h - Nocturne le mardi jusqu’à 21h

Thème

Tina Modotti est une photographe italienne née en 1896, émigrée à 16 ans en Californie en 1913. Jeune ouvrière textile, elle découvre le monde artistique et intellectuel d’abord au travers du théâtre amateur. Puis sa passion pour la photographie se révèle lors de sa rencontre avec le photographe Edward Weston. Leur installation ensemble au Mexique en 1923 marque pour l’artiste le point de départ de son engagement et de son style, comme une nouvelle naissance. Intégrée au cercle des artistes et intellectuels locaux dans un pays en plein bouleversement politique et social, elle se détache de l’esthétique formelle de Weston et commence un travail très personnel centré sur le témoignage artistique du réel, trouvant sa source à la fois dans son origine modeste, son statut d’émigré et son regard de femme. Elle photographie la rue, les campagnes, les manifestations, les fêtes populaires, les héros de la révolution, les femmes. Son engagement au sein du Parti Communiste renforce la dimension militante de son œuvre qui évolue vers le symbolisme politique. 

Son œuvre, contribution majeure à la photographie des années 20,  offre un regard unique sur la condition des démunis et le déploiement d’un nouvel imaginaire pour les femmes mexicaines. Son œil en fait également une inspiratrice majeure pour les générations ultérieures de photographes au Mexique.

Points forts

  • La première rétrospective consacrée  à l’artiste en France.

  • Une œuvre influencée par l’histoire du monde : la vie de Tina Modotti est jalonnée de découvertes, d’expériences et d’épreuves qui font d’elle un témoin privilégié des profonds bouleversements des années 20 qui marquent encore de façon décisive la période contemporaine : émigration économique européenne vers l’Ouest, naissance du cinéma, essor de l’art militant, réformes agraires et émergence des revendications culturelles indigènes, affirmation politique de l’idéal communiste

  • Un travail au spectre large, du photojournalisme à la représentation symbolique du message politique

  • La trace de sa collaboration et sa proximité avec les grands artistes mexicains de son temps : illustrations de revues, documentation du travail des premiers muralistes modernes comme Diego Rivera, le compagnon de Frida Kahlo

  • Sa contribution par son regard, à la naissance d’une nouvelle place et d’un nouveau rôle pour les femmes.

  • Tina Modotti  fascine par la fulgurance de son œuvre, concentrée sur sept ans, dans laquelle se reflètent et se marient, la flamme puissante de son engagement, sa sensibilité, l’acuité de son regard, l’empathie et l’humanisme au coeur de ses convictions, sans jamais négliger la qualité esthétique.

Quelques réserves

Aucune. Une belle opportunité de mieux connaître cette photographe, dans un riche contexte historique et géographique. 

Encore un mot...

L'exposition est enrichie à de nombreux égards. Notamment, le 30 avril à 19h, une conférence sur « Une généalogie de l’art militant au Mexique de 1920 à nos jours », par Annabela Tournon, historienne de l’art.

Une illustration

Tina Modotti, "Mère et bébé à Tehuantepec", 1929, tirage gélatino-argentique réalisé par Manuel Álvarez Bravo. (GALERIE THROCKMORTON FINE ART, NEW YORK)

Une phrase

« Je ne cherche pas à produire de l’art mais des photographies honnêtes, sans avoir recours à des truquages ou à des artifices, alors que la majorité des photographes continuent à rechercher des effets artistiques ou à imiter d’autres expressions plastiques. Cela donne un produit hybride, qui ne nous permet pas de distinguer dans l’œuvre sa caractéristique la plus significative : sa qualité photographique. » Tina Modotti, Sobre la fotografía [Sur la photographie],in Mexican Folkways,vol. 5, no 4, oct.-déc. 1929 

L'auteur

La vie de Tina Modotti est marquée par le mouvement et les épreuves, au cœur d’un monde en pleine transformation.

Arrivée en 1913 à 16 ans à San Francisco dans les pas de son père, émigré économique italien, Tina Modotti commence par travailler dans une usine textile avant de fréquenter les milieux culturels et intellectuels de Los Angeles où elle s’installe avec le  poète Roubaix d’Albrie Richey, rencontré grâce au théâtre amateur. 

D’abord modèle et actrice de cinéma à l’occasion, elle devient elle-même photographe quand elle s’installe au Mexique en 1923 avec Edward Weston devenu son compagnon.  Sa découverte du pays est déterminante. 

Par ses œuvres, elle commence à conjuguer recherche d’excellence formelle et dénonciation des injustices sociales, dans un pays en pleine effervescence post-révolutionnaire. Son engagement politique s’intensifie après son adhésion  au parti communiste en 1927 et devient le fil conducteur de son travail. 

A la suite de son expulsion du pays en 1930, elle part vivre en Union Soviétique ; elle interrompt alors son travail photographique pour se consacrer à l’action politique, en particulier au sein du Secours Rouge International (SRI). Le parti l’envoie en 1937 en mission en Espagne pour coordonner l’action du SRI au service des prisonniers politiques et leur famille. 

La même année, elle participe au IIe congrès international des écrivains pour la  défense de la culture, auquel prennent part Malraux, Hemingway, Robert Capa.

Elle retourne en 1939 au Mexique avec son nouveau compagnon, Vittorio Vidali, agent secret et homme politique communiste  italien. Elle meurt en 1942 d’une crise cardiaque, à 46 ans. 

Son œuvre tombée dans l’oubli sort de l’ombre dans les années 70.

Commentaires

Pugibet
jeu 11/04/2024 - 16:55

Effectivement Tina Modotti est une artiste reconnue au Mexique mais hélas méconnue en France. L’exposition a le mérite de la faire connaître et de présenter une très belle sélection de ses œuvres.

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