Sous le regard de Méduse, de la Grèce antique aux arts numériques

Figure terrible de la mythologie, elle a fasciné de nombreux artistes au fil des siècles... Exceptionnelle exposition !
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Musée des Beaux Arts de Caen (entrée dans le château) Calvados
02.31.30.47.70
jusqu'au 17 septembre 2023. Ouvert du mardi au vendredi de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 18h. Les week-ends et jours fériés de 11h à 18h.

Thème

 Méduse , avec ses "yeux qui tuent", incarne, depuis 27 siècles, les terreurs humaines. Cette figure mythologique est ici présentée sous tous ses aspects : histoire et représentations artistiques, de l'Antiquité  jusqu'aux  interprétations contemporaines (jeux vidéo, BD, arts numériques...). 

65 œuvres sont exposées. Le parcours est divisé en 5 sections : 

- La première est consacrée à l'Antiquité (Homère, Ovide, Apollodore...). Les premières représentations de Méduse datent du VIème siècle avant J-C. On la retrouve sur les frontons des temples, les boucliers, les vases (plusieurs sont ici exposés). Avec ses yeux écarquillés, elle exprime aussi bien l'horreur que le grotesque.  Cette image primitive va évoluer progressivement tout en conservant ses caractéristiques essentielles : un regard fixe, une chevelure de serpents. 

- La deuxième section évoque Méduse au Moyen Age. Si elle est très discrète dans l'art chrétien, elle n'est toutefois pas ignorée, en particulier dans les textes dont les enluminures font d'elle une figure du péché tandis que Persée, qui la tue, symbolise la victoire du bien sur le mal. 

- La troisième section aborde la Renaissance et les XVIIe et XVIIIe siècles où Méduse est enfin  retrouvée, montrée d'une manière aussi proche que possible de son histoire relatée notamment par Ovide : un monstre ! Persée joue alors un rôle dominant dans les œuvres, notamment de Vinci, de Nattier ou encore de Cellini... 

- La quatrième section aborde les XIXe et XXe siècles, où les artistes retrouvent en méduse une jeune fille fascinante bien que terrifiante. Les sculpteurs s'en donnent à cœur joie : Rodin, Giacometti, Bourdelle... 

- La cinquième et dernière section propose des figures de Méduse plus contemporaines, parfois caricaturales, à travers une dizaine d'artistes (affichistes, photographes, dessinateurs...). Elle est utilisée pour symboliser la peur du désir de la femme ou la dureté des combats politiques !

Points forts

L'exposition est particulièrement intéressante autant par les œuvres artistiques proposées que par les textes explicatifs. Le parcours, bien conçu et clairement découpé, pédagogique, permet de suivre l'évolution de la représentation de façon agréable. 

Le musée de Caen a réussi là une exposition exceptionnelle, dont on peut féliciter le commissaire et historien d'art Alexis Merle du Bourg ainsi que la conservatrice Emmanuelle Delapierre, assistée de  Lucie Rochette. 

On ne saurait oublier de recommander le catalogue, 400 pages couleur, éditions In Fine, en vente à la boutique du musée (39 €).

Quelques réserves

Un conseil : faufilez-vous entre les nombreux groupes d'écoliers (naturellement bienvenus) et, de préférence, visitez l'exposition dès l'ouverture !

Encore un mot...

Rappelons brièvement son destin : Méduse fait partie des trois Gorgones, créatures monstrueuses, mais elle seule est mortelle. Persée va les affronter, muni du bouclier d'Athéna qui lui servira de miroir pour éviter de regarder Méduse en face. Muni de sandales ailées, il vola au-dessus des trois soeurs et trancha le cou de Méduse. De son sang, naquit Pégase, merveilleux coursier ailé...  La tête de Méduse devint la propriété d'Athéna qui la fixa sur le bouclier de Zeus qu'elle portait toujours pour lui. 

Une phrase

De Jean-Pierre Vernant : "Méduse est partout où il s'agit d'éloigner le mauvais sort, ou son caractère d'épouvante est censé repousser l'épouvantable" (in La mort dans les yeux, 1985.

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