CIGARETTE GIRL

Goût et saveur d’Indonésie
De
Ifa Isfansyah et Kamila Andini
Série Indonésienne
NETFLIX :1 saison (5x 65’)
Sortie le 2 novembre 2023
Avec
Dian Sastrowardoyo, Ario Bayu, Rukman Rosadi, Putri Marino, Arya Saloka, Ibnul Jamil…
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

C’est un drame romantique auquel nous invite cette série. Nous voilà transportés en Indonésie, dans les années 1960, au cœur d’une fabrique de Kretek. Ces industries traditionnelles de cigarettes locales (encore appelées cigarettes aux clous de girofle) fleurissaient alors ; nombreuses, de taille plus ou moins grande, elles concouraient à l’économie des régions. Inutile de dire que la concurrence y faisait rage. Ce point est d’importance car il va soutenir le drame qui va naître dans la fabrique d’Idroes Moeria, drame au cœur duquel allaient se jouer, en 1965, les destins croisés de sa fille (Dasiyah) et de son contremaître (Soeraja).

Au départ de la série, Soeraja, malade et sentant sa fin arriver, veut absolument retrouver celle qui fut son 1er amour et son inspiratrice ; il confie alors une mission à son dernier fils (Lebas) : celle de retourner sur les terres de la fabrique à la recherche de Dasiyah. Une fois sur place, Lebas va alors découvrir non pas Dasiyah mais des lettres qui vont le mettre sur le chemin de la vérité.

Points forts

  • La forme narrative, par le biais de l’épistolaire, nous fait cheminer dans un temps fait « d’allers et retours » entre 1960 et 1990 sans jamais se perdre ; le spectateur va ainsi glisser avec facilité du passé au présent et vice versa, s’attachant de plus en plus aux différents protagonistes de cette histoire. 
  • Un parfum de sensualité est omniprésent dans les 5 épisodes ; il s’exhale de la cigarette manipulée avec délicatesse, humée avant d’être fumée, et savourée ; ce parfum de sensualité enveloppe nos héros dans leur façon de se mouvoir, de se regarder ; un comportement tout en nuances s’exprime aussi bien dans leurs paroles et leurs non-dit que dans leurs regards ; une profondeur des liens s’établit entre-eux auquel le spectateur ne peut être insensible ; quelle leçon d’élégance !
  • Les acteurs, tous autant qu’ils sont, ont un jeu empreint de justesse et de finesse ; comme très souvent mentionné dans mes chroniques sur les séries des pays asiatiques, ils “sont” les personnages.
  • La beauté des prises de vue, de la lumière ...

Quelques réserves

Aucune pour qui aime laisser le temps au temps et se fondre dans cette histoire romantique.

Encore un mot...

Cigarette Girl est un voyage dans le temps et dans un lieu envoûtant. Voyage d’abord d’un point de vue politique : une tranche de l’histoire de ce pays, inconnue pour la plupart des occidentaux, montre les massacres qui eurent lieu en 1965-1966.

Pris dans l’histoire, on n’a qu’une envie : celle de se précipiter sur google pour en apprendre davantage. La répression de cette année 1965 fut déclenchée par le parti musulman et le parti national indonésien, tous deux encadrés par les forces armées indonésiennes, contre le PKI (le Parti communiste indonésien, qui à l’époque était le plus important, après ceux de la Chine et de l’URSS) et ses sympathisants. Résultat : un bilan de 500.000 à 3 millions d’individus massacrés !

Voyage aussi dans une mesure sociale plus intime puisqu’il interroge sur la place que la société d’alors réservait à la femme ; on apprend ainsi que le but ultime pour elle ne pouvait être que le mariage et la famille. Or ici, Dasiyah fait figure de « féministe » ; son souhait est d’exister dans le monde de la Kretek. Désireuse de découvrir de nouvelles saveurs, elle veut la faire évoluer et pour cela elle a du talent ! Elle fait aussi preuve de ce que l’on nomme aujourd’hui le sens du marketing. Il faut dire que jusqu’alors son père s’était toujours référé à elle, l’impliquant dans son entreprise, jusqu’à ce que l’âge et donc le mariage mettent fin à ses rêves.

Dans ce conte, jouant entre la découverte sous forme épistolaire des évènements du passé et le renvoi au présent que vivent 2 jeunes adultes, s’enfonçant de plus en plus loin dans la vie de leurs parents, on ne peut que voir se dessiner en filigrane « Sur la route de Madison » où là aussi les lettres post mortem découvertes par les enfants de Francesca (M. Streep) ont permis de dévoiler l’amour  de cette dernière pour le photographe Robert Kincaid (C. Eastwood) sacrifié sur « l’hôtel » de la famille qu’elle avait préalablement conçue.

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