Lidia Poët fait sa loi
6 épisodes, février 2023
Une série de Guido Iuculano et David Orsini
avec Matilda De Angelis, Pierluigi Pasino, Eduardo Scarpetta
Durée des épisodes : environ 50 mn
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Thème
Lidia Poët vient de terminer ses études d'avocats, et fait sa demande d'inscription au barreau de Turin. Nous sommes en 1883, elle est la première femme en Italie à formuler cette demande. D'abord inscrite, elle est finalement révoquée, parce que femme - ce serait inconvenant dans une cour, et célibataire, elle ne dispose pas d'autorisation maritale - indispensable à l'époque pour qu'une femme puisse exercer un métier.
Profondément meurtrie dans son désir de défendre la justice pour les faibles et le droit des femmes, elle convainc son frère, lui-même avocat, de la laisser travailler avec lui. Ici s'arrête l'histoire, ici commence la fiction.
Dotée d'un fort caractère, habile, intelligente et déterminée, elle va s'emparer des affaires criminelles de Turin, et chercher à démonter les accusations qui frappent des suspects qui lui semblent injustement arrêtés. Un dessinateur suspect du meurtre d'une danseuse, une syndicaliste d'une dirigeante d'usine, un jeune homme de son père, une chercheuse d'un professeur d'université, une aliénée d'un industriel influent, ou encore un client d'une prostituée… Lidia va devoir faire preuve de beaucoup d'ingéniosité pour démêler le vrai du faux, et défendre autant que possible sa cause auprès du procureur de Turin, qui, bien entendu, ne veut pas entendre parler d'elle.
Points forts
Cette "mini série" italienne associe aux décors de Turin à la fin du 19ème siècle, ceux de belles demeures bourgeoises, des costumes très réussis, et des comédiens convaincants.
La mise en scène, en doublant les gros plans, les séquences longues sur les visages des protagonistes, donne une "couleur" et un rythme à l'ensemble des épisodes que l'on pourra enchaîner avec une certaine (et courte) addiction.
Les enquêtes, car c'est surtout de cela qu'il s'agit, se déroulent au cœur de la famille de son frère avocat, mêlant les uns et les autres, prétextes à des développements connexes, dont les amours de Lidia et ses relations avec sa nièce, enfermée dans la rigueur bourgeoise de son milieu.
Une mention particulière pour Matilda de Angelis, dont le jeu tout en finesses d'expressions, ne peut que rappeler, à ceux qui l'ont apprécié, celui d'Anya Taylor Joy dans Le Jeu de la Dame. Outre l'authenticité de son charme, ses costumes, bijoux et coiffes sont assez raffinés pour composer les qualités esthétiques de la série.
Les personnages secondaires, au premier rang desquels Pierluigi Pasino (le frère avocat), Dario Aita (l'amant qui semble inspiré de Corto Maltese), et Eduardo Scarpetta (osons le dire, l'autre amant, lui aussi un peu louche…), sont tous crédibles dans leur rôle - pas de fausse note !
Bien qu'à ce jeu là (celui des fausses notes), je vous invite à identifier la porte de la taverne en barre inox peinte en bordeaux, et son enseigne qui semble sortie de l'imprimerie offset !
Quelques réserves
Inspirée d'une histoire vraie ? Outre une ambiance bourgeoise de fin de 19ème siècle bien restituée, vous ne trouverez de vrai dans cette série que le pitch et un petit fil conducteur tissé avec les luttes contre les préjugés contre les femmes, pour des aventures qui naviguent plutôt entre Adèle Blanc Sec, Sherlock Holmes, Arsène Lupin, voire Tom Raider. Le trait est un peu forcé, mais dans ces épisodes, la belle et effrontée Lidia est tout sauf une avocate ! Ce sera, pour les amateurs d'action, plutôt une bonne surprise !!!
Encore un mot...
Lidia fait sa loi est un titre à double sens, qui ne parle que très accessoirement du combat de cette turinoise qui n'obtiendra gain de cause que 35 ans plus tard. Prétendre cette série "féministe et engagée" agace un peu du fait du caractère si manifestement commercial et politiquement opportuniste de cette affirmation.
Série assez "flash" par le rythme et l'action imprimés à chaque épisode, par les décors, la crédibilité de scènes tournées sans fausse pudeur, portée par le charme et l'énergie de l'actrice principale, elle sera certainement appréciée du public comme un bon divertissement. Ce n'est pas injustifié, ce n'est pas autre chose. Ce cocktail, à savourer en version originale (italienne) milite pour une suite, mais qui abandonnerait son alibi historique, afin de poursuivre les aventures de cet archétype d'héroïne que l'on rencontre plus dans les bandes dessinées que dans le cinéma ou les séries !
Une phrase
Guido Iuculano et David Orsini sont scénaristes, réalisateurs et italiens !
Matilda De Angelis est italienne, actrice, musicienne et chanteuse. Elle commence sa carrière d'actrice en 2015 (à 20 ans). On la retrouve dans des séries, dont The Undoing (avec Nicole Kidman et Hugh Grant) et une dizaine de films, qui lui valent plusieurs prix de révélation féminine et de seconds rôles.
Commentaires
Chouette série.
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