Gargantua

Mieux est de ris que de larmes écrire / Pour ce que rire est le propre de l’homme
De
François Rabelais
Adaptation de Pierre-Olivier Mornas
Musique de François Peyroni
Durée : 1 heure 10
Mise en scène
Anne Bourgeois
Avec
Pierre-Olivier Mornas
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de Poche - Montparnasse
75, Boulevard du Montparnasse
75006
Paris
01 45 44 50 51
Du 1er septembre au 29 octobre 2023, du mardi au samedi à 19 heures, dimanche à 15 heures

Thème

  • Le comédien qui a adapté la pièce interprète d’abord Rabelais pour nous la présenter. Nous faisons connaissance avec les personnages de Grandgousier, père de Gargantua et de ce dernier. 
  • Rabelais nous narre la naissance, puis la vie menée par Gargantua encadré de doctes précepteurs et il insiste sur l’éducation de celui-ci, fondée sur les thèmes de la philosophie et de l’humanisme.

Points forts

  • La grande modernité de Rabelais, pour qui la priorité allait à l’éducation, l’hygiène, la propreté et les qualités de cœur. L’auteur était un profond humaniste avant l’heure et applique la célèbre sentence d’Erasme : « On ne naît pas homme, on le devient. »
  • Les deux autres grandes qualités prônées par Rabelais sont la gaieté et la truculence : toute cette éducation est joyeuse et excessive, à l’instar de repas « pantagruéliques » ! Nous pataugeons allègrement dans l’énormité.
  • Le récit de la naissance de Gargantua est épique : déjà sa mère Gargamelle s’empiffrait sans vergogne en l’attendant, mais naître par l’oreille en criant « A boire ! A boire ! A boire ! » est peu commun ! A cette époque, on ne s’embarrassait guère de finesse pour donner moults détails scatologiques, mais l’ensemble est tellement joyeux et exagéré que nous nous esclaffons.
  • Nous passons de descriptions triviales et abondantes à, soudainement, un langage châtié et un vocabulaire précieux. L’alternance est savoureuse.
  • Enfin et surtout, nous assistons à une performance époustouflante du comédien Pierre-Olivier Mornas, plus vrai que nature, prenant les spectateurs à témoin avec humour, nous livrant de temps en temps des anecdotes « succulesques », et terminant son récit d’un bon conseil : « Vivez joyeux ! »

Quelques réserves

  • Nenni, on en redemande...

Encore un mot...

  • Ce spectacle est une réussite, qui nous montre Rabelais en précurseur et en humaniste accompli. Ainsi, ce n’est pas Grandgousier qui déclare la guerre à Picrochole sensé être son ami mais l’inverse et, lorsque Gargantua remportera le combat, il soignera et récompensera les vaincus, voulant réparer les dégâts. 
  • Si tout au long de la pièce, nous sommes en permanence dans l’excès, les détails sont fournis avec un tel esprit, une telle joie que l’outrance devient plaisante. 
  • C’était tout de même un malin, ce Rabelais, gai luron, amoureux de la Dive bouteille et néanmoins fin lettré, lui dont le cheval de bataille reste l’éducation et la philosophie, indispensables pour mener une existence sereine. 
  • Cela donne envie de se replonger dans le Lagarde et Michard de nos années scolaires, avec le moine Jean des Entommeures, personnage héroï-comique, et la fameuse abbaye de Thélème, avec sa devise « Fays ce que vouldras. »

Une phrase

Par exemple ce prologue, qui nous met en appétit :

« Mes amis, 
Lecteurs qui allez lire ce livre, 
Défaites-vous de toute passion, 
Ne vous scandalisez pas : il ne contient ni mal ni infection,
Il est vrai qu’ici vous n’apprendrez que peu de perfection, sinon sur le rire.
Mon cœur ne peut choisir aucun autre sujet,
Quand je vois le deuil qui vous mine et consume :
Il vaut mieux écrire du rire que des larmes,
Parce que le rire est le propre de l’Homme.
Vivez joyeux ! »

L'auteur

  • François Rabelais, ecclésiastique, écrivain et médecin, est né en 1494 non loin de Chinon. Son père, avocat à Chinon, était un gros propriétaire terrien. Devenu moine bénédictin, François Rabelais se familiarise avec le droit et se passionne pour les lettres et les auteurs grecs. 
  • Il devient l’un des humanistes les plus connus de la Renaissance, mais en 1523, cet helléniste voit ses ouvrages grecs mis à l’index par la Sorbonne, qui lutte alors contre l’étude de l’Ecriture Sainte dans les textes originaux.

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