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Et aussi
- Avec plaisirs - de Sandie Masson
Théâtre Artéphile, du 5 au 26 juillet à 10h30 - relâche les 6, 13, 20 juillet
Mise en scène Denis Lachaud
Avec Benoît Giros et Sandie Masson
Rien n’est honteux, rien n’est scandaleux
C’est un magnifique spectacle drôle, sensible, dont le thème principal est le désir dans le couple. Qu’est-ce qui fait symbiose, obstacle ? la pudeur contrariée, le manque d’écoute de l’autre, comment résister au temps ? Tout une kyrielle de questions souvent posées à voix basse ou dans son intimité propre qui ne franchit pas le cap de l’échange avec le partenaire et qui fait raisonner une petite musique lente et lancinante qui parfois épuise une relation. C’est un travail remarquable d’écriture, qui aborde avec audace, simplicité, sans pudeur mais avec tact la relation conjugale, le désir des femmes, l’angoisse des hommes face à la sexualité, les schémas éculés du « devoir conjugal » et du plaisir. Benoît Giros et Sandie Masson – également autrice – incarnent avec maestria, tour à tour ces couples perturbés, brisés ou tout simplement surexcités en quête de solutions. Elle réussit avec son metteur en scène, Denis Lauchaud, qui signe une mise en scène sobre mais forte dans ses silences et ses temps de pause, à nous émouvoir, autant qu’à nous faire rire.
C’est un magnifique plaidoyer pour le plaisir qui agit, telle une contagion, se répand dans le public et le fait sortir dans un état de bien être rayonnant.
Une comédie ? Oui. Une satire ? Pourquoi pas ? Un appel à la tendresse ? Sans aucun doute ! Mais un moment délectable dans des temps où sortir heureux d’une salle de théâtre en ayant aussi bien réfléchi, que ri, que s’émouvoir est un luxe que vous pouvez vous permettre.
Recommandation : 4 coeurs
- Zoom - de Gilles Granouillet
Théâtre du Girasole du 4 au 26 juillet à 10h - relâche les 8, 15, 22 juillet
Mise en scène Paméla Ravassard
Avec Nathan Minière, Pamela Ravassard
Un amour sans limites
Ce texte formidable de Gilles Granouilet nous raconte l’histoire incroyable d’une mère déterminée à tout pour que son fils ait la meilleure des vies. Pamela Ravassard nous transporte et nous bouleverse avec cette figure de mère à l‘amour sans limites. Entre déchirure de l’âme sur fond de courage et d’abnégation, rien ne résiste à la volonté de cette femme que la vie n’a pas ménagée. Le combat d’une vie où l’humour et le sordide se frottent, un plaidoyer sensible sur la transmission auprès de ces « enfants difficiles » dont le système ne sait pas quoi faire alors qu’il suffirait de plus de moyens pour plus d’attention, plus d’écoute et un vrai épanouissement. Un spectacle intense où « résilience » est le maitre mot qui, conjugué au mot « amour », donne un spectacle à ne surtout pas manquer. Premier spectacle, premier coup de cœur.
Recommandation : 5 coeurs
- Cabaret mythique - Les Mauvais Elèves
Petit Louvre (la Chapelle des Templiers), les 6, 8, 10, 12, 14, 18, 20, 22, 24, 26 juillet à 15h25
Mise en scène : Shirley et Dino
Avec : Valérian Behar-Bonnet, Elisa Benizio, Bérénice Coudy, Antoine Richard
Ils sont de retour, attention les yeux ! « Les mauvais élèves » sous la direction de Shirley et Dino s’attaquent avec toute leur fantaisie aux grands mythes grecs ! Ici plus de genre, plus de règles, plus d’images d’Epinal, on déconstruit, on démystifie avec irrévérence dans la plus belle tradition du cabaret. Une ambiance électrique vibre sur le plateau où nos quatre énergumènes s’en donnent à cœur joie. La scénographie est à la démesure des costumes et sous le masque de la fantaisie perce un anticonformisme rafraichissant sur des sujets essentiels et notamment sur l’image de la femme. Et tout ça en chansons et musique. Venez gouter aux joies de l’ambroisie olympienne en compagnie de créatures aussi fantasques qu’attachantes.
Recommandation : 3 coeurs
- Hamlet, la fin d’une enfance – de William Shakespeare
Théâtre Le Cabestan, du 5 au 26 juillet à 18h05 - relâche les 8, 22 juillet
Adaptation et mise en scène : Christophe Luthringer
Avec Victor Duez
Une écriture d’une merveilleuse intelligence nous donne à entendre « Hamlet » sous le prisme d’un adolescent en conflit familial ouvert. Dans cette chambre, véritable caverne d’Ali-Baba où les derniers vestiges de l’enfance entourent comme un cocon protecteur notre Hamlet d’aujourd’hui, va se jouer la tragédie du grand William et nous toucher au cœur.
L’interprétation de Victor Duez est saisissante de modernité et la mise en scène de Christophe Luthringer qui signe aussi l’adaptation réinvente l’univers de ce prince moderne à l’âme chahutée avec les moyens et les codes d’aujourd’hui. C’est du théâtre total dans lequel la musique, la manipulation d’objets, la marionnette se fondent dans une création lumière étourdissante de précision. C’est le spectacle familial idéal où parents et enfants pourront partager un moment d’authenticité. On se remémore les jardins secrets qui ont jalonné notre adolescence où perdus dans ce monde qui nous entoure, qui nous appelle vers l’âge adulte et qu’on quitte à regret. Nous nous sommes forgés des histoires parallèles pour nous aider à sauter le pas. Le théâtre comme une passerelle vers ce monde… On voyage, on veut relire Hamlet, on veut (re)découvrir Shakespeare. Un immense coup de cœur (le deuxième de la journée).
Recommandation : 5 coeurs
- Les garçons de la bande - de Mart Crowley
Théâtre du Roi René (Salle de la Reine), du 5 au 26 juillet à 21h40- relâche les 9, 16, 23 juillet
Adaptation : Antoine Courtray
avec : Frédéric Andrau, Mathieu Bisson, Benjamin Canonne, Sebastian Galeota, Maxime Galichet, Geoffroy Guerrier, Adrien Melin, Olivier Renaty, Eebra Tooré
Quelle bonne idée de remonter cette pièce aujourd’hui. C’est comme un devoir de mémoire sur la condition homosexuelle dont on a oublié la difficulté d’exister dans les années où elle était encore considérée comme une maladie et condamnée par la loi. Antoine Courtray a réalisé une remarquable adaptation du texte qui lui insuffle une fluidité et une acidité tranchante. Sa direction de comédiens est à souligner tant il a su éviter tout cliché et stéréotype et donner à incarner à chacun de ses comédiens une humanité sensible.
La distribution est une réussite tant les personnalités des interprètes et la composition des caractères qu’ils incarnent est précise et singulière. Entre blessure, fragilité, audace, farouche envie d’indépendance et de liberté, les voilà confrontés aux déchirements de leur hôte qui par frustration et manque d’amour va s’ingénier à les pousser dans les retranchements de leur psyché amoureuse. Ce spectacle est une carte postale figée dans un temps que les moins de vingt ans se doivent de connaître et, si j’osais, je parlerais presque d’oeuvre pédagogique. Il n’en reste pas moins que c’est un spectacle qu’il ne faut pas manquer. On est pris par la tension qui s’installe dans ce « jeu de la vérité » qui s’apparente à un jeu de massacre dont on ne sort pas indemne. Rejoignez les garçons de la bande, vous ne le regretterez pas.
Recommandation : 4 coeurs
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