L’Art de ne pas dire
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Thème
Quand les communicants prennent la place autrefois dévolue aux conseillers politiques, la langue commerciale vient contaminer les comportements et les discours politiques, laissant dans l’ombre les convictions et les actions effectives aussi bien que l’engagement.
Un conseiller en communication du Président de la République, brutalement congédié, cherche à se venger en tenant une conférence où il dévoile toutes les recettes utilisées pour la conquête du pouvoir.
Points forts
Un seul en scène virtuose où se déploie un texte très travaillé, remarquablement clair et plein de trouvailles réjouissantes.
Un décor constitué de bandes noires et blanches destinées à illustrer les propos tenus sur scène, ni vraiment noirs ni blancs, mais teintés d’humour parfois caustique.
Une salle qui participe au jeu des questions-réponses dans un échange non simulé (du moins en apparence…).
Quelques réserves
- Malgré l’ironie et le ton dynamique du spectacle, une sorte de lassitude s’installe, comme si la tentation pédagogique venait heurter l’intention première de dévoiler les mécanismes de fabrication du discours politique.
Encore un mot...
Le spectacle politique ne laisse aucune place au hasard, à la spontanéité ni à l’audace : tout y est construit, préparé, suggéré, prêt à être pensé et consommé par des masses bercées par les slogans publicitaires et les campagnes des grandes marques toujours plus avides de bénéfices.
- Ainsi en est-il d’un commerce politique qui rend interchangeables les responsables nourris aux mêmes sources et ficelles du marketing. Un président qui se prétendrait « normal » n’aurait simplement qu’à explorer de nouvelles pistes soufflées par les communicants, tout comme son rival aurait changé de coiffure ou de chemise pour emporter les élections.
Une phrase
« A force de remporter nos victoires par le vide, la politique est devenue, non plus un dialogue de sourds, mais un débat de muets. »
- « Quand les mots se voient vidés de leur contenu, quand la communication se résume à un art de ne pas dire, comment se forger encore une opinion ? Reste-t-il seulement possible de débattre ? Et si, ce que nous avons perdu en chemin, c’était tout simplement… le sens même de la démocratie ? »
L'auteur
Clément Viktorovitch, né en 1984, est docteur en science politique et enseigne à Sc Po Paris après avoir été assistant parlementaire. Il devient chroniqueur puis co-écrit avec Ferdinand Barbet son premier seul en scène.
Ferdinand Barbet est dramaturge et metteur en scène. De 2016 à 2019, il a dirigé le Collectif 17 à la Comédie de Reims où il était artiste associé. Il met en scène des classiques (Euripide, Musset...) autant que des créations contemporaines (Olivier Cadiot, Jordan Tannahill...). Il enseigne l'interprétation théâtrale à l'ERACM.
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