Un pas de côté
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Thème
A l’heure du déjeuner, une jeune femme s’installe sur un banc et lit. Advient un homme qui, écouteurs aux oreilles, s’installe sur le même banc et met sa musique bien fort, ce qui a le don d’exaspérer la donzelle.
Celle-ci le lui signifie sans aménité. Le duo ne démarre donc pas sous les meilleurs auspices…. Puis, petit à petit, le ton s’adoucit, la gentillesse apparaît. Tout s’explique : elle est notaire, donc elle lit pour s’informer et lui est réalisateur de musique de films.
Ils se retrouvent quotidiennement sur ce même banc, se confient leurs petits secrets, sont mariés l’un et l’autre, avec enfants. Elle soutient un mari fortement dépressif. Lui redoute l’arrivée de l’âge de la retraite. Ils se persuadent que l’amitié entre un homme et une femme existe réellement, jusqu’à ce que les circonstances leur prouvent le contraire. Ce banc est-il un tournant dans leurs vies ou alors une simple parenthèse ?
Points forts
Le texte épatant d’Anne Giafferi, qui a ciselé le dialogue Carré – Campan. Tout est du sur mesure : les échanges sont fins, bourrés d’humour, et collent parfaitement aux personnages. L’ensemble fait preuve d’une délicate observation des choses de la vie, de psychologie également, mais sans donner de leçons. L’auteur a le talent des mots, et ceux-là sonnent juste.
Le duo Isabelle Carré et Bernard Campan est extraordinaire. Ils ne donnent jamais l’impression de jouer, et sont simplement dans une vie courante à laquelle ils nous font participer, de sorte que l’on s’identifie à eux. Les deux comédiens ont l’habitude de jouer ensemble et cela se ressent. Elle est pleine de charme et primesautière, lui joue le bourru attachant. Leur complicité est évidente.
Il y a un moment de bravoure hilarant : lorsque Bernard Campan, voulant faire “djeun“, arrive dans un jean super étroit, en prenant la pose devant son épouse qui lui fait remarquer qu’il est boudiné à souhait dans cet accoutrement ! Son jean est tellement serré qu’il a grand mal à l’enlever…
Toute l’équipe est remarquable. Il y a une superbe homogénéité dans cette petite troupe, où chacun joue son rôle à la perfection.
Enfin, la mise en scène est soignée, avec des changements de décors qui passent pratiquement inaperçus. La toile de fond nous propose des paysages qui changent de couleur en fonction des saisons, notamment avec l’automne dans les tons bruns, nostalgiques.
- La pièce se termine sur une chanson de Françoise Hardy Le dernier bonheur du jour . Bel hommage rendu à cette merveilleuse chanteuse.
Quelques réserves
- Rien, tant nous avons savouré chaque instant.
Encore un mot...
- Ce spectacle est une comédie romantique, à la fois joyeuse et mélancolique, très émouvante, émaillée de réflexions subtiles et réalistes, tout en faisant la part belle aux rêves des personnages. La pièce est un enchantement, un événement rare au théâtre. On en redemande !
Une phrase
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. » (Paul Eluard)
« Baissez votre musique, je ne m’entends plus lire ! »
- « Le dernier bonheur du jour, c’est la lampe qui s’éteint. » (Françoise Hardy)
L'auteur
- Réalisatrice et scénariste, Anne Giafferi n’en est pas à son coup d’essai, elle a commencé en 2007 à la télévision, avec la série Fais pas ci, fais pas ça, puis elle s’est dirigée vers le cinéma, avec Qui a envie d’être aimé (2010), Ange et Gabrielle (2015) et Ni un ni deux (2019).
- Sa première pièce de théâtre, Un pas de côté est fort prometteuse.
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