Le jeu de l’amour et du hasard
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Thème
Pour être complètement rassurée sur les vrais sentiments de Dorante, ce jeune homme qu’on lui destine alors qu’elle ne l’a jamais rencontré, Silvia se fait remplacer par sa servante Lisette, avec laquelle elle échange ses vêtements. Petit problème : son prétendant use du même stratagème avec son valet Arlequin ! Toute cette mise en scène est orchestrée par deux complices, le père de Silvia et son fils Mario.
Ce chef d’œuvre de Marivaux exploite ses thèmes de prédilection : le travestissement, l’amour vainqueur des barrières sociales, le refus des aveux, le mécanisme des sentiments amoureux.
Points forts
Le Jeu de l’Amour et du Hasard traverse les siècles sans prendre une ride, la pièce porte les germes de la révolution des mœurs et de l’abolition des privilèges : ici c’est très clair, les femmes partagent déjà le pouvoir, les mouvements féministes sont en marche !
La mise en scène de la pièce est rythmée, presque musicale. On est frappé par sa modernité, qui va bien au-delà d’un simple marivaudage : le metteur en scène a fait du final de la pièce une fête champêtre, ou plutôt une kermesse populaire, une ginguette en bord de Marne, où toutes les classes sociales sont mélangées et jouent le jeu des apparences. C’est ainsi que Lisette est en robe de mariée, Silvia en bleu de travail, Orgon en chef d’orchestre, Arlequin en rocker. Selon le mot de Fréderic Cherboeuf « A ce jeu, l’habit ne fait pas le moine. »
L’interprétation exceptionnelle de Silvia (Lucile Jehel), pleine de charme et d’énergie, et celle d’Arlequin (Thomas Rio) très drôle et décalé, très rock’n roll en somme.
Quelques réserves
- On n’en exprime ni n’en ressent aucune.
Encore un mot...
- Prenons à la lettre la réplique de Silvia parlant de l’Amour : « C’est une bagatelle qui vaut bien la peine qu’on y pense. »
Une phrase
- Celui du metteur en scène Fréderic Cherboeuf : « Jouer et mettre en scène Marivaux aujourd’hui c’est allumer un feu d’artifice. Comment concilier sensualité et intelligence ? Comment jouer avec amour mais sans respect ? Pour tenter d’apprivoiser le monstre, nous nous sommes souvenus de ce credo : chez Marivaux on embrasse avec la langue ! Nous avons pu rêver aux enjeux de cette comédie en clair-obscur qui prend si vite des airs de comédie amoureuse. »
L'auteur
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (1688-1763) est né à Paris, mais a passé son enfance à Riom, en Auvergne, où son père était titulaire d’une charge dans l’administration. De petite noblesse, il a ses entrées à la cour, son oncle étant architecte du roi. Il fait peu d’études mais épouse une dame fortunée, ce qui lui permet de s’adonner à son péché mignon, la littérature et la comédie, sans avoir à se soucier des “fins de mois“.
Sa première pièce, Arlequin poli par l’amour, fut jouée à l’hôtel de Bourgogne et rencontra un succès relatif. Il devint alors un écrivain prolifique. Sa source d’inspiration fut la commedia dell’arte italienne. Autres pièces célèbres de Marivaux : La Double inconstance et Les Fausses confidences. Il écrivit aussi des romans, dont La Vie de Marianne. Grâce au soutien de Madame de Pompadour, il fut reçu à l’Académie Française, battant Voltaire au passage !
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