Le Testament de Marie

Pour voir une grande actrice se débattre avec un texte plombé
De
Colm Toibin
Mise en scène
Deborah Warner
Avec
Dominique Blanc
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

L'Odéon-Théâtre de l'Europe
Place de l’Odéon
75006
Paris
0144854040
Jusqu'au 3 juin: du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h

Thème

Marie, la mère de Jésus, est réfugiée à Ephèse, là où elle est supposée avoir terminé sa vie.

Celle qui fut déclarée Mère de Dieu, au Concile d'Ephèse en 431, est présentée ici comme une femme  pour le moins dubitative quant à la signification de l'aventure de son fils.

                                                                                              ***

Il s'agit de la présentation en France d'un spectacle adapté du roman de Colm Toibin, dans une mise en scène de Deborah Warner qui a créé ce spectacle à Broadway en 2013, avec Fiona Shaw dans le rôle de Marie, puis l'a repris à  Londres en 2014.

Points forts

- L'énergie que Dominique Blanc emploie à porter un texte sans véritable intérêt, sorte de récit linéaire et plat de quelques grands épisodes de la vie du "Fils", platitude seulement relevée par quelques provocations éparses (cf "Points Faibles").

- Deux moments méritent peut-être l'attention:

          - lorsque Marie explique qu'elle est taraudée par le remords de ne pas être restée au pieds de la Croix jusqu'au bout et d'avoir ainsi abandonné son fils dans la fin de son agonie.

          - l'évocation douloureuse  de la distance, pour ne pas dire du fossé, existant entre la mère et son fils dont elle prétend qu'il lui aurait dit, à table, pendant les Noces de Cana :"Femme, qu'y a-t-il entre toi et moi?", avant de rester deux heures auprès d'elle sans lui parler.

Quelques réserves

- Le spectacle est court mais le texte long, long, long entre élucubrations sur le destin d'une chaise et allées et venues d'un sac rempli de lapins et compte rendu de greffier des faits et gestes les plus quotidiens qui accaparent le plus souvent l'attention de cette femme.

          Elle se rend bien compte que son fils fait des choses extraordinaires mais sans vraiment se poser de questions  sur les origines et les finalités d'un tel pouvoir.

- Franchement, comment même  un esprit aussi faible peut-il réduire le cheminement de son "Fils"-à "la voix fausse et artificielle" (sic) et parlant en "termes pompeux et solennels" (sic)- à une équipée avec un "bande d'excités" (sic), aux discours "mirobolants" (sic) ? Et n'avoir eu comme principale, sinon seule préoccupation, du vivant de ce fils, que de le faire revenir à la maison pour se mettre en sécurité?

- Etait-il vraiment nécessaire de présenter cette femme en jean et, par moments, cigarette au bec et même,quelques instants, en petite culotte ? 

- Vous l'aurez compris: ici, ni élévation d'âme ni grands sentiments, nous sommes engloutis dans le nombrilisme d'une femme médiocre, véritable tissus d'amertume.

Encore un mot...

1 D'avoir voulu faire descendre la Vierge Marie de son nuage pour en faire une sorte de balayeuse ou de poissonnière amère et souffrante mais surtout bien terre à terre, je ne suis pas certain que quiconque  ait gagné au jeu, ni le spectateur ni même Dominique Blanc qui, avec tout son talent, fait ce qu'elle peut mais qui est, finalement, écrasée par un poids trop lourd et surtout inutile.

2 Intellectuellement et culturellement, le spectateur ne risque pas de marcher sur les eaux...

3 En cette année du centenaire des apparitions de Fatima, célébrées ces jours-ci par le Pape François, le fait de montrer à la fin de cette pièce iconoclaste une vraie statue de la Vierge, fera sans doute figure de provocation aux yeux de certains croyants. On peut les comprendre...

4 Quant à la parenté suggérée, ici et là, autour de ce spectacle, entre la situation de la mère de Jésus et celle de la mère d'un enfant du Jihad, elle est tout simplement de très mauvais goût.

5 Une suggestion, en forme d'antidote: que l'Odéon ou la Salle Richelieu programme bientôt l'une des grandes oeuvres de Paul Claudel, "L'Annonce faite à Marie". Chiche?

D'ici là, Claudel aura le temps de se retourner dans sa tombe...

Une phrase

Les derniers mots du spectacle. Marie, répondant à ceux qui lui expliquent que son Fils a sauvé le monde:

       "Ca n'en valait pas la peine"

C'est plutôt cette pièce qui ne vaut pas la peine...

L'auteur

L'irlandais Colm Toibin est journaliste, écrivain, auteurs de nouvelles, de nombreux romans, et de pièces de théâtre.

Il a figuré trois fois dans la sélection du Booker Prize, pour "Le Bateau-phare de Blackwater", "Le Maître", et "Le Testrament de Marie. 

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Toujours à l'affiche

Seul en scène
Gargantua
De
François Rabelais