Chroniques festivalières d'Avignon - 17 juillet 2025

Notre recommandation
4/5

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  • Juste Irena – de Leonore Chaix

L’entrepôt du 5 au 26 juillet à 10h50 relâche les 8, 15, 22 juillet

Mise en scène : Cédric Revollon 

Avec : Camille Blouet, Anaël Guez, Nadja Maire et Sarah Vermande 

Une vieille dame polonaise vit dans une maison de retraite. Elle s’appelle Irena et personne ne peut soupçonner les actions héroïques qu’elle a accomplies durant la Seconde Guerre mondiale : le sauvetage de 2500 enfants juifs du Ghetto de Varsovie et de la déportation. Alors que trois étudiantes du Kansas enquêtent sur l’histoire vraie de cette héroïne, Irena reconstitue les bribes d’une mémoire qui s’étiole et raconte les maux d’hier pour soigner ceux d’aujourd’hui, pour que reste à jamais gravé l’inimaginable.

Je suis sorti profondément ému de ce spectacle bouleversant tant dans sa forme que dans son fond. En mêlant, le théâtre et la marionnette, Cédric Révollon a réussi à magnifier le propos et l’histoire portée par Léonor Chaix, donner une dimension universelle au propos et s’inscrire dans la mission de transmission et de devoir de mémoire. Il fait de ce spectacle un spectacle de référence pour toute une génération qui oublie les cicatrices de l’Histoire. La pudeur de l’écriture, l’infinie précaution de la mise en scène nous remue, nous étreint. Les comédiennes et manipulatrices inscrivent leur jeu dans une simplicité et authenticité déchirante et mettent en lumière tout le courage et l’abnégation de ces femmes de l’ombre, qui sauvèrent tant d’enfants du ghetto de Varsovie. En tant qu'homme et artiste, Cédric Révollon est aujourd’hui un metteur en scène qui doit compter. Après le succès des « yeux de Taqqi », on lui souhaite un long chemin pour accompagner son Irena.

Recommandation :  5  cœurs

 

  • La raison du plus fou - de Franck Mercadal

Théâtre La Luna du 5 au 26 juillet à 13h05 - relâche les 10, 21 juillet

Mise en scène : Grégory Baquet

Avec : Grégory Baquet et Franck Mercadal

Jean-Jacques Rousseau vient de finir le livre de sa vie : « Les confessions ». La première autobiographie jamais écrite. Un ouvrage où il règle ses comptes avec son ami de vingt ans, Denis Diderot. Il vient en faire des lectures publiques à Paris. Le pouvoir religieux est satisfait car il va de nouveau inciter le roi à emprisonner Diderot et interdire son oeuvre: « L’Encyclopédie ». Livre impie, pour l’Eglise, puisque Dieu n’est plus mis au centre de la création.
Un soir, Diderot vient voir Rousseau pour qu’il cesse ses critiques, mais Rousseau refuse car selon lui, la sincérité n’a pas de prix.
Diderot propose alors de le défier aux échecs. Le gagnant décidera du sort de l’autre.
Une partie insensée s’engage, où tous les coups seront permis pour déstabiliser l’adversaire.

Il y a du génie dans l’écriture et de la fantaisie dans la mise en scène. On se surprend à comprendre la philosophie avec humour et saveur dans ce combat de deux titans Diderot et Rousseau merveilleusement et joyeusement interprétés par Grégory Baquet et Franck Mercadal. Deux visions de la société et de l’esprit qui s’opposent, alors qu’elles peuvent se compléter, il suffit de s’écouter et de se respecter. Ils sont truculents et complices ces deux comparses sur la scène pour notre plus grand bonheur et je dois avouer que ce « café littéraire » et ludique dès le matin, nettoie les neurones et déride les zygomatiques avec grand plaisir. D’habiles ponts sont dressés entre réflexions d’aujourd’hui et raisonnements fondateurs d’hier. Une bonne plongée dans l’histoire et le savoir. Chapeau Messieurs !

Recommandation :  4  cœurs

 

  • Madame Shakespeare – de Anca Visdei

Théâtre des Corps Saints du 4 au 26 juillet à 15h20 - relâche les 8, 15, 22 juillet

Mise en scène : Julie Crégut et Benjamin Dussud 

Avec : Teddy Bogaert et Caroline Cristofoli 

1585. William arrive à Londres, dans la petite chambre d’une auberge miteuse. À peine arrivé, il écrit. Non pas une des pièces qui feront de lui le plus grand auteur de l’histoire mais une lettre, destinée à sa femme, Anne Hathaway, pour la supplier de l’autoriser à revenir dans leur maison de Stratford où elle est restée. Il ne croit plus à leur projet de faire de lui un auteur qui traversera les âges et surtout, il ne supporte pas de vivre loin d’elle. C’est le début d’une longue relation épistolaire passionnée. Depuis Stratford, Anne endosse tous les rôles, tour à tour femme, mère, inspiratrice, muse, bourreau, elle utilise tous les stratagèmes pour faire de son Will un écrivain qui marquera l’histoire. 

Quel texte magnifique et quelle imagination fertile dans l’imaginaire d’Anca Visdeï pour nous restituer la relation d’Anne Hathaway et de son William de mari. Ce n’est pas une ultime théorie sur l’écriture de Shakespeare mais une magnifique dramaturgie autour de ce couple, extrêmement bien documentée qui saura vous faire croire à cette belle légende d’amour et de succès. Teddy Bogaert - Caroline Cristofoli forment un couple attachant, turbulent, terriblement moderne qui traite autant de la condition de la femme du 16ème siècle en mal de reconnaissance et de liberté que de la fabrique du génie créateur.

Un William désinvolte, procrastinateur mais génial et une Anne, muse infatigable, pygmalion exigeante rallument sans cesse le flambeau.

Dans une mise en scène tout en miroir, on assiste à cette correspondance enflammée avec le sourire aux lèvres et l’âme éveillée.

Recommandation :  4  cœurs

 

  • Un sac de billes - de Joseph Joffo

3 S – Le quatre du 5 au 26 juillet à 13h45 - relâche les 7, 14, 21 juillet

Adaptation : Freddy Viau
Mise en scène : Stéphane Daurat

avec : James Groguelin

Paris 1941. La capitale est occupée par l'armée allemande. Joseph 10 ans et son frère Maurice, 12 ans, tentent de gagner la zone libre. Une aventure où l'ingéniosité et la débrouillardise deviennent une question de survie.

Le roman est impressionnant et cette adaptation est une totale réussite. On palpite aux aventures des deux enfants. James Groguelin retranscrit merveilleusement par sa prestation la peur, l’audace, l’ambiance de ces années sombres mais il irradie d’enfance et de malice.

En l’espace d’une et quart nous sommes transportés dans les heures sombres que l’enfance par son prisme réussit à magnifier en une belle aventure. Ce spectacle pour tout public dès 7 ans est tout à la fois une belle leçon d’histoire et une leçon de vie qu’il faut partager en famille. « Ne pas oublier » restera toujours le maître mot de cette Histoire d’une Europe déchirée mais ce spectacle transcende le drame en une comédie tendre et facétieuse. Venez prendre un bout d’Histoire à la pointe du cœur. Un spectacle brûlant de vérité au cœur d’une actualité toujours plus folle, sans didactisme, ni prosélytisme, un spectacle authentique pour que les âmes ne brûlent jamais et que le cœur vibre.

Recommandation :  4  cœurs

 

Gainsbourg confidentiel – de Jean-François Brieu

3 S – le sept du 5 au 26 juillet à 19h05 relâche les 7, 14, 21 juillet

Mise en scèneDavid Fabre 

Avec : Stéphane Roux 

Entre théâtre et concert ce biopic tendrement irrévérencieux, fascinant et savamment documenté, nous plonge dans les années 60, au cœur des questionnements de l’artiste, de ses doutes et de quelques-unes de ses plus belles pépites musicales. Ici, Gainsbourg n’est pas encore Gainsbarre. On redécouvre ses chansons à texte très jazzy avec ses thèmes un brin ironiques, drôles et désabusés.

Un trio jazz subtilement soudé mené par l’exceptionnel Stéphane Roux pour « incarner » le Gainsbourg des débuts jusqu’à son album « Gainsbourg confidentiel » si peu connu mais qui nous révèle une face différente de l’artiste. La voix rauque et l’allure séduisante de Stéphane Roux des crooners des années Cinquante enjôle et coule langoureuse dans l’oreille de son auditoire. C’est un instant suspendu de fraîcheur dans cette édition chaude avignonnaise. La caresse du jazz, la poésie d’un univers singulier et bonheur de fredonner des mélodies éternelles et d’autres oins connues. Chapeau l’artiste !

Recommandation :   4 cœurs

 

Elles disent l’Odyssée – de Jean-Luc Lagarce

Théâtre du Roi Renédu 5 au 26 juillet à 17h30 relâche les 9, 16, 23 juillet

Mise en scène : Vincent Marbeau 

Avec : Melvyn Baron, Hélène Boutin, Louise Hinderzé Lamarche, Vincent Marbeau et Clémence Tenou 

"Elles disent... L'Odyssée" de Jean-Luc Lagarce offre une réinterprétation saisissante de l'épopée mythique d'Homère, en se concentrant sur les voix et les perspectives des femmes qui ont été souvent reléguées aux marges du récit traditionnel. 
Dans cette pièce, le thème du départ et du retour est exploré avec une profondeur poignante, reflétant les luttes intérieures et les aspirations des personnages féminins.

Dans la chaleur d’un retour vers Ithaque qui n’en finit pas, Ulysse s’échoue d’île en île pour atteindre son but sans cesse retardé. Mais qu’espère-t-il retrouver ? Un royaume, une femme, un fils ? Pénélope a vieilli et tisse le long linceul de sa solitude, en poussant sa plainte. Et puis, il y a toutes ces femmes qui sont autant de liens et d’entraves au retour du héros. Circé, Calypso et les autres qui prolongent un peu plus l’attente, mais auprès desquelles il ne peut s’empêcher de susciter le désir et de céder aux derniers feux d’un plaisir incertain. Le destin d’Ulysse est de quitter sans cesse en semant le malheur. Au bout du chemin quels seront donc les fruits de son périple ? Dans la langue merveilleuse de Jean-Luc Lagarce, résonne la longue mélopée de ces femmes dont l’écho percute le souffle d’une épopée dans laquelle elles sont éphémères. Alors, elles parlent, elles racontent leur Odyssée et si ce n’était avant tout qu’un long cri d’amour fragmenté. Un bel oratorio vous attend en plein air dans la Cour du Roi René pour savourer la poésie vibrante d’un grand auteur du 21ème siècle.

Recommandation :    3 cœurs

 

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