Grisélidis

Admirables paroles de femme, leçon profonde d'humanité
De
Coraly Zahonero
D'après les textes et interviews de Grisélidis Réal
Avec
Coraly Zahonero, Hélène Arntzen au saxophone et Floriane Bonanni au violon
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Studio-Théâtre de la Comédie-Française
99 rue de Rivoli: Galerie du Carrousel du Louvre
75001
Paris
0144581515
ATTENTION: dernière représentation, le 8 mai

Thème

Ce spectacle conclut la série des quatre seuls en scène dans lesquels, à chaque fois, un comédien du Français a présenté un texte d'un auteur qu'il aime particulièrement (cf les deux précédentes chroniques de Culture-Tops).

Cette fois ci, c’est Coraly Zahonero qui monte sur scène. Elle a choisi d’assembler interviews et écrits de Grisélidis Réal pour en faire un personnage de théâtre. C’est pour elle une nécessité que de partager les mots bouleversants de cette femme écrivain, peintre et prostituée.

Grisélidis Réal est donc devant nous. Elle nous raconte son métier de prostituée et partage avec nous sa révolte. Sa lutte pour que ces femmes soient protégées, respectées, remerciées. Qu’elles puissent exercer leur métier librement, dans de bonnes conditions.

Points forts

1/ On découvre la vie de cette femme hors norme, prostituée engagée et révolutionnaire, et on s’y attache. Elle a tout d’un personnage de légende. Pas seulement parce qu’elle était engagée, mais aussi parce qu’écouter son histoire, c’est entendre une leçon d’humanité. Malgré la souffrance et l’humiliation quotidienne, elle a réussi à surmonter les épreuves et à leur donner un sens. Assoiffée de liberté, elle ne s’est jamais sentie victime.

2/ Coralie Zahonero maîtrise incroyablement bien son rôle. De la ressemblance physique, au ton de sa voix, elle fait exister Grisélidis à merveille. On y croit et on est touché.

3/ La mise en scène, très intimiste et neutre dans la première partie, nous laisse le temps de découvrir Grisélidis et d’entendre ses confidences. On entre ensuite dans sa chambre ou le décor, bien que minimaliste, réussi à nous faire voyager.

4/ Bravo aux musiciennes qui accompagnent admirablement bien Coralie Zahonero.

Quelques réserves

Je n’en vois pas...

Encore un mot...

Eric Ruf,  administrateur général de la Comédie-Française, a rappelé, à l’occasion de cette série de quatre monologues, la difficulté de cette forme. Le comédien porte seul le texte, il doit se suffire à lui-même. Chaque mot, chaque geste résonne dans la salle. Rien ne peut échapper aux spectateurs.Le moins qu'on puisse dire est que  Coralie Zahonero relève le défi, avec passion et amour pour son personnage. On vit un très beau moment de théâtre. 

Une phrase

Soyez libres, soyez féroces!

L'auteur

En 1949, Grisélidis Réal a 20 ans. Passionnée de dessin et de littérature, cette jeune suisse intègre les Arts et Métiers de Zurich, ou elle obtient quelques années plus tard, un diplôme de décoratrice. Entre 1952 et 1959, elle donne naissance à 4 enfants, de trois pères différents. Peu de temps après la naissance de son dernier fils, elle s’enfuit à Munich, avec son amant et deux de ses enfants. Elle y découvre alors la misère et la prostitution. Condamnée pour trafic de haschisch, son casier judiciaire l’empêche pendant des années de reprendre un autre métier.

Après avoir réussi à arrêter la prostitution pendant un temps, elle découvre en 1975 le mouvement Parisien « la révolution des prostituées », dont elle deviendra l’égérie. Elle fait alors le choix de se prostituer à nouveau pour défendre le droit et  la dignité de ces femmes.  Ce combat sera celui de sa vie.

Elle écrit, en 1969, un roman : « Le noir est une couleur ».  Les lettres envoyées à son ami journaliste Jean-Luc Hennig deviendront également deux livres : "La passe imaginaire" et "Le Sphinx", ou elle parle notamment de son combat contre le cancer qui l’emporta en 2005.

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