La Louve

Ah les femmes! Passionnant, instructif, et si éperdument humain...
De
Daniel Colas
Mise en scène
Daniel Colas
Avec
Béatrice Agenin, Gaël Giraudeau, Coralie Audret, Maud Baecker, Yvan Garouel, Adrien Melin, Patrick Raynal
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère
75009
Paris
01 48 74 76 99
Du mardi au samedi, à 21h ; matinées, le samedi à 16h et le dimanche à 15h30

Thème

Veuf, le roi de France Louis XII se retrouve sans héritier mâle. Il promet son trône à son gendre, l’époux de sa fille Claude, François, comte d’Angoulême, futur François Ier. Mais le vieux monarque, pourtant à bout de force, décide de se remarier avec Marie, sœur du roi d’Angleterre Henry VIII.

Or si la nouvelle reine tombe enceinte de son époux, de son amant Suffolk ou même de François, follement épris à l’encontre de ses intérêts personnels, c’en est fini pour ce dernier de la couronne de France ! C’est compter sans sa mère, la féroce Louise de Savoie qui veille au grain et qui, de calcul en manigance, va empêcher toute éventuelle procréation pour assurer la succession de son fils.

Points forts

1) L’auteur Daniel Colas a une vraie passion pour l’Histoire, une passion communicative. Il aime porter sur le théâtre des événements méconnus ou peu connus de notre passé, et les faire découvrir au public. Sa pièce est passionnante, instructive, incarnée sans jamais être une leçon sèche.

2) Pourtant Colas reste avant tout un homme de théâtre et ces événements historiques ne l’intéressent que s’ils recèlent une situation dramatique. De l’Histoire d’accord, semble-t-il penser, mais encore faut-il que ce soit du vrai théâtre, pas un tableau figé du musée Grévin. Et effectivement ici chaque scène a son propre enjeu, chaque personnage a des désirs ou des volontés en contradiction avec les autres, chaque rencontre est l’expression d’un conflit, et la situation se noue et se dénoue au fil du spectacle, jusqu’au coup de théâtre final.

3) En fait, cette « Louve » se trouve à la croisée de la grande Histoire et de la petite, souvent si déterminante. Ici, parlons clair, quelle est la véritable intrigue ? Que la reine Marie ne couche avec personne ! On n’est pas plus prosaïque. Les personnages de Daniel Colas semblent échappés d’une pièce de Racine, empreints qu’ils sont de majesté et d’ambitions dévorantes, mais tous se trouvent confrontés à des situations dignes de Feydeau. Le télescopage des genres participe du plaisir de la soirée. Il faut ajouter que le dialogue sait être drôle, savoureux, c’est une comédie.

4) Très bonne distribution homogène, dominée par la royale Béatrice Agenin, dont chaque interprétation est nourrie d’une pâte humaine authentique. Quant à la fraîcheur et à la jeune expérience des planches de Gaël Giraudeau, elles servent parfaitement la fougue et la candeur de ce François pas encore Ier.

5) Splendides costumes bien coupés, aux étoffes luxueuses, épaisses et soyeuses. Le costumier Jean-Daniel Vuillermoz n’a pas manqué de talent, ni de moyens apparemment.

Quelques réserves

1) Quelques scènes paraissent un peu longues. Mais tout cela n’est peut-être qu’une question de rythme. Au fil des représentations, les comédiens vont certainement trouver le tempo idéal.

2) L’absence de meubles ou d’accessoires sur le plateau du La Bruyère accentue le côté Théâtre classique mais rend les déplacements des personnages un peu répétitifs.

Encore un mot...

« La Louve » est très bonne pièce historique, didactique et jubilatoire, bien construite et joliment dialoguée. D’excellents comédiens très accordés, avec en tête une Béatrice Agenin magistrale.

Une phrase

Louise de Savoie à son fils François à propos de Marie, la nouvelle femme du roi Louis XII :

« Il serait bon que vous vous préoccupassiez moins des appas de notre jeune souveraine et que vous vous intéressiez davantage à ceux de votre épouse ! »

L'auteur

Comédien, metteur en scène, un temps directeur du Théâtre des Mathurins, Daniel Colas est aussi réalisateur au cinéma et à la télévision.

Son activité d’auteur dramatique est importante; il a écrit de nombreuses comédies, comme « Les Chaussettes opus 124 », pour Michel Galabru et Gérard Desarthe; ou des pièces d’une veine historique : « Charlotte Corday », « Henri IV le bien aimé » qui reçut deux Molières en 2011, « Un certain Charles Spencer Chaplin », l’an dernier, au Montparnasse, et « Brasseur et les Enfants du paradis », en ce moment au Petit Saint-Martin, avec Alexandre Brasseur.

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