Magellan

Quel voyage ! Introduction à la modernité
De
Stefan Zweig
Adaptation Thibaut Large et Aurélien Pornet
Mise en scène
Claire Boust
Avec
Etienne Destombes, Alexandre Dissoubray, Thibaut Large, Grégory Mitchell et Aurélien Pornet
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Le Funambule Montmartre
53, rue des Saules
75018
Paris
01 42 23 88 83
Jusqu’au 2 février 2026. Les jeudi, vendredi, samedi à 19h ou 21h. Dimanche à 20 h.

Thème

  • 10 août 1519 : financé par la monarchie espagnole, le portugais Fernao de Magalhaes s’embarque à Séville. A 39 ans, il a réussi à convaincre Charles Quint de l’intérêt de mettre le cap sur les fameuses “îles aux épices“ – ces épices qui valent plus que l’or - sans avoir à contourner l’Afrique, afin de vérifier qu’elles ont bien été attribuées à l’Espagne par le traité de Tordesillas. Pour cela il faut trouver un passage à travers le continent américain. 

  • Forte de 5 navires et 237 hommes, l’expédition se heurte à toutes les difficultés des voyages de découverte : cartes approximatives ou fantaisistes, mers déchaînées ou d’huile qui rendent la progression difficile, froid polaire ou soleil de plomb, érosion des enthousiasmes sous le poids de la famine et des maladies. Plus quelques autres - rivalités, mutineries, désertions des capitaines en second - qui n’entament pas la résolution du capitaine général. 

  • La navigation dure trois ans, permettant la découverte du détroit qui porte aujourd’hui le nom de Magellan, premier navigateur à avoir accompli le tour du monde par la mer ainsi que nous l’avons tous appris à l’école primaire. Cette Odyssée moderne, qui ne comptera à l’arrivée que 18 rescapés, fonde une nouvelle vision du monde et relance la dynamique des explorations maritimes. 

Points forts

  • L’essentiel du texte de Zweig est ici condensé, et on ne peut qu’admirer l’économie qui préside à cette adaptation. Comme récit d'aventures, Magellan propose une version exhaustive et documentée du voyage tout en jouant avec les thèmes du genre : loyauté, honneur, suspens, rebondissements, « grands hommes », escarpes et traitres à discrétion.

  • Mais ce texte offre également de fins portraits des principaux protagonistes de l’aventure. On approche ce que les matelots se disent dans les bouges du port et au fond des cales, les chants, les doutes et les confidences qu’ils partagent, et on comprend ce que la grandeur de l’exploit accompli doit au dévouement et au labeur des plus humbles.

  • Il faut aussi saluer les quelques mots de la fin qui rappellent que le vol a été le prix de la victoire et de la découverte, car ces terres que ce sont partagés l’Espagne et le Portugal étaient habitées…

  • La mise en scène est remarquable, tant c’est une gageure de faire vivre à cinq comédiens cette épopée de la circumnavigation : un port, des navires dans la tempête, le mutisme d’un Magellan impénétrable et que Zweig dit sans charisme, la soldatesque grouillant dans les cales des navires et affrontant les intempéries du pont, la rébellion et le châtiment, la faim, la souffrance et la mort.

  • Le mat et la voile unique hissée puis abaissée sont une heureuse trouvaille servie par un fond musical délicat et adapté à l’esthétique romantique de l’éclairage.

Quelques réserves

  • Le volume sonore du début sans doute plus adapté à une plus vaste salle.

  • Si le rythme est soutenu et embarque littéralement le spectateur, en revanche pendant la nuit qui conte l’immobilisation des navires sur une mer d’huile - même s’il en comprend l’intention - le temps semble un peu long pour le spectateur. 

Encore un mot...

  • Avec Magellan et la découverte du Pacifique inconnu jusqu’alors (100 jours sans voir la terre…), la Terre achève de prendre forme : l’Occident entre alors dans les « temps modernes ».

  • Pour Zweig, ces actions d’éclat sont une réalisation de l’humanité via les forces actives du commerce, des rois et des sans grades, ces oubliés de l’histoire. 

  • Jamais épuisé, le désir d’aventure des humain.e.s trouve à s’éprouver aujourd’hui avec le Vendée Globe, ce tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance, qui dit assez que la modernité n’a rien perdu du sens de l’exploit.

Une phrase

  • « Donnez-moi une flotte, et je ferai le tour de la Terre en allant de l'est à l'ouest. »

  • « Sur terre, un oubli est un contretemps ; sur mer, c’est une condamnation. »

  • « L’océan n’a jamais cédé devant les lâches, mais il ouvre ses bras à ceux qui osent. »

L'auteur

  • On dit que c'est en 1934, faisant route pour le Brésil sur un paquebot confortable, que l’écrivain autrichien Stefan Zweig eut l'idée de cette odyssée biographique. En effet, fuyant l’Allemagne, il songe aux difficiles conditions des voyages d'autrefois, à la mort qui guettait les navigateurs, des plus modestes aux héros, à leur solitude à tous. 

  • Arrivé au Brésil, Zweig écrit Magellan en s’inspirant largement du récit d’Antonio Pigafetta, jeune italien, compagnon et biographe du navigateur. De retour au Brésil, il écrira, en 1941, Le Monde d’hier, et mettra fin à ses jours un an plus tard.

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