Le cours classique

L'éducation continue de faire parler ... au théâtre aussi
De
Yves Ravey
Mise en scène
Joël Jouanneau et Sandrine Lanno.
Avec
Avec Philippe Duclos) et Grégoire Oestermann
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre du Rond point
Du 4 au 29 septembre (relâche lundi) à 21 h, sauf le dimanche (15h30)
Vu
par

Thème

• Dans le collège de la Trinité, que l’on suppose privé, un professeur d’Anglais particulièrement dévoué et plein d’initiatives a la fâcheuse idée d’accompagner ses élèves du « cours classique » à la piscine pour seconder le professeur d’Éducation Physique et Sportive. Deux élèves prennent l’initiative de le chahuter dans l’eau, et la meute suit... Bref, monsieur Pipota échappe de peu à la noyade !

• Deux figures de l’établissement, le censeur des études (J.-Fr. Saint-Exupéry) et le professeur d’humanités (C. Bligh), s’emparent de l’événement pour lui apporter des éclairages et des réponses radicalement différents.

 • L’épisode Pipota inaugure une lutte sans merci entre deux approches de l’éducation...

Points forts

• Les comédiens sont chevronnés, excellents dans leur rôle respectif, au point qu’on a du mal à en imaginer d’autres à leur place...

• Contrairement à ce que l’on pourrait craindre, les figures des protagonistes ne sont pas abordées avec manichéisme, et possèdent chacune leurs propres faiblesses. Par certains côtés, l’humaniste Bligh reste dans un irénisme qui rappelle celui du professeur de mathématiques du Péril jeune (Klapisch, 1994) et refuse de lutter avec les armes qui lui sont proposées, alors que le censeur Jean-François Saint-Exupéry ne défend pas forcément des positions intenables. 

• Tous deux sont confrontés aux problèmes de la transmission des valeurs et des réponses appropriées, et surtout à la grande inconnue (significativement les élèves ne sont évoqués que par des prénoms passe-partout et ne parlent pas plus qu’ils ne sont incarnés) que constitue leur public : des adolescent-e-s qui, en dépit de leur valeur et de leurs potentialités, semblent parfois capables du pire, si c’est bien cela qu’ils recherchent...

• La reconstitution de la “vraie-fausse“ noyade de monsieur Pipota vaut à elle seule le déplacement : on voit comment des prémisses pas forcément erronées combinées à de solides préjugés, des hypothèses et des déductions audacieuses, aboutissent à des développements kafkaïens et des conclusions d’une absurdité à peu près totale, aussi redoutables dans ses conséquences que puissamment comique dans leur expression.

• Le déroulement de la pièce montre à merveille comment, avec les propres armes de l’un - le pouvoir hypnotique du langage, les ficelles du discours - son adversaire parvient à le terrasser et à monopoliser la parole pour ne plus la lâcher jusqu’aux conséquences ultimes de ses positions.

Quelques réserves

• Le texte repose sur des monologues et des échanges longs et ciselés, ce qui donne lieu, comme la pièce vient tout juste de débuter sur les planches, à quelques petites hésitations et confusions des termes, qui disparaîtront rapidement.

Encore un mot...

Une confrontation subtile et sans merci entre un éveilleur digne du « Cercle des poètes disparus » et un censeur qui veut éradiquer les « Graines de violence ».

Une phrase

• «  Je souhaiterais vous interpeller, parce que cette réponse résume ce à quoi vous tendez : vous assurer le confort d’un monde composé de tâches subalternes que vous exécuterez sans vous poser de questions. » (le professeur d’acquisition des savoirs)

• «  En deçà de cette ligne, monsieur Pipota est un professeur d’anglais digne de ce nom, représentant du collège Trinité. Au-delà de cette ligne rouge, qu’il ne peut franchir sans porter de bonnet de caoutchouc qui agit comme un laisser-passer, il devient une sorte de plaisantin... Ce phoque multicolore ne peut être votre professeur d’anglais. » (le censeur des études).

L'auteur

On ne sera pas étonné d’apprendre qu’Yves Ravey, qui a publié Le cours classique en 1995 (éd. de Minuit) fut professeur d’arts plastiques et de lettres en collège. Le texte a été adapté pour le théâtre par Sandrine Lanno. Yves Ravey, également dramaturge, a écrit Montparnasse reçoit, La Concession Pilgrim ainsi que Dieu est un steward de bonne composition, adapté en 2005 par Ribes en son théâtre.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Toujours à l'affiche

Théâtre
La peur
De
D’après la nouvelle de Stefan Zweig (librement adaptée)
Théâtre
Darius
De
Jean-Benoît Patricot