Mon dîner avec Winston

Un régal, au menu comme à la carte
De
Hervé le Tellier
Mise en scène
Gilles Cohen, Collaboration artistique : François Berléand
Avec
Gilles Cohen
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre du Rond-Point
2bis avenue Fraklin Delano Roosevelt
75008
Paris
Du 7 au 27 septembre à 20h30

Thème

Deux histoires s’entremêlent ici : celle de Winston Churchill - figure éminente de la Seconde Guerre mondiale, qui organisa et personnalisa la résistance de l’Angleterre - et celle de Charles, un type banal qui, comme chaque semaine, attend Winston pour dîner. Mais Winston, mort depuis 54 ans, ne viendra pas.

Qu’importe ! Charles en fait la vedette de la soirée. Et ni son modeste job d’agent d’assurances pour Tourisme Europe Service qui l’amène à dépanner des automobilistes par téléphone, ni le souvenir de sa femme partie, ni le voisin du dessus qui se plaint du bruit ne l’empêcheront de s’adresser à lui comme s’il était là.

Points forts

Tout le monde connaît le Churchill héroïque du « We shall never surrender »  prononcé lors dans son fameux discours en 1940, le gros consommateur de cigares (150 000 unités, soit 27 kilomètres) et de Champagne (plusieurs bouteilles par jour), à quoi s’ajoutent ses talents d’écrivain ( Prix Nobel en 1953 pour ses mémoires entamées en 1948), ses saillies multiples et dévastatrices (« l’Angleterre s’écroule dans l’ordre, la France se relève dans le désordre»). Mais c’est oublier que la carrière politique de  Churchill s’étira sur 60 ans et ne connut pas que des succès : ainsi l’opération dans les Dardanelles contre les Turcs en 1915 se solda par la mort de 46 000 combattants, un désastre aussi mal préparé qu’exécuté qui fut directement imputé au Premier Lord de l’Amirauté qu’il était alors. Le grand homme nous est ici restitué avec humanité dans toute sa complexité.

La pièce n’est pas un spectacle historique ou pédagogique sur Churchill, mais une mise en abîme de son parcours, confronté à celui de Charles, qui est à la fois un type banal, un héros oublié et une figure extraordinaire. Sa triple identité s’exprime dans cette admiration amoureuse pour Winston Churchill.

Ce dîner est servi dans un décor sobre, et propose quelques archives audiovisuelles fort appétissantes. Le comédien se met en scène lui-même pour donner au magnifique texte d’Hervé Le Tellier toute sa puissance, sa drôlerie et son érudition. Son jeu tout en subtilité et en retenue lui permet, dans un même mouvement, de lier avec bonheur son histoire à celle de Churchill en faisant coexister ces deux personnages.

Quelques réserves

C’est à l’heure du dîner, mais quelle belle façon de s’ouvrir l’appétit, et puis, c’est bien connu, mieux vaut manger avec un Anglais que de la cuisine anglaise !

Encore un mot...

« Le théâtre est un artisanat, et une pièce du bricolage » (Gilles Cohen), et ce Dîner avec Winston le prouve à l’envi, tant cette « petite histoire » parvient à s’imbriquer dans la « grande histoire », au fil d’un monologue drôle et poétique.

Une phrase

« Quand Solange est partie, Solange ma femme … Bon, elle et moi, de toutes façons, c’était … Quand on s’est séparé, Yalta à côté, c’était … une partie de Monopoly … Vous avez dit que « le succès, c’est aller d’échec en échec en gardant le même enthousiasme », eh bien, à ce compte-là, j’ai du succès avec les femmes !  »

L'auteur

Hervé Le Tellier, auteur de romans, de nouvelles, de poésies et de pièces de théâtre, a été coopté à l’Oulipo en 1992, et lui a donné  un ouvrage de référence (Esthétique de l’Oulipo).
Mathématicien de formation puis journaliste, il est également linguiste. Il a participé entre 1991 et 2018 à l’émission Des papous dans la tête (France Culture) et à la Grosse Bertha, prélude à la refondation de Charlie Hebdo. Il collabore quotidiennement depuis 2002 à la lettre électronique matinale du journal Le Monde.
Il a reçu en 2013 le prix de l’humour noir. « Mon dîner avec Winston » est sa troisième collaboration avec le théâtre du Rond-Point.

Quelques mots également sur Gilles Cohen, le « moule à gaufres » du Bureau des légendes sur Canal +. Cet homme de théâtre (comédien et metteur en scène) et de cinéma (une soixantaine de films),  a également enseigné, notamment au Cours Florent. Il n’aurait pas pu monter cette pièce, dont le sujet lui tenait à cœur depuis de nombreuses années, sans de précieuses collaborations et coproductions venant en aide à un écosystème toujours fragile : citons notamment la Scène nationale de Chalon-sur-Saône, qui a accueilli l’acteur en résidence une dizaine de jours pour ses répétitions ; les théâtres Montansier de Versailles et du Rond-Point, mais aussi des partenaires privés, comme la Cave des vignerons de Buxy (un soutien dont le regretté Winston, grand amateur d’alcools en tous genres, n'eût pas été peu fier) ...

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