Tartuffe

De
Molière
Mise en scène
Galin Stoev
Avec
Claude Mathieu, Celine Brune, Michel Vuillermoz, Elsa Lepoivre, Serge Bagdassarian, Didier Sandre
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Comédie Française: Salle Richelieu
Place Colette
75001
Paris
0825101680

Thème

Un notable (Orgon) tombe sous la coupe d'un faux dévot(Tartuffe) qui fait une cour pressente à sa femme (Elmire), et auquel il finit par faire don de ses biens. Il faudra toute la malice de la servante (Dorine) et le cran d'Elmire, sans oublier l'intervention du Roi, pour que la famille se tire d'un bien mauvais pas.

Points forts


1 "Tartuffe" est une pièce en ceci fascinante qu'elle est à la fois le signe de l'extrême audace de Molière osant s'attaquer au fanatisme religieux  et à toute forme d'hypocrisie mais également celui de la très grande prudence d'un auteur qui fait spectaculairement allégeance au Roi, en le mêlant de façon surprenante à la conclusion.

2 C'est un des meilleurs textes de Molière sur la complexité de la condition humaine et ses paradoxes. Molière est orfèvre en analyse de la médiocrité, qu'il excelle à mettre en scène. On assiste là à un jeu d'egos, où les êtres sont parfois aussi ardents à manipuler les autres que maladroits à se comprendre eux-mêmes et à déceler leurs intérêts profonds. Molière a souvent le rire sombre.

3 Galin Staev, qui connaît bien la Comédie Française pour y avoir déjà monté quatre spectacles, a compris que ce qui convenait le mieux à l'auguste maison, c'était une attitude d'humble respect mâtinée d'une bonne dose de créativité, toujours teintée d'humanisme. De quoi apporter le "supplément d'âme", si cher au nouvel Administrateur Général, Eric Ruf.

Il a ainsi joué à fond la carte de l'humanité des personnages, y compris celui de la belle-mère ronchon et, surtout, celui de Tartuffe dont le mot célèbre, "Après tout je ne suis pas un ange", donne ici à penser que Tartuffe n'est pas nécessairement dupe de son personnage.

Quant à celui d'Orgon, Didier Sandre lui donne une élégance et un charme qu'on ne lui connaissait pas, ce qui rend d'autant plus pathétique son égarement.

4 Les décors et les lumières accentuent, fort habilement, l'impression de modernité. Je me suis curieusement demandé, à un moment, si on n'assistait pas à une pièce de Feydeau ou de Guitry, saisis par la métaphysique...
 

Quelques réserves

Les jeunes comédiens en font, sans doute, un peu trop dans la caricature.

Encore un mot...


1 Une suggestion : profitez de cette excellente version de "Tartuffe" pour approfondir votre perception de tout ce qu'il y a de Montaigne chez Molière, et qui est exprimé dans cette pièce par deux personnages.

Celui de Dorine, la suivante, témoin de la sagesse populaire, et incarnée avec éclat par Cécile Brune.
Celui de Cléante, le beau-frère d'Orgon, témoin de la sagesse d'une élite libérale, et incarné avec beaucoup de finesse par Serge Bagdassarian.
Vous verrez: derrière le rire, les pièces de Molière sont de vrais livres de sagesse.

2 Ce qui m'étonne toujours, c'est de constater à quel point le théâtre est une alchimie délicate et aléatoire, où les auteurs sont à la merci de ceux qui cherchent à les servir, metteurs en scènes, acteurs etc...

Ainsi, comment penser que c'est ce même texte de "Tartuffe" qui permet à cette mise en scène de Galin Stoev de nous tirer vers le haut, avec une sensation d'humanité et de modernité confondante, et qui nous a valu, il y a deux ans, au Théâtre de Paris, la calamiteuse mise en scène de Marion Bierry, réduisant Molière à un théâtre mécanique et anémié, avec un Patrick Chesnay-Tartuffe peu motivé, plus spectateur fatigué de lui-même qu'acteur et dont on aurait dit qu'il était vraiment las de tricher de la sorte.

Magie du théâtre, pour le meilleur et pour le pire...
 

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