Un mois à la campagne

Quand un grand metteur en scène sert un grand texte, "c'est bonheur"
De
Ivan Tourguéniev
Traduction: Michel Vinaver
Mise en scène
Alain Françon
Avec
Nicolas Avinée, Jean-Claude Bolle-Reddat, Laurence Côte, Catherine Ferran, Philippe Fretun, Anouk Grinberg, India Hair, Micha Lescot, Guillaume Lévêque, Thomas Albessard, Quentin Delboscc-Broué, Anton Froehly
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Dejazet
41 Boulevard du Temple
75003
Paris
0148875255
Jusqu’au 28 avril: Du lundi au samedi à 20h30, relâche dimanche

Thème

Cette pièce, créée en 1850, se passe dans la campagne russe, à quelques heures de Moscou,et met en scène une famille de la petite noblesse. Natalia Petrovna, la mère, est entourée de son mari, Arkady, de son fils Kolya, de sa pupille Vera,  de sa belle-mère avec sa gouvernante, du professeur allemand de Kolya, d’un ami de la famille, Takitine, du médecin et d'un de ses amis.

C’est l’été, il fait chaud et le temps passe lentement. Natalia s’ennuie comme presque tous les autres, jusqu’à ce que l’arrivée d’un jeune précepteur bouscule tout: Natalia tombe amoureuse de lui et devient agressive avec son vieil ami Takitine, Vera éprouve les mêmes sentiments, ce qui rend Natalia jalouse. 

Comme un orage qui éclate, cette petite société explose: le mari découvre les sentiments de sa femme mais voudrait garder son ami Takitine, Le précepteur Bielaev se découvre un sentiment pour Natalia et il s’en va, Takitine part aussi, au moins pour quelque temps. Vera, horrifiée par la jalousie de

Natalia, décide d'épouser l’ami du médecin, pourtant bien peu séduisant, et la dame de compagnie de la belle-mère quitte aussi la maison pour épouser le médecin. 

C’est une fuite générale et la famille, au sens réduit du terme, se retrouve seule, dans le calme et l’ennui. 

Points forts

1) C’est une belle peinture sociale dans la Russie du XIXème siècle: on retrouve le même genre de vie que dans les pièces de Tchékov. Cette société qui s’ennuie contient des germes d’explosion.

2) C’est un véritable tableau animé: la mise en scène et les costumes renforcent cette impression picturale de tableau champêtre.

3) C’est une étude psychologique sur l’ennui, la naissance de l’amour et ses tourments, sur la maturité qui touche les jeunes personnages: Vera et Beliaev.

4) Les dialogues sont longs, mais sans provoquer de monotonie: ils sont significatifs du temps qui passe doucement et des sentiments qui éclosent et balbutient.

5) Le jeu des acteurs est la plupart du temps remarquable et met en valeur les caractères des personnages.

Quelques réserves

Je vois peu de points faibles dans cette belle pièce: 

1) J’ai été surprise au début par la manière de parler de Natalia, un peu à la façon de Delphine Seyrig. Mais réflexion faite, cela correspond à un reproche qui lui est adressé par un autre personnage, de laisser tomber les mots comme si elle les jetait.

2) J’ai été étonnée aussi par l’apparence de Vera, qui semble avoir 14 ans et non 17, et qui est habillée comme une petite-fille, alors qu’elle est amoureuse, puis se résigne à épouser un « vieux barbon » pour sortir de cette famille.

Encore un mot...

C’est un régal des yeux et de l’esprit, c’est une leçon d’histoire et un marivaudage triste, qui reste tout de même une comédie. On rit souvent, mais c’est souvent un rire grinçant.

Une phrase

Natalia: «  Véra, je ne me relèverai pas tant que tu ne m’auras pas pardonnée. Tu as de la peine, mais dis-toi que j’en ai bien autant que toi, non? Rappelle-toi, Véra…Puisque tu sais tout…La seule différence entre nous, c’est que  tu n’as aucun tort envers moi tandis que moi…
Véra: La seule différence! Non,Natalia Pétrovna, entre nous, il y a une autre différence..Si vous êtes bonne et douce aujourd’hui, c’est parce que vous vous sentez aimée. »

L'auteur

Ivan Tourguéniev, né en 1818 en Orel en Russie, grandit à la campagne, puis étudie à Moscou, Saint Petersbourg et Berlin. Contemporain de Dostoïevski  et Tolstoï, il est le plus occidentalisé d’entre eux. Il est l’auteur de plusieurs romans, « Roudine » en 1855, "Pères et Fils" en 1861 et « Fumées" en 1867. "Un mois à la campagne", pièce écrite en 1850, a été remaniée et censurée plusieurs fois. Elle aura un succès posthume en 1909. 

Tourguéniev termine sa vie en France, se lie d’amitié avec Flaubert, Zola et les Goncourt.

Il meurt à Bougival en 1883.

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