AVANT LA RETRAITE

Nous avons republié la semaine dernière une ancienne chronique sur cette pièce qui était de nouveau à l'affiche. Nous publions ici une nouvelle chronique après avoir revu le spectacle dans sa forme actuelle
De
THOMAS BERNHARD
Mise en scène
Alain Françon
Avec
Catherine Hiegel, Noémie Lvovsky et André Marcon
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

THEATRE DE LA PORTE SAINT MARTIN
16 bd Saint Martin
7501
Paris
01 42 08 00 32
Mardi au Vendredi 20h Samedi 20h30 Dimanche 16h jusqu’au 27 février 2022

Thème

Dans l’Allemagne de l’après guerre, un ancien officier SS devenu Président de tribunal et bientôt à la retraite vit confiné avec ses deux soeurs qui l’ont caché durant  dix ans. Dans la maison où nul ne pénètre, les soeurs se déchirent, se haïssent , subissent avec complaisance la tyrannie du frère jusqu’à l’inceste.

Chaque année le trio fête en secret l’anniversaire de la naissance d’Himmler.

Points forts

Thomas Bernhard, l’auteur est bien connu pour ses provocations sans limite. Il exècre et flagelle constamment la société allemande/autrichienne.  « Avant la retraite » est une critique violente et burlesque de la peste brune jusqu’à la nausée

Le spectateur est malmené entre rire et effroi dans ce huit clos familial explosif. Le décor sobre laisse toute la place à la souffrance et l’aveuglement des personnages partagés entre haine et amour, complaisance et méfiance, perversité et hypocrisie,  

La pièce se déroule sans entracte, unité de lieu, unité de temps.  La dernière scène surréaliste :  le frère, Rudolf, a revêtu son ancien uniforme et pérore devant Vera sa soeur amante en adoration et Clara, paralysée, hostile et mutique. Devant l’album de photos parcouru par les amants avec nostalgie reviennent les souvenirs, atroces et grotesques. Le mousseux coule à flot comme l’horreur

Un trio de comédiens qui fonctionne  bien : André Marcon passe avec aisance du juge rigide et borné au mégalomane criminel et orgiaque. Catherine Hiégel, âme damnée du trio, aussi méchante qu’exaltée ( mais pas toujours audible ). Noémie Lvovsky, murée dans la souffrance méprisante et le silence hostile, nous offre une présence bouleversante.

Encore un mot...

Derrière cette sinistre pochade s’ouvre une réflexion plus profonde sur la prison des liens, sur l’impossible absolution du criminel faussaire de la vérité, sur la lâcheté du silence, sur la souffrance narcissique.

Une phrase

« J’ai tué un homme mais j’y ai été forcé ».

L'auteur

Thomas Bernhard est  l’un des grands écrivains de langue allemande de la seconde partie du XXème siècle. Autrichien né en 1931, il fait de 1942 à 1944 des séjours dans un centre d’éducation puis dans un internat nazis où il est maltraité.

Dans toute son oeuvre, romans, nouvelles, pièces de théâtre, il prendra le contre-pied des tentatives de réhabilitation dune société bien-pensante qu’il juge surtout

hypocrite.

Mais tout n’est pas que férocité chez lui. C’est aussi un auteur subtil qui analyse la fragilité des âmes et les ressorts de la création artistique.

Commentaires

Marcel GELLER
lun 21/02/2022 - 11:06

Pièce vue le 20/02/2022
Malheureusement Catherine Hiégel, n'est presque pas audible )

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