Chinoiseries

Vif, décalé, loufoque et poétique
De
Evelyne de la Chenelière
Mise en scène
Nabil El Azan
Avec
Jean Claude Leguay & Christine Murillo
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Deux petits appartements se jouxtent. Côté cour, une femme seule, Madame Potée, se maquille. Il est vrai qu’elle veut ressembler à une chinoise et cela lui prend beaucoup de temps. Elle est habillée en chinoise. Elle chantonne des petits airs chinois… Elle a des petites manies. Elle sait bien que de l’autre côté du mur… mais comment l’aborder ! « Malgré notre bonne volonté, nous ne parvenons pas à nous rencontrer » ! Elle ne pense qu’à cela ! 

Côté jardin, un homme seul, Monsieur Chiton. Il est apparemment concerné par son aspect physique. Pendent à une barre, des vêtements multicolores qu’il va tout au long de la pièce, mettre et retirer… Comme personne ne l’étreint, il s’étreint lui-même ! C’est pour cela qu’il a les bras trop longs et donc qu’il ne trouve pas de vêtements avec des manches à sa taille… Il nous parle et va nous dire que personne ne le remarque -c’est son caractère-, surtout pas la voisine dont on sent qu’il ne peut détacher ses préoccupations. 

Monsieur Chiton a vécu avec sa vieille maman envahissante, jusqu’à il y a peu; elle vient de mourir, sa vieille maman. Prétexte pour Madame Potée de venir lui proposer ses services. Mais il n’ose pas ouvrir… « C’est avec l’entrée en matière que nous avons de la difficulté » ! Le décor est planté. Comment communiquer ?

Points forts

1 Deux comédiens remarquables "emmènent" cette tragi-comédie:

Christine Murillo, exquise dans ce personnage totalement inattendu, hilarant. 

Jean Claude Leguay n’a rien à lui envier. Aussi « taré » qu’elle, il réussit à nous entraîner dans ses fantasmes, ses rêves, aussi fous que sa vie est terriblement vide et étriquée… mais aussi sa poésie, tellement présente.

 Ils nous procurent l’un et l’autre beaucoup d’émotion.

2 L’auteur, Evelyne de La Chenelière a cette petite folie dans laquelle la création canadienne excelle. Son écriture est précise, vive, drôle, ludique, décalée, loufoque. Elle a l’art de nous faire rire pour ne pas pleurer devant tant de misère …

3 La psychologie des personnages, qui vont aller à l’extrême pour arriver à se rencontrer et à se créer un passé rêvé.

4 La mise en scène, aussi, est remarquable. Nabil El Hazan fait tout pour accentuer le trait, l’écriture. Il nous tient en haleine du début jusqu’à la fin.

5 Ne pas oublier la musique. Là également, excellent choix, qui force le trait. Que ce soit "In the mood for love" pour accompagner notre fausse chinoise, ou "Un homme et une femme" pour souligner la quête d’amour, ou la musique du film d'Hitchcock, "Psychose", pour les scènes de crime etc...Tout cela allège la gravité du propos.

Quelques réserves

Il faut aimer l’humour décalé!

Encore un mot...

Comment est-il possible que deux êtres, qui auraient dû s’aimer, puissent presque cohabiter en se croisant, en se frôlant, en se regardant, sans se rencontrer jamais? Il n’y a que lorsque l’un des deux est dans le coma et que la vie ne peut plus être partagée, que le lien s’établit, qu’une autre vie s’invente, que la poésie s’invite… Dommage non?

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